A Auchan, les élus du comité central d’entreprise lancent un droit d’alerte économique
A Auchan, les élus du comité central d’entreprise lancent un droit d’alerte économique
Le Monde.fr avec AFP
Avec cette procédure, les élus souhaitent obtenir plus d’informations « sur les comptes, les grandes orientations stratégiques, la situation du groupe au niveau international », alors qu’Auchan est dans une situation économique « très difficile ».
En difficulté économique, le distributeur Auchan entre dans une zone de turbulence. Au lendemain de l’annonce du groupe de quitter l’Italie et le Vietnam et plusieurs jours après avoir annoncé la vente de 21 sites en France, les élus du comité central d’entreprise (CCE) ont voté, mercredi 15 mai, un droit d’alerte économique sur la situation d’Auchan et demandé une expertise.
Réunis en réunion extraordinaire mercredi à Marcq-en-Barœul (Nord), « les membres du CCE Auchan ont décidé à l’unanimité » de mettre en œuvre, parallèlement aux négociations du possible futur plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), « la procédure du droit d’alerte économique », ont indiqué, à l’AFP, FO, la CFDT, la CGT et la CFTC. Par ce dispositif, le comité d’entreprise « peut demander à l’employeur de lui fournir des explications », lorsqu’il a « connaissance de faits de nature à affecter de manière préoccupante la situation économique de l’entreprise », précise le code du travail.
« C’est inédit chez Auchan, ça veut vraiment dire que ça ne va pas bien… L’idée, c’est de réaliser une expertise au niveau du groupe, pour voir plus loin que ce que la direction peut nous montrer dans le cadre du PSE » et obtenir plus d’informations « sur les comptes, les grandes orientations stratégiques, la situation du groupe au niveau international », a expliqué à l’AFP Guy Laplatine, délégué syndical central CFDT.
Une situation économique « très difficile »
Confronté de son propre aveu à une situation économique « très difficile », Auchan France avait annoncé, le 30 avril, la prochaine mise en vente de 21 sites jugés insuffisamment rentables, concernant potentiellement 700 à 800 salariés. Et mardi, l’entreprise a annoncé la cession de la quasi-totalité de sa filiale Auchan Retail Italia au groupe transalpin coopératif de distribution Conad, pour un montant non dévoilé. Auchan Retail va également quitter avant l’été le Vietnam, un pays où il était le dernier distributeur occidental depuis le départ de Casino en 2016.
Or, selon FO, « entre 2013 et 2018, le groupe Auchan a réalisé un cumul de 2 706 millions d’euros de bénéfice net » et « obtenu un cumul de 522 millions d’euros au titre du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) ». Ainsi, « l’expertise économique prend tout son sens ». Par ailleurs, Guy Laplatine (CFDT) a demandé que « le PSE et les reclassements soient organisés à l’échelle du groupe Mulliez [détenteur d’Auchan], qu’ils puissent se faire sur d’autres enseignes du groupe comme Jules, Kiabi, Kiloutou (…) et pas seulement sur le Auchan du coin ou celui situé à 200 km ». « La galaxie Mulliez peut assurer des passerelles professionnelles pour reclasser le personnel ! Il faut qu’on arrête de raisonner “Auchan” et qu’on raisonne “galaxie Mulliez” », a renchéri Gérald Villeroy (CGT).