Immobilisation du Boeing 737 MAX : les compagnies américaines accusent le coût
Immobilisation du Boeing 737 MAX : les compagnies américaines accusent le coût
Le Monde.fr avec AFP
American Airlines et Southwest ont fait part de leurs difficultés après avoir été contraints d’annuler des milliers de vols et de réorganiser leurs services du fait de leurs avions cloués au sol depuis un mois.
Un Boeing 737 MAX 8 de la compagnie American Airlines, le 13 mars à New York. / Frank Franklin II / AP
Plus d’un mois après l’immobilisation du Boeing 737 MAX suite à deux crashs aériens, la facture commence à être salée pour les compagnies américaines, grosses clientes de cet avion. American Airlines et Southwest ont fait part, cette semaine, de leurs difficultés après avoir été contraints d’annuler des milliers de vols et de réorganiser leurs services du fait de leurs avions cloués au sol.
Dans la meilleure des hypothèses, cette crise inédite devrait coûter à American Airlines quelque 350 millions de dollars cette année, a fait savoir la compagnie. Cette dernière a en effet dû annuler 1 200 vols prévus sur ses vingt-quatre 737 MAX au premier trimestre pour un coût de 50 millions de dollars. Elle a déprogrammé tous les autres vols prévus jusqu’au 19 août, soit 115 vols par jour. Cela sera-t-il suffisant ? La compagnie a d’ores et déjà été forcée vendredi de revoir à la baisse ses ambitions financières pour 2019.
Bénéfice net en chute de 16 %
Du côté de Southwest, l’addition est toute aussi douloureuse pour cette compagnie qui exploite trente-quatre exemplaires du 737 MAX et attend une livraison de quarante-et-une unités supplémentaires cette année. L’entreprise a annulé plus de 10 000 vols au premier trimestre – un record depuis le troisième trimestre 2001 affecté par les attaques du 11-Septembre –, en raison non seulement du 737 MAX mais aussi d’un conflit social et des tempêtes dans certaines régions aux Etats-Unis. Résultat : le bénéfice net a chuté de 16 % à 387 millions de dollars. Le transporteur a suspendu en outre tous les vols programmés sur ses 737 MAX jusqu’au 5 août.
Au-delà des tracas financiers, les deux compagnies aériennes rencontrent d’autres désagréments. American Airlines a dû trouver en urgence des places à 700 000 passagers affectés par le MAX et changer les emplois du temps des personnels navigants à la dernière minute. « Nos équipes des services réservations et relations clients travaillent sans arrêt et sont obligées de faire des heures supplémentaires pour répondre aux besoins des passagers », a confié Doug Parker, PDG de American Airlines.
« Le quotidien est fait d’annulations ou retards de vols, de changements d’appareils, de modifications d’itinéraires, de volumes d’appels élevés dans nos centres d’appels, de coûts de logistique et de demandes liées à l’immobilisation du 737 MAX », a déploré Michael Van de Ven, le numéro 2 de Southwest. Southwest, qui anticipe une désaffection momentanée pour le 737 MAX, a commencé à effectuer des enquêtes de satisfaction auprès de ses clients et est en train de plancher sur une offensive marketing afin de rassurer le grand public sur la sécurité de l’avion.
Indemnisations de Boeing
Les deux compagnies ont pour autant réitéré leur confiance à Boeing, écartant toute idée de remplacer leurs 737 MAX par des Airbus. Boeing devrait d’ailleurs éponger ces ardoises, selon un grand nombre d’experts, qui anticipent des indemnisations à plusieurs milliards de dollars pour les compagnies affectées. « Ce sont des choses dont nous discuterons en privé avec Boeing », a confirmé Gary Kelly, PDG de Southwest.
Reste que les deux compagnies entendent bien faire entendre leur mécontentement. « Nous ne sommes pas contents de cette situation. Qui le serait ? », a fulminé cette semaine Gary Kelly. « Bien évidemment que nous ne sommes pas contents et personne ne l’est », a renchéri Doug Parker.
Les autorités de l’aviation civile à travers le monde ont cloué au sol mi-mars la flotte des 737 MAX après un accident d’un appareil de ce type, le 737 MAX 8, exploité par Ethiopian Airlines le 10 mars au sud-est d’Addis Abeba ayant fait 157 morts. Cet accident était survenu quelques mois seulement après celui de Lion Air ayant entraîné la mort de 189 personnes.
Le système anti-décrochage de l’avion, le MCAS, a été mis en cause dans les deux tragédies. Boeing travaille actuellement sur une mise à jour de ce logiciel, nécessaire avant une éventuelle levée de l’interdiction de vol.
L’Ethiopie endeuillée par le crash du Boeing 737
Durée : 03:09