Lors de sa conférence du lundi 10 juin donnée à Los Angeles, en amont du salon E3 2019 (le plus gros rendez-vous annuel du jeu vidéo qui commence mardi), l’éditeur Ubisoft, poids lourd de l’industrie vidéoludique, a annoncé un partenariat d’un nouveau genre avec Google.

Il se concrétisera avec l’arrivée de jeux Ubisoft sur Stadia, le service de jeu en streaming du géant de l’Internet, qui sortira en novembre 2019. Des jeux jouables à distance, tournant sur les serveurs de Google, et retransmis par flux vidéo sur les écrans des joueurs (télévision, ordinateur, smartphone, tablette). Lors de sa présentation, le 6 juin, à quelques jours du début de l’E3, Google avait indiqué qu’une vingtaine d’éditeurs de jeux seraient présents sur Stadia à sa sortie. Et que les joueurs allaient pouvoir acheter, à l’unité, des jeux auxquels ils pourront jouer sur Stadia.

Un nouveau marché du jeu vidéo en gestation

L’annonce d’Ubisoft change la donne, et peut-être la nature de cette nouvelle interface de jeux proposée par Google. L’éditeur de jeux a clôturé sa conférence E3 2019 en présentant un service de jeu par abonnement, l’Uplay +. Pour environ 15 euros par mois à partir de septembre 2019, le joueur PC pourra jouer de manière illimitée une centaine de jeux Ubisoft, entre nouveautés et classiques : les licences Rayman, Assassin’s Creed, Steep, Watchdogs… en feront partie.

UPLAY + A PARTIR DU 3 SEPTEMBER 2019
Durée : 01:22

Cette offre, d’abord réservée aux joueurs PC, sera, à partir de 2020, disponible via la technologie de streaming de Google, Stadia. La présentation de l’éditeur à l’E3 n’a pas précisé quelles étaient exactement la nature et les modalités de ce partenariat avec Google, qui était représenté dans le public par Phil Harrison, le responsable de la division jeu vidéo du géant de l’Internet.

Pour les futurs acquéreurs de Stadia, en revanche, ce partenariat ouvre la voie à un accès illimité à une centaine de titres. Et à de nouvelles habitudes. A la question « plutôt PC ou console », les joueurs pourront vraisemblablement répondre : « plutôt cloud ». Le partenariat entre Ubisoft et Google semble en effet ouvrir la porte à un avenir débarrassé des intermédiaires que sont les machines (consoles ou PC), dans lesquels les joueurs pourraient directement s’abonner au catalogue de leurs éditeurs favoris. Google Stadia se chargeant « seulement » de faire parvenir le contenu au consommateur… en prélevant sans doute sa dîme au passage.

Un mode de consommation qui intéresse en tout cas aussi au plus haut point Microsoft qui, lors de sa conférence E3 2019 du 9 juin, a aussi annoncé pour octobre pour les premiers tests publics du xCloud sa propre technologie de « jeu en nuage » (cloud gaming) permettant de jouer sur tous types d’écrans sans console chez soi.

Futurs angoissants

Au-delà de ces annonces, Ubisoft a joué, en termes de jeux, la sécurité pour cet E3 2019. La conférence de l’éditeur n’a donné aucun signe de vie de Beyond Good & Evil 2, chantier pharaonique annoncé en fanfare il y a deux ans, et qui fait depuis profil bas en attendant d’avoir des choses concrètes à montrer.

Pas de Skull & Bones non plus, jeu de pirate dont le développement prend du temps. La seule annonce de jeu inattendue a été celle de Gods & Monsters, titre mystérieux dont on sait seulement qu’il est développé par l’équipe responsable d’Assassin’s Creed Odyssey et dont l’univers cartoon et mythologique tranche avec le reste de la production Ubisoft.

Car pour le reste, cette conférence E3 a été placée sous le signe des univers réalistes ou paramilitaires quelque peu anxiogènes. La star, qui a ouvert la conférence, a été Watch Dogs Legion, qui transporte les hackers d’Ubisoft dans un Londres post-Brexit angoissant. La particularité de cet épisode : on n’incarne pas un seul héros, mais une flopée de personnages, générés automatiquement, et qui concourent tous à lutter contre le pouvoir autoritaire en place. Watch Dogs Legion sortira le 6 mars 2020.

WATCH DOGS : LEGION - TRAILER D'ANNONCE E3 2019 [OFFICIEL] VF HD
Durée : 02:47

Tom Clancy : l’overdose

Ubisoft a également confirmé qu’il comptait miser à fond sur les univers techno futuristes et un brin complotistes de feu l’auteur Tom Clancy, en le déclinant à toutes les sauces. Tom Clancy’s Ghost Recon Breakpoint ? C’est pour le 4 octobre. Tom Clancy’s Rainbow Six Quarantine, qui semble évoquer l’ombre de Left 4 Dead ? 2020. Le jeu massivement multijoueur Tom Clancy’s The Division 2 ? Les joueurs auront du nouveau contenu régulièrement pendant les mois à venir, et, bientôt, un film sur Netflix.

Un dernier pour la route ? Que diriez-vous de Tom Clancy’s Elite Squad, un jeu mobile multijoueur permettant d’incarner certains des « personnages » les plus « charismatiques » des univers Tom Clancy, dont un membre du GIGN ? N’en jetez plus.

Au milieu de ce déluge d’armes à feu et de boucliers antiémeutes, la présence du jeu de danse Just Dance 2019, du jeu de roller derby Roller Champions, ou encore des délires médiévaux (!) du jeu de moto Trials Rising : Medieval Motor Mayhem ont offert quelques respirations bienvenues. A voir si tous ces titres tiendront leur promesse lors des démonstrations de ces jeux sur le stand Ubisoft de l’E3 2019.