Ce qu’il faut savoir sur « Harry Potter : Wizards Unite », le nouveau jeu des créateurs de « Pokémon Go »
Ce qu’il faut savoir sur « Harry Potter : Wizards Unite », le nouveau jeu des créateurs de « Pokémon Go »
Par William Audureau, Corentin Lamy
L’entreprise américaine Niantic sort sa production en réalité augmentée vendredi aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, avant qu’elle ne débarque en France.
Goléise a beaucoup changé. / Warner Bros.
C’est la rencontre entre deux phénomènes. Le concept de Pokémon Go, qui avait été le tube de l’été 2016 avec son concept de créatures virtuelles à chasser dans le monde réel, smartphone à l’appui. Et l’univers fantastique de J. K. Rowling, « Harry Potter » et plus de 500 millions de livres vendus, enrichis depuis 2016 d’une série cinématographique dérivée, Les Animaux fantastiques.
Qu’est-ce que c’est ?
Sans surprise, Harry Potter : Wizards Unite reprend dans les grandes lignes le principe de Pokémon Go et d’Ingress avant lui. Il faut dire que le scénario s’y prête.
Le jeu se déroule ainsi à notre époque, à la frontière entre notre monde et le monde des sorciers (le Wizarding World) inventé par l’écrivaine britannique pour les séries de romans et de films Harry Potter et Les Animaux fantastiques. Une frontière qui, par la faute d’une terrible Calamité, se retrouve brouillée.
Harry Potter : Wizards Unite - Appel à tous les sorciers !
Durée : 01:06
Il faut ainsi accepter qu’à cause de cette nébuleuse Calamité des apparitions plus ou moins amicales, des monstres ainsi que des bâtiments magiques ont déferlé dans notre réalité. Invisibles pour le commun des mortels, ils se révèlent avec l’interface du jeu, qui superpose la carte de ce monde magique à celle de l’endroit où vous vous trouvez, qu’il s’agisse de Paris, Villetaneuse ou Kergrist-Moëlou.
Dans la peau d’une recrue du Groupe d’intervention du code du secret magique, à vous de mettre vos chaussures de marche, d’enfiler votre parka et de vous saisir de votre smartphone pour aller explorer votre voisinage à la recherche des traces de ces passages entre les dimensions.
Quelles sont les différences avec « Pokémon Go » ?
Plus question de capturer des bestioles pour compléter son Pokédex. Ou, en tout cas, plus seulement. Désormais, ce sont à des « traces », des sortes de visions, qu’est confronté le joueur. Il revivra ainsi des scènes tirées des œuvres originales, découvrant là un détraqueur tentant d’aspirer l’âme d’un jeune Harry, ici le gigantesque Hagrid empêtré dans des ronces. Autant de petites épreuves qui donneront droit, à force, à des « stickers » qu’on pourra ensuite coller dans des livres de souvenirs. On y trouvera aussi des « mystères », des petits bouts d’histoire venant enrichir l’univers de Harry Potter.
Les affrontements donnent, par ailleurs, lieu à des combats exigeant du doigté, voire un peu de stratégie. Le doigté, d’abord : plutôt que de simplement tapoter son écran comme dans Pokémon Go, Harry Potter : Wizards Unite exige du joueur qu’il reproduise à l’écran, et en un temps limité, des glyphes qui déclenchent autant de sorts. Ainsi, une ligne diagonale tracée vers un des coins supérieurs de l’écran déclenchera un Protego, un sort de protection, tandis que dessiner un éclair lancera un sort offensif.
Surtout, comme dans un jeu de rôle, le joueur va devoir anticiper ses combats, en préparant des potions notamment, mais aussi en apprenant de nouvelles compétences. Celles-ci peuvent être actives (comme un nouveau sort de soin, à lancer pour guérir un allié) ou passive, à l’image de celles qui améliorent les dégâts de tel ou tel sort.
Enfin, autre différence majeure avec Pokémon Go : la disparition des Arènes, qu’il était possible de capturer et de défendre contre les assauts d’autres joueurs. Comme son nom l’indique en anglais (« Les sorciers s’unissent »), Harry Potter : Wizards Unite met en avant la coopération plutôt que la compétition.
Quand sort-il en France ?
Ce fut la question récurrente du début d’été 2016 pour Pokémon Go. A l’époque, Niantic avait été pris de court par l’engouement suscité par son jeu, et ses serveurs pris d’assaut. Résultat, pour maintenir une expérience fonctionnelle, la sortie du jeu avait été égrenée tout au long du mois de juillet, pays par pays.
La France avait été l’un des derniers pays servis (24 juillet, contre 5 juillet pour l’Australie et le Royaume-Uni). Son lancement, initialement fixé à la mi-juillet, avait été reporté pour des raisons exceptionnelles, après l’attentat de Nice, qui a fait 86 morts, le soir du 14 juillet, « en signe de respect envers le peuple français en cette période de deuil national », avait expliqué l’entreprise.
Cette fois, le contexte est différent. Fort de l’expérience de Pokémon Go, Niantic ne devrait pas faire face à des surcharges de serveur comme à l’époque. Pour l’instant, aucune date n’a été communiquée, mais une sortie avant la fin juin est probable.
A quel succès s’attendre ?
Pokémon Go a été – et demeure – l’un des plus grands succès de l’histoire du jeu vidéo, avec 800 millions de téléchargements. Selon App Annie, l’application avait généré près d’un milliard de dollars (environ 880 millions d’euros) de revenus en 2016. En 2018, selon Sensor Tower, malgré un nombre d’utilisateurs quotidiens moins important, elle continuait de rapporter 2,5 millions de dollars par jour en moyenne.
Dans les médias, la sortie de Harry Potter : Wizards Unite est suivie avec une certaine vigilance, d’autant que la licence de Warner Bros. jouit d’une énorme notoriété. Gare, toutefois, à l’effet d’emballement. Pour l’instant, les volumes de requêtes sur Google demeurent faibles comparés à ceux de Pokémon Go à l’époque. Celui-ci reste, d’ailleurs, plus recherché que son successeur sur l’ensemble du mois de juin.
Il ne s’agit toutefois que d’un instantané. Le jeu en est seulement au début de sa carrière et son éditeur, Warner Bros., le vend déjà comme un « forever game », un jeu qui ne s’arrêtera jamais et qui devrait se voir régulièrement enrichi en contenu. Seule certitude : le chef de produit qui a osé ce concept machiavélo-marketing est probablement un Serpentard.