Présidentielle en Mauritanie : Amnesty demande aux candidats de s’engager pour les droits humains
Présidentielle en Mauritanie : Amnesty demande aux candidats de s’engager pour les droits humains
Le Monde.fr avec AFP
Six prétendants sont en lice pour l’élection au poste de chef de l’Etat, dont le premier tour de scrutin doit avoir lieu le 22 juin.
Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, candidat de l’Union pour la République (UPR), le parti au pouvoir, à Chinguetti, le 11 avril 2019. / CARMEN ABD ALI / AFP
Amnesty International et une trentaine d’ONG actives en Mauritanie ont appelé lundi 3 juin les six candidats à l’élection présidentielle du 22 juin à signer un manifeste contenant douze engagements en faveur des droits humains, et notamment de combattre l’esclavage et les violences faites aux femmes, à trois semaines du scrutin.
« Il faut que le prochain président mauritanien s’attaque de toute urgence à la situation déplorable du pays en matière de droits humains », ont déclaré dans un communiqué Amnesty International, le Forum des organisations nationales de droits humains (Fonadh) et trente et une organisations locales de défense des droits humains.
Six candidats, dont celui du parti au pouvoir, Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, compagnon de toujours du président Mohamed Ould Abdelaziz – dont le mandat s’achève en août et qui ne peut se représenter au terme de son second mandat –, sont en lice pour le premier tour de l’élection présidentielle.
Mettre fin aux « discriminations liées au genre »
Ce scrutin devrait marquer la première passation de pouvoir entre un président sortant et son successeur élu dans ce pays désertique d’Afrique de l’Ouest, qui a connu de nombreux coups d’Etat de 1978 à 2008 et où la charia est la source du droit. Dans leur communiqué, ces organisations appellent tous les candidats à « signer un manifeste contenant douze engagements en faveur de la promotion et de la protection des droits humains en Mauritanie ».
Le prochain président devra adopter « une position plus ferme à l’égard de l’esclavage, de la traite des êtres humains et des attaques contre le droit à la liberté d’expression, y compris les manœuvres d’intimidation et le harcèlement visant les défenseurs des droits humains qui dénoncent la discrimination », estime ces organisations.
Le troisième point du manifeste proposé à la signature des candidats stipule qu’une « loi pour lutter contre la violence faite aux femmes sera adoptée dès la première année du mandat », alors qu’une loi visant à mettre fin aux « discriminations liées au genre » a été rejetée par deux fois – en janvier 2017 et en décembre 2018 – par l’Assemblée nationale.
Aboli en 1981, l’esclavage persiste
Officiellement, l’esclavage a été aboli en 1981 en Mauritanie. Mais le phénomène persiste, selon des ONG, notamment sous la forme de cession gratuite par les descendants d’esclaves d’une partie de leur récolte à leurs maîtres traditionnels, de mariages forcés d’esclaves et même de ventes. En août 2015, la Mauritanie a adopté une nouvelle loi faisant de l’esclavage un « crime contre l’humanité », réprimé par des peines allant jusqu’à vingt ans de prison.
La population de ce pays de 4,5 millions d’habitants se compose de communautés arabo-berbères, haratines (descendants d’esclaves de maîtres arabo-berbères, dont ils partagent la culture) et afro-mauritaniennes, généralement de langue maternelle d’ethnies subsahariennes (Peuls, Soninké…). Jusqu’à 43 000 personnes en Mauritanie étaient encore réduites en esclavage en 2016, soit environ 1 % de la population totale, selon un rapport d’Amnesty International publié le 22 mars, citant des estimations d’organisations spécialisées.