On a testé… « Crash Team Racing : Nitro Fueled », une cure de jouvence réussie
On a testé… « Crash Team Racing : Nitro Fueled », une cure de jouvence réussie
Par William Audureau
Vingt ans après sa sortie, le principal jeu vidéo de kart de la PlayStation se positionne en alternative modernisée et crédible à la référence « Mario Kart 8 Deluxe ».
Coco et Crash Bandicoot font de la gymnastique suédoise sur kart. / Activision
A force de remasters, de rééditions et de remakes, on en perdrait son latin. Le retour des aventures motorisées de Crash, le marsupial le plus emblématique des années PlayStation, ne fera que confirmer cette vérité-là : dans le monde du jeu vidéo, la nostalgie s’acoquine volontiers avec les toutes dernières évolutions technologiques.
Crash Team Racing : Nitro-Fueled est sorti le 21 juin sur PlayStation 4, Switch et Xbox One. Dès la première course, il donne le ton : ses pistes aux formes de cartoons regorgent de vie et de détails, les personnages gigotent et commentent l’action avec entrain, tandis que les couleurs chavirées et les paysages exotiques lui donnent un air de parc d’attraction en images de synthèse. Outre l’excellentissime Mario Kart 8 Deluxe, aucun autre jeu de course n’avait autant donné l’impression de prendre part à un film d’animation.
Crash Team Racing Nitro-Fueled | Bande-annonce de lancement | PS4
Durée : 01:09
La modernité s’affiche également dans des toutes nouvelles fonctions en ligne, comme la possibilité de courses online, des défis quotidiens et hebdomadaires (méthodes de fidélisation inexistantes du temps de la PlayStation), ou encore la mise à jour régulière du jeu, avec l’ajout de nouveaux personnages et circuits.
Et alors que Nintendo n’alimente plus Mario Kart 8 en nouveau contenu depuis la parution de Mario Kart 8 Deluxe sur Switch, Crash Team Racing prend la pole position des jeux de course les plus animés du moment. Depuis le 3 juillet, une extension payante permet de télécharger le dragon Spyro et de nouveaux circuits. Bien d’autres suivront, donnant paradoxalement à cette resucée d’une production de 1999 le bouillonnement d’un jeu service de 2019. Avec, aussi, les désagréments de notre temps, comme ces tartines de pages de contrat d’utilisation (78 !) à accepter au lancement.
Le plaisir de la modernité : signer environ 70 pages de contrat juridique sur sa console pour avoir le droit de mettre des petites fleurs sur son kart. / Activision
Nostalgie pour la génération PlayStation
Pourtant, c’est bien à une réédition que l’on a affaire. Hors extensions, le contenu du jeu est une copie carbone de l’original, sorti en 1999, en plein âge de la série de jeux de plateforme Crash Bandicoot. Inspirés par les Donkey Kong Country de la Super Nintendo, mais en 3D, ces jeux étaient rapidement imposés dans la stratégie de Sony comme l’argument commercial à opposer à Nintendo, et avaient marqué la génération ayant fait ses premières armes avec la PlayStation première du nom.
Vingt ans plus tard, celle-ci en sera quitte pour son coup de nostalgie : derrière le vernis de ses nouvelles voix et animations, le jeu est resté exactement le même. Pura l’adorable bébé tigresse, Ripper Roo le kangourou fou ou encore Dingodile le menaçant dingo à queue de crocodile… tous sont à nouveau dans la course.
Le mode de jeu principal n’a pas bougé, avec une dépaysante aventure à travers cinq zones géographiques contrastées dont les accès ne s’ouvrent que progressivement, trophée après trophée. Entre deux régions, on emprunte des couloirs à 90°, vestiges d’un temps où il fallait jouer avec les limites des capacités d’affichage de la console.
Selon certains anthropologues, les Incas ne se déplaçaient à Cuzco qu’en 50 cm3, et la mairie socialiste avait imposé le port du masque-totem. / Activision
Toutes les courses sont identiques, presque à l’angle de virage de près. Ne s’y ajoutent que les pistes de Crash Nitro Kart, sorti en 2003. La reposante crique Crash et son navire échoué sur une large plage, les fameux circuits égouts aux canalisations convexes ou encore le démoniaque château Cortex et ses angles à 90° sont tous de la partie. Certains font irrépressiblement penser à leurs homologues dans la série Mario Kart.
C’est d’ailleurs l’agréable surprise de ce Crash Team Racing version 2019 : ce jeu de course, profondément ancré dans la mémoire des joueurs PlayStation, reste une alternative de très bonne qualité face à l’inévitable référence de Nintendo. Certes, ses armes, bonus et personnages sont moins nombreux, les courses un peu moins folles et agitées. Mais le pilotage est plus gratifiant, avec son système de boosts qui, en s’enchaînant, pousse le joueur chevronné vers des pointes de vitesse que rien ne laisserait d’abord suspecter. Pas mal, pour un vieux jeune.
En bref
On a aimé :
- Une alternative de qualité à Mario Kart 8 Deluxe ;
- Un univers exotique vivant et entraînant ;
- Un plaisir pour les yeux, notamment sur PlayStation 4 et Xbox One ;
- Le contenu qui évolue après la sortie.
On n’a pas aimé
- Quelques circuits très convenus ;
- Une réalisation technique et un temps de chargement pénibles sur Switch ;
- On ne peut pas jouer Luigi.
C’est plutôt pour vous si…
- Vous avez grandi avec Spyro, Crash Bandicoot (ou les Skylanders) ;
- Vous jouez surtout sur PlayStation 4 ou Xbox One ;
- Au bout de 300 heures sur Mario Kart 8 Deluxe, vous aimeriez un peu de nouveau ;
- Votre oncle était chef de produit Master System, depuis, votre famille hait Mario.
Ce n’est pas pour vous si…
- Vous êtes ceinture noire de dérapage à Mario Kart…
- … et vous vous voyez mal recommencer au niveau ceinture blanche à Crash.
La note de Pixels :
Boost de vieux Bandicoot aux dents longues qui saute au-dessus de la banane d’un plombier moustachu qui rêvasse au volant/10