On a testé… « Uncharted 4: A Thief’s End », la superproduction crépusculaire du jeu vidéo
On a testé… « Uncharted 4: A Thief’s End », la superproduction crépusculaire du jeu vidéo
Par Daniel Andreyev
Le dernier épisode des aventures de Nathan Drake propose une promenade épique.
« Uncharted 4: A Thief’s End » sort le 10 mai sur PlayStation4. | Naughty Dog
Nathan, chasseur de trésor et vandale notoire, reçoit la visite de son frère, que tout le monde croyait mort dans une prison au Panama. En vérité, il propose à Nate de le suivre dans son nouveau coup, aussi fumeux que foireux : partir à la recherche du trésor du pirate Henry Avery. Comme dans tout Uncharted, on sait que ça va finir en explosion, avec un héros accroché à une corniche par une main, et les pieds dans le vide. Pour n’importe qui, ça peut paraître exceptionnel, mais pour Nathan Drake, c’est un jeudi comme les autres.
L’aventure d’Uncharted 4, qui sort mardi 10 mai sur PlayStation4, commence très doucement, presque maladroitement. Indiana Jones à la retraite, notre héros reprend du service après de longs retours en arrière. Puis, sans qu’on comprenne trop pourquoi, tout s’accélère. Les poursuivants deviennent les poursuivis, et très vite tout le monde veut tuer Nathan. Uncharted donne toujours ce sentiment de course audacieuse sur un cheval lancé au galop, parfois si rapide qu’on ne prend pas le temps de réfléchir à ce qu’il fait ni où il va.
C’est la superproduction hollywoodienne à l’état pur, un flot quasi ininterrompu de délires cinéphiles, tous méthodiquement agencés. Chaque scène est un dilemme entre des ambitions de cinéma, et la volonté d’être tout de même un jeu. Uncharted a les acteurs, le sens du spectacle et la personnalité attachante et un peu canaille de son héros. On a du mal à détester Nathan Drake, pourtant véritable criminel culturel qui a détruit plusieurs ruines antiques. A force de se retenir avant de tomber, il est devenu le Harrison Ford à jamais jeune que les jeux vidéo méritent d’avoir.
Héros blasé
Mais il y a comme un changement de ton sensible dans Uncharted 4. Nathan est plus vieux, plus marié, plus blasé, et, disons-le franchement, plus ennuyeux. Quand il arrive enfin devant un lieu légendaire magnifique, il glisse à son frère émerveillé que « ce n’est pas la première cité perdue » qu’il découvre. Sur la jaquette du jeu, il regarde ses pieds avec tristesse. La volonté d’en faire un héros dans sa phase descendante semble conforme à la direction prise par Naughty Dog.
Repris en main par l’équipe de The Last of Us, sans Amy Hennig, sa créatrice, qui avait donné le ton juste des premiers Uncharted, Nathan Drake a changé. Il a des angoisses de quadragénaire qui envoie un grappin dès qu’il le peut pour se balancer dans le vide. C’est probablement la plus grosse nouveauté du jeu : le plaisir de traverser les lignes ennemies comme Tarzan avec un AK-47 en lâchant « Zut ! Zut ! Zut ! ».
Si Nate a changé, Uncharted n’a pas varié sa formule d’un iota . C’est le croisement étrange entre Jules Verne, Indiana Jones, Tintin et Call of Duty. La série compte sur l’émerveillement constant du joueur. C’est une escalade, au sens propre comme au figuré. Chaque épisode essaie de dépasser le précédent, de poser des montagnes encore plus hautes à gravir pour aboutir à de superbes décors. C’est le money shot d’un Uncharted. Quand on y est, on se dit qu’on a fait la meilleure chose du monde. Malheureusement, tout a une fin et on est vite rattrapé par les mercenaires adverses qui se ruent à vingt pour vous réduire en charpie. Les combats robotiques ne sont pas à la hauteur du reste.
Escapade malgache
Le pic du jeu est atteint au milieu de l’aventure, dans un niveau qui se déroule à Madagascar et a déjà été dévoilé lors d’avant-premières : une des meilleures courses-poursuites jamais proposées, jeux vidéo et films confondus. Au cours de cette escapade malgache, Drake et sa bande se baladent en Jeep de ruine en ruine à la découverte d’indices, car le trésor n’est jamais loin, caché par une myriade de puzzles absurdes. Mais dans un jeu où chaque mauvais pas signifie la mort, c’est une prise de liberté jouissive. Trois gars dans une bagnole, des paysages extraordinaires et une simililiberté de mouvement.
UNCHARTED 4: A Thief’s End - E3 2015 Press Conference Demo | PS4
Durée : 07:32
La réalisation d’Uncharted 4 est sans faille, un mélange de savoir-faire et de finition qui dépasse toutes les ambitions. Mais ce qui fonctionne le plus, ce sont finalement les moments où ces aventuriers prennent le temps d’être un peu humains, sans exterminer le camp ennemi.
Souvent imité, toujours aussi linéaire, Uncharted reste le meilleur jeu d’action de corniches de l’histoire du jeu vidéo. Les autres sont encore loin, très loin. Son envie d’incarner la superproduction de l’été parfait trahit sa passion cinéphile à chaque mouvement de caméra, à chaque vanne de Nate Drake. Aventure type de la génération HD, Uncharted 4 est aussi jouissif, routinier et gentiment vain qu’un film Marvel dont il finit par avoir le même ton. Son titre crépusculaire, A Thief’s End, sous-entend que le studio veut tourner la page. Comme s’il fallait passer à quelque chose de plus profond et grave, comme The Last of Us. Alors quoi ? fini, Uncharted ? Tout le monde sait qu’une fin n’est jamais définitive au cinéma, qu’on n’est pas considéré comme mort tant qu’on a pas retrouvé le corps.
L’avis de Pixels
On a aimé :
la beauté des décors ;
les courses-poursuites absurdes ;
les meilleures corniches du jeu vidéo ;
les niveaux à Madagascar !
le jeu AAA par excellence.
On a moins aimé :
un Uncharted moins drôle que les précédents ;
les combats ennuyeux ;
le jeu est toujours aussi écrit.
C’est plutôt pour vous si…
vous voulez passer un moment pop-corn avec vos amis ;
vous aimez la randonnée et l’escalade ;
vous aimez les pirates.
Ce n’est pas pour vous si…
les jeux très linéaires avec des corniches bien lumineuses et visibles vous ennuient ;
- vous détestez les pirates.
La note de Pixels : Indiana Jones 4 sur Uncharted 5