Après des mois de négociations, le Parlement moldave a approuvé samedi la composition d’un gouvernement issu d’une alliance inédite entre le Parti socialiste du président prorusse Igor Dodon et l’alliance proeuropéenne ACUM de Maïa Sandu.

Ils se sont entendus pour nommer Maia Sandu, ancienne ministre de l’éducation et conseillère à la Banque mondiale, au poste de premier ministre. Cet accord vise à mettre fin à la crise politique en cours depuis les élections législatives de février, d’où aucune majorité claire n’a émergé et à éloigner du pouvoir Vlad Plahotniuc, oligarque accusé de longue date de tirer les ficelles de la politique moldave.

L’alliance de ces deux formations, dans un pays traditionnellement divisé entre les partisans d’une intégration européenne et ceux tournés vers la Russie, a immédiatement provoqué la fureur de Vlad Plahotniuc, dont le parti est la deuxième force parlementaire et qui a dénoncé un « coup d’Etat ».

La Cour constitutionnelle demande de nouvelles élections

Le Parlement a en outre adopté samedi une résolution comparant la Moldavie à un « Etat en captivité ». « Le régime de Plahotniuc est devenu le pire des maux auxquels la Moldavie a eu à faire dans son histoire moderne », dit cette déclaration lue par le nouveau ministre de l’intérieur Andreï Nastase, allié de Maïa Sandu.

« Les oligarques ont établi une dictature mue par la manipulation, la terreur, le mensonge et la désinformation. Le pays se vautre dans la corruption. Nous, les députés, (…) avons le devoir de rétablir la démocratie », poursuit le texte.

La formation de cette coalition va toutefois à l’encontre de l’avis de la Cour constitutionnelle, qui avait estimé vendredi que le Parlement devait être dissous et de nouvelles élections organisées en raison de l’impossibilité de former un gouvernement dans les trois mois suivant l’élection.

Petit pays de 3,3 millions d’habitants coincé entre l’Ukraine et la Roumanie, la Moldavie peine à sortir de crises politiques à répétition et est régulièrement touchée par des scandales politico-financiers, comme la découverte en 2016 qu’1 milliard de dollars, représentant 15 % du PIB moldave, avait disparu des caisses de trois banques du pays.