Le nouveau musée de la Libération finalise sa scénographie
Le nouveau musée de la Libération finalise sa scénographie
Par Marion Bellal
Déménagé de Montparnasse à la place Denfert-Rochereau à Paris, l’établissement ouvrira ses portes au public le 25 août.
Le musée de la Libération, place Denfer-Rochereau à Paris. / Pierre ANTOINE / ©Pierre ANTOINE
Sur la place Denfert-Rochereau, dans le 14ème arrondissement de Paris, les touristes zigzaguent entre les travaux. En face de l’entrée des Catacombes s’installe le nouveau musée de la Libération de Paris - musée du général Leclerc - musée Jean Moulin. Jusqu’à présent sis sur la dalle de la gare Montparnasse, il va s’installer dans les pavillons de l’architecte Claude-Nicolas Ledoux, érigés au dessus de l’abri de défense passive du colonel Rol-Tanguy. Pensé à l’origine pour assurer des services administratifs malgré les bombardements, il n’avait été utilisés que par le colonel qui y installa son poste de commandement le 20 août 1944, dès le début de l’insurrection parisienne contre l’occupation allemande.
Ce déménagement du musée résulte d’une volonté d’Anne Hidalgo. En 2013, alors qu’elle est première adjointe au maire, elle rencontre Cécile Rol-Tanguy, épouse du colonel et secrétaire du poste de commandement. C’est elle qui rédige l’appel à l’insurrection des Parisiens. Lors de cette entrevue, elle réclame une meilleure visibilité du musée de la Libération de Paris, que lui promet la future maire.
Après deux ans de travaux, il ne reste que des finitions à apporter avant son ouverture, le 25 août, date du 75ème anniversaire de la Libération de Paris. Quelques vitrines d’exposition sont encore vides, les écrans ne fonctionnent pas encore et l’odeur de peinture fraîche embaume l’espace. Mais déjà, on imagine la misère des Parisiens en 1940 en découvrant une chaussure d’enfants à semelle en bois, faute de cuir dans la capitale, la joie d’une Parisienne qui avait cousu une robe aux couleurs de la Libération dans l’espoir de son imminence ou la prestance du général De Gaulle à travers sa silhouette dessinée par sa vareuse et sa canne.
« Des bouts d’histoire »
Le musée retrace cette période en dix étapes, de la contextualisation de l’avant-guerre, jusqu’à la Libération de la capitale, en passant par le ralliement de l’Afrique équatoriale. Pour Sylvie Zaidman, directrice du musée, la question n’est seulement de raviver la mémoire : « Il n’y aura bientôt plus d’anciens résistants mais ils nous laissent des témoignages, des bouts de leur histoire inestimables. Nous devons faire en sorte que chacun comprenne que c’est notre histoire ». L’objectif du musée est de raconter la grande Histoire à travers celle des individus, de leurs objets, de leurs lettres, et du parcours des deux résistants, Jean Moulin et Philippe de Hauteclocque, devenu général Leclerc. « Deux personnes qui ne se sont jamais rencontrées, qui avaient des visions du monde, de la France et de la liberté radicalement différentes, explique Sylvie Zaidman, mais entre le 16 et le 18 juin, ils ont eu la même fibre patriotique et ont choisi de se battre jusqu’à la mort pour la liberté ».
L’intérieur du musée. / Pierre ANTOINE / ©Pierre ANTOINE
Pour illustrer leurs parcours, le musée varie les approches : un dispositif, au sol, documente l’exode de Jean Moulin et l’asservissement de la France par l’armée allemande ; en fin de parcours, une imbrication d’écrans et de plaques métalliques réfléchissantes, sous des luminaires tricolores, recrée d’un côté l’ambiance de la Libération de Paris avec un montage du défilé du 26 août 1944 sur les Champs Elysées, de l’autre l’envers du décor, les représailles et les mutilations.
Pour ceux qui sont prêts à descendre vingt mètres sous terre, la visite s’achève sur la découverte de l’abri de défense passive du colonel Rol. En bas des cent marches, un cyclo-pédaleur permettait de générer de l’électricité ou d’évacuer des fumées. Un montage sonore est diffusé dans les pièces dénudées afin de recréer l’ambiance de l’époque. Le lieu était occupé par des squatteurs avant que le musée ne s’y installe et quelques graffitis tel le mot « punk » écrit à la craie, ont été laissés : « Cela fait aussi partie de l’histoire de ce lieu », selon la directrice du musée.
Sur réservation, il sera possible de descendre dans ce sous-sol si particulier avec des lunettes à réalité mixte pour découvrir à quoi il ressemblait exactement en 1944. La direction espère que le déménagement fera grimper le nombre de visiteurs de 15 000 par an environ à Montparnasse à 50 voire 80 000.
Musée de la Libération de Paris -Musée du général Leclerc- Musée jean Moulin, place Denfert-Rochereau, Paris 14 è. Entrée libre. Ouverture le 25 août. : www.museesleclercmoulin.paris.fr