L’exportation des farines et huiles de poisson menace la sécurité alimentaire des Africains
L’exportation des farines et huiles de poisson menace la sécurité alimentaire des Africains
Le Monde.fr avec AFP
Maghreb, Union européenne, Turquie, Chine… la majeure partie de la production halieutique est transformée pour fournir les industriels de l’élevage.
Pêcheurs sénégalais et mauritaniens après une pêche au large de Nouakchott, en janvier 2019. / SEYLLOU / AFP
Les farines et huiles de poisson produites en Afrique et exportées vers la Chine et l’Europe mettent en péril l’alimentation de millions d’Africains, a dénoncé, mercredi 19 juin, Greenpeace dans un rapport consacré à l’ouest du continent.
L’ONG de défense l’environnement affirme avoir recensé en 2019 « 50 unités productrices de farine et d’huile de poisson opérant principalement en Mauritanie, mais aussi plus récemment au Sénégal et en Gambie », selon un rapport présenté lors d’une conférence de presse à Dakar.
« Des centaines de milliers de tonnes de poissons sont transformées en farine ou en huile pour l’exportation au détriment d’environ 40 millions d’Africaines et d’Africains », a déclaré Ibrahima Cissé, responsable de la campagne Océans de Greenpeace Afrique, cité dans le rapport.
Ces farines et huiles de poisson servent à l’alimentation animale dans des fermes avicoles, piscicoles et porcines. « L’assiette des Africaines et des Africains doit passer avant les intérêts des élevages industriels », a ajouté M. Cissé.
« Nourrir les familles les plus démunies »
Greenpeace « demande aux gouvernements des pays d’Afrique de l’Ouest de mettre fin à l’industrie de la farine et de l’huile de poisson, une véritable menace pour les réserves halieutiques de la région », qui sont « essentielles à la sécurité alimentaire des populations locales », parmi les plus pauvres au monde.
A titre d’exemple, elle estime que le poisson représente environ 70 % des apports en protéines animales au Sénégal et plus de 50 % en Gambie.
« Les produits de la pêche qui bénéficiaient aux pêcheurs artisans et aux femmes transformatrices » et « permettaient de nourrir les familles les plus démunies, sont désormais exportés pour alimenter des exploitations d’animaux d’élevage », a déploré M. Cissé.
Les principales espèces menacées par ces industries sont les petits poissons, dont les sardinelles, très consommées dans la région.
En 2018, la Mauritanie a exporté « une majeure partie » de sa production de farine et d’huile de poisson « vers la Chine, l’Union européenne (UE), la Turquie et le Vietnam », selon le rapport.
Pour cette production, le Sénégal s’est tourné vers « d’autres pays africains et l’UE », alors que la production de la Gambie était essentiellement destinée à « la Tunisie et à l’UE », selon Greenpeace.