Dans dix-huit mois, ce centre entièrement démontable et remontable devra s’installer ailleurs, pour laisser place aux travaux de construction du campus Condorcet. | CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AP

De 220 lits occupés, mercredi, le taux de remplissage est désormais passé à près de 400, son maximum, vendredi 18 novembre. Après la publication de notre article sur le centre d’accueil de première urgence pour les migrants, à Paris, dans lequel nous faisions état d’une mauvaise organisation et d’une occupation en deçà des besoins réels, la préfecture d’Ile-de-France a souhaité nous communiquer les derniers chiffres sur ce lieu, ouvert le 10 novembre boulevard Ney (18e arrondissement de Paris).

Depuis cette date, 800 personnes auraient été accueillies et 529, hébergées. Ce centre est exclusivement destiné aux hommes seuls arrivés récemment. Les familles, les femmes et les mineurs sont accueillis, mais orientés ailleurs. D’une capacité de 400 places, il était, toujours selon la préfecture, quasiment plein dans la nuit de jeudi à vendredi : 399 lits occupés. Lieu de transit, ce point de chute n’est pas censé abriter les exilés plus de 5 à 10 jours. Son bon fonctionnement dépend donc de la gestion des arrivées et des sorties. Ainsi, 187 migrants auraient déjà été réorientés vers des lieux d’hébergement plus pérennes : 144 dans des centres d’accueil et d’orientation (CAO) en province et 43 dans des centres d’hébergements d’urgence (CHU) de la région Ile-de-France.

Une crainte d’être « pris d’assaut »

Des chiffres surprenants, lorsque l’on sait que, deux jours plus tôt, l’association Emmaüs Solidarité, qui gère les lieux, déclarait que le centre n’était « pas plein ». Même loin d’afficher complet : 220 hommes hébergés seulement, et 300 personnes accueillies au total. Alors même que les migrants, encore nombreux dans la rue, se voyaient refuser l’accès. « Il reste sans doute des personnes dans la rue, mais sûrement pas parce qu’on leur a refusé l’accueil, qui est “inconditionnel” », se défend Sophie Brocas, secrétaire générale de la préfecture de région.

« Il est vrai que le centre n’était pas plein, confirme de son côté l’adjoint au maire du 18e arrondissement, Gérald Briant, chargé du projet. Mais il est vite monté en charge ces dernières 48 heures avec les premiers départs. » La cause de cette vacance ? « Il y avait, dès le départ, la crainte d’être pris d’assaut, poursuit-il. Les associations avaient la volonté de ne pas se laisser trop vite déborder. Alors, oui, il y a eu des délais d’attente. » Et la préfète d’ajouter : « Cela fait à peine plus d’une semaine que nous avons ouvert, nous allons progresser. C’est une énorme mécanique qui est encore en réglage. Dès que nous aurons fini d’absorber les 3 800 migrants du campement de Stalingrad [évacué le 4 novembre] – il n’en reste plus que 175 à placer – à ce moment-là, nous aurons bien plus d’oxygène. »

Avec ce centre, la Ville de Paris veut avant tout éviter la reconstitution de campements sauvages dans les rues et mise sur la gestion du flux des migrants pour y parvenir. Un pari qui ne tient que si l’Etat, qui a cofinancé ce dispositif d’urgence, continue de créer des places dans les centres d’hébergement plus pérennes.