Aux Etats-Unis, une femme obsédée par la tuerie de Columbine sème l’inquiétude
Aux Etats-Unis, une femme obsédée par la tuerie de Columbine sème l’inquiétude
Le Monde.fr avec AFP
Des centaines d’établissements scolaires du Colorado ont été fermés en raison des menaces de Sol Pais. Originaire de Floride et âgée de 18 ans, elle s’est donné la mort.
Devant le lycée de Columbine à Littleton, Colorado, le 17 avril. / Joe Mahoney / AP
Il y a vingt ans, la fusillade de Colombine choquait les Etats-Unis. Ces derniers jours, la région du Colorado, où s’était déroulée la tuerie en 1999, s’est retrouvée sous la menace d’une jeune femme armée. Des centaines d’établissements scolaires de cet Etat de l’Ouest américain avaient même préféré fermer leurs portes.
En cause : Sol Pais, 18 ans, armée d’un fusil à pompes et de munitions. La jeune femme, au visage angulaire encadré de cheveux raides selon des photos diffusées par le FBI – la police fédérale –, avait acheté son arme peu après être arrivée lundi à Denver. Elle venait de Floride.
Les autorités ont lancé une vaste traque pour la localiser, une opération qui a tenu en haleine les habitants encore traumatisés par la tuerie du lycée Columbine, situé dans la banlieue de Denver.
Le 20 avril 1999, deux élèves de l’établissement, âgés de 17 et 18 ans et lourdement armés, avaient abattu en quelques minutes douze camarades et un professeur avant de se suicider dans la bibliothèque. Le bilan aurait été pire encore s’ils avaient réussi à faire détoner leurs bombes artisanales.
Thriller psychologique
Considérée « extrêmement dangereuse » par la police fédérale à ses trousses, Sol Pais avait développé une « fascination » pour ce massacre. Elle a finalement été retrouvée morte, mercredi 17 avril, mettant un terme à ce thriller psychologique, trois jours avant la date anniversaire.
La jeune femme est « décédée des suites d’une blessure due à un coup de feu apparemment tiré par elle-même », a déclaré Jeff Shrader, le shérif du comté de Jefferson, dans la banlieue de Denver. Il avait fait savoir plus tôt sur Twitter que la population n’était « plus en danger ».
L’agent du FBI Dean Phillips a confirmé la thèse du suicide, soulignant que Sol Pais n’était pas poursuivie par la police à ce moment-là. Les forces de l’ordre ont découvert son corps sans vie près du Mont Evans, un sommet de la chaîne des Rocheuses.
La télévision NBC a avancé que les autorités avaient trouvé un journal en ligne sur lequel elle parlait de suicide, d’armes à feu et d’un « plan » en cours d’élaboration. L’agent Phillips n’a pas confirmé cette information.
Régulièrement endeuillée
Le lycée Columbine avait été placé en état d’alerte dès mardi, ainsi qu’une vingtaine d’établissements du secteur, dont les élèves sont restés confinés plusieurs heures. « Les districts scolaires de l’aire métropolitaine seront fermés mercredi 17 avril en raison d’inquiétudes liées à la sécurité », avaient tweeté les services de l’éducation du Colorado.
Sol Pais « a exprimé une fascination vis-à-vis de Columbine » et a fait « des commentaires préoccupants par le passé », avait mis en garde le FBI mardi. La jeune femme avait été vue pour la dernière fois portant un t-shirt noir, un pantalon de camouflage et des bottes noires, dans le comté de Jefferson, avait tweeté le shérif Shrader.
La fusillade de Columbine a profondément marqué la société américaine, en raison du jeune âge des victimes et des tueurs, et de la violation du sanctuaire qu’est censé être une école. Cet événement tragique a inspiré le film de Gus Van Sant Elephant (2003) ou encore le documentaire Bowling for Columbine de Michael Moore (2002).
Depuis ce drame, l’Amérique est régulièrement endeuillée par des fusillades en milieu scolaire, comme celles de l’université de Virginia Tech dans l’Etat de Virginie en 2007 (32 morts), de l’école primaire Sandy Hook en 2012 dans le Connecticut (26 morts dont 20 très jeunes enfants), ou du lycée de Parkland en 2018 (17 morts).
Shannon Watts, militante anti-armes dont deux enfants ont été concernés par la fermeture des écoles du Colorado, s’est indignée sur Twitter du fait que les parents « d’un demi-million d’enfants » soient forcés d’expliquer à leur progéniture qu’ils ne peuvent se rendre à l’école « à cause de lois laxistes sur les armes ».
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