En pleine polémique sur le traitement des enfants migrants, le chef de la police aux frontières américaine démissionne
En pleine polémique sur le traitement des enfants migrants, le chef de la police aux frontières américaine démissionne
Le Monde.fr avec AFP
Son départ intervient quelques jours après la publication d’un rapport sévère sur la situation de 250 mineurs isolés détenus dans le centre de Clint, près d’El Paso, au Texas.
John Sanders, à gauche, avait remplacé en avril Kevin McAleenan, promu par le président Donald Trump à la tête du ministère de la sécurité intérieure (dont dépend le CBP) pour tenter de régler la crise à la frontière sud des Etats-Unis. / J. Scott Applewhite / AP
En pleine polémique sur les conditions de détention de mineurs dans l’un de ses centres, le chef par intérim de la police américaine aux frontières (Customs and Border Protection ou CBP), John Sanders, a présenté sa démission, mardi 25 juin.
Le site d’informations Axios a publié un message diffusé lundi aux agents du service, dans lequel M. Sanders indique qu’il quittera ses fonctions le 5 juillet.
Son départ intervient quelques jours après la publication par Human Rights Watch d’un rapport sévère sur la situation de 250 mineurs isolés détenus dans le centre de Clint, près d’El Paso. L’ONG a notamment dénoncé le manque d’hygiène et de sécurité dans ce centre surpeuplé où les enfants sont détenus depuis plusieurs semaines, ne se lavent pas régulièrement et dorment à même le sol.
Polémique sur les conditions de détention
Lors d’une audition le 18 juin à San Francisco, l’avocate du gouvernement avait justifié l’absence de savon et de brosses à dents, estimant qu’ils ne faisaient pas partie des conditions de détention « sûre et saine » prévues par la loi pour les mineurs non accompagnés. Ces explications ont provoqué un tollé. D’anciens otages américains de pirates somaliens ou de talibans afghans ont assuré sur Twitter que même leurs geôliers leur avaient fourni de quoi se laver. L’élue démocrate Alexandria Ocasio-Cortez a comparé la semaine dernière ces centres de détention à des « camps de concentration » gérés par une administration « fasciste ».
Le ministère de la santé (Health and Human Services ou HHS) a annoncé lundi avoir trouvé des places dans ses centres d’accueil pour la plupart de ces enfants. Mais selon le New York Times, une centaine de mineurs étaient de nouveau placés mardi en détention dans le centre de Clint, désormais désengorgé.
Un enfant sorti d’un centre d’accueil du CBP se repose à même le sol dans un centre tenu par l’Eglise catholique à Laredo, au Texas. / CARLOS JASSO / REUTERS
M. Sanders avait remplacé en avril Kevin McAleenan, promu par le président Donald Trump à la tête du ministère de la sécurité intérieure (dont dépend le CBP) pour tenter de régler la crise à la frontière sud des Etats-Unis, que des milliers de clandestins traversent chaque jour. M. McAleenan remplaçait Kirstjen Nielsen, qui était régulièrement critiquée par la Maison Blanche pour son laxisme, et a été limogée par Donald Trump, ainsi qu’une demi-douzaine des responsables de l’immigration.
Le CBP est en première ligne pour arrêter les migrants mais ses centres de détention sont surpeuplés. Les policiers remettent régulièrement en liberté les clandestins après que ceux-ci ont déposé une demande d’asile. Les mineurs doivent être théoriquement placés dans des centres du HHS, mais le ministère met en cause des solutions d’hébergement insuffisantes.
144 000 migrants arrêtés en mai à la frontière sud
Plus de 144 000 migrants ont été arrêtés à la frontière sud des Etats-Unis en mai, en hausse de 32 % par rapport au mois d’avril, ont annoncé mercredi les garde-frontières américains. Parmi eux, plus de 57 000 étaient des mineurs, dont près de 12 000 voyageant seuls, ont précisé les autorités. « Nous sommes en urgence absolue, le système ne fonctionne plus », avait déclaré à la presse John Sanders, début juin.
La grande majorité des migrants viennent désormais du Honduras, du Salvador et du Guatemala, pays parmi les plus pauvres et les plus violents du continent / JOHN MOORE / AFP
Après l’entrée en fonction de Donald Trump en janvier 2017, les arrestations à la frontière étaient inférieures à 20 000 par mois. Elles ont connu depuis une hausse constante, dépassant 100 000 en mars et avril.
La grande majorité des migrants viennent désormais du Honduras, du Salvador et du Guatemala, pays parmi les plus pauvres et les plus violents du continent, et déposent une demande d’asile à leur arrivée.