Jusqu’au bout, ils ont cru pouvoir démentir les sondages. Prouver que la famille Les Républicains (LR) pouvait incarner une force d’alternative, un parti capable, une fois reconstruit, de gouverner à nouveau. Finalement, c’est une vraie surprise, mais dans le mauvais sens, qu’a connue dimanche 26 maila formation présidée par Laurent Wauquiez : en dépit d’une campagne jugée dynamique par les observateurs, LR n’a réuni que… 8,3 % des voix. Une véritable bérézina pour le parti auquel les sondages accordaient plutôt 13 à 14 % d’intentions de vote avant le scrutin. « Ce n’est pas une remontada, c’est un toboggan… », glissait, effaré, un cadre, dimanche soir.

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Les salles de meetings remplies et le « ressenti favorable » qu’ont eu nombre d’élus sur le terrain n’auront finalement rien indiqué du véritable poids politique de LR. Idem pour l’adhésion soulevée par François-Xavier Bellamy, le jeune philosophe conservateur, tête de liste inattendue de LR qui n’aura rien changé à l’affaire.

Loin d’avoir remonté la pente après une élection présidentielle qui l’avait laissé exsangue malgré les 20 % de François Fillon au premier tour, le parti de droite apparaît aujourd’hui plus en danger que jamais. Certes il a réussi, lors de la dernière semaine de campagne, à afficher une unité de façade, réunissant à la tribune des ténors qui ne s’étaient pas affichés aux côtés de Laurent Wauquiez depuis longtemps, comme Valérie Pécresse ou Bruno Retailleau.

Le parti de droite doit « tout refonder »

Mais cette photo de famille interdira, glisse un élu, à Laurent Wauquiez de blâmer les divisions pour expliquer le mauvais score de dimanche. « Tout le monde a joué le jeu et s’est donné dans la campagne », remarque un cadre. Le patron de LR devra donc très probablement assumer seul la responsabilité du résultat. La stratégie choisie lors de la désignation de François-Xavier Bellamy, connu pour ses positions conservatrices, et qui impliquait, en partie, d’insister sur les questions « civilisationnelles » pour garder à soi les électeurs de François Fillon en 2017, n’aura donc pas suffi à sauver le parti. « Le discours de Laurent Wauquiez aura permis de sauver le socle, mais sans élargir », regrette un élu qui estime que la formation de droite « doit tout revoir ».

En premier lieu, la ligne politique droitière portée par le patron du parti. Beaucoup, au sein de la formation, craignaient que le chef de LR ne rétrécisse, par ses choix et ses discours, la maison LR à sa composante la plus dure. Après ce cuisant échec, ils reviendront sûrement demander des comptes à Laurent Wauquiez et souhaiteront que le parti prenne le temps de s’adresser à sa composante la plus centriste. « La droite doit désormais parler à l’électorat flottant qui est allé chez Macron et qu’on doit récupérer en parlant plus de questions économiques et sociales. Ce que nous n’avons pas fait jusqu’à présent », avertit un élu.

« Nous sommes à un carrefour, où nous faisons quelque chose ou nous disparaissons. Il faut que très vite, on puisse refonder et reconstruire », a prévenu Bruno Retailleau, sénateur de Vendée et patron du groupe LR au Sénat, dès dimanche soir sur le plateau de France 2.

D’autant que les municipales se profilent à grands pas. Avec un tel score, LR risque de faire fuir nombre de candidats tentés de concourir à cette élection sous une bannière indépendante, ou plus attrayante. Intervenant au siège du parti quelques minutes après la publication des résultats, Laurent Wauquiez a reconnu que la « reconstruction » était nécessaire, mais le dirigeant de LR veut encore espérer et se donner du temps politique : « Nous avons trois ans pour faire naître de l’espoir », a-t-il déclaré.