François Fillon, lors de ses vœux à la presse, à Paris le 10 janvier. | THOMAS SAMSON / AFP

En ce début d’année, François Fillon s’est fixé quelques bonnes résolutions : la plus urgente est de reprendre la main sur l’agenda politique. Depuis sa victoire à la primaire, le 27 novembre, le candidat à la présidentielle de la droite s’est retrouvé sur la défensive. Empêtré dans ses explications sur sa réforme de la Sécurité sociale, attaqué par les multiples candidats de gauche et du centre, englué dans la constitution de son équipe qui lui a pris beaucoup de temps, M. Fillon a eu du mal à se relancer.

Cette semaine, place à la riposte. Mardi 10 janvier, le député de Paris a débuté cette nouvelle séquence en adressant ses vœux aux parlementaires et à la presse sur un ton offensif. « Les leçons de la primaire doivent être méditées : méfiez-vous des scénarios écrits à l’avance. Les grilles de lecture du microcosme ne sont plus celles de cette France silencieuse et fiévreuse. (…) Il y a deux mois je n’étais pas le candidat de l’establishment et je n’ai pas l’intention de le devenir », a-t-il déclaré dans son nouveau QG du XVe arrondissement.

A 11 heures 30, journalistes, fillonistes de la première heure tels Jérôme Chartier et Valérie Boyer, ex-sarkozystes, comme Roger Karoutchi, et juppéistes intégrés à l’équipe, comme Gilles Boyer, se sont retrouvés dans cet immeuble fonctionnel situé près de la porte de Versailles.

Une « mondialisation heureuse en miette »

Au premier étage, dans une immense salle capable d’accueillir les soirées électorales, François Fillon a détendu vingt secondes l’atmosphère - « Je sais que je ne suis pas pour vous un client facile. Vous devrez faire avec ma réserve et mes sourcils broussailleux. Dur travail ». Puis, il a réaffirmé les grandes lignes de son programme : « le redressement national qui commande la radicalité de mon projet », la « liberté comme ressort du progrès », les « valeurs française car il faut des racines pour gagner le futur »« L’élection de 2017 doit être le point de départ d’un peuple qui se remet à l’offensive », a-t-il estimé en décrivant une « mondialisation heureuse en miette » et le « multiculturalisme en sursis ».

Mercredi et jeudi, il développera cette rhétorique devenue classique à droite lors de son premier déplacement important de la présidentielle dans les Alpes-Maritimes. Il y parlera d’immigration. Et alors que de nombreuses voix de son propre parti s’inquiètent de certains points trop durs de son programme, notamment sur la sécurité sociale et sur la baisse du nombre de fonctionnaires, M. Fillon reste droit sur sa ligne : « La démocratie, ce n’est pas un programme pour la primaire, un autre pour la présidentielle et, pourquoi pas, encore un programme pour les législatives. »

« Vieux logiciel socialiste »

Dans les semaines à venir, le député de Paris compte donc « préciser ses objectifs », « les compléter » sans se laisser aller à des « zigzags », selon ses termes. Mais plutôt que de se justifier sur ses idées, son quotidien depuis le second tour de la primaire, le candidat de la droite a longuement ciblé François Hollande et surtout les candidats de la primaire de la gauche. « Quant à la primaire de la Belle alliance populaire, on est en plein dans le vieux logiciel socialiste. C’est la course à celui qui dépensera le plus, qui réformera le moins et qui promettra le beurre et l’argent du beurre », a lancé M. Fillon après avoir étrillé le bilan de François Hollande en évoquant une « croissance maigrelette », la « paupérisation » et les « succès » de l’extrême droite.

Au niveau international, le candidat de la droite veut redonner à la France une place importante « entre Américains et Russes, entre Sunnites et Chiites ». Une autre façon d’évoquer sa volonté de renouer un dialogue avec Vladimir Poutine. Le sujet sera au cœur des discussions lors de sa rencontre avec Angela Merkel, le 23 janvier. « Je veux incarner l’orgueil d’une Nation qui ne se laisse plus abattre », a-t-il estimé.

L’importance de la fin du mois de janvier

En marge de ce discours sans surprises, M. Fillon n’a pas occulté les autres sujets qui animent sa campagne. Devant quelques journalistes, il a commenté avec fatalisme les propos du président syrien, Bachar Al-Assad, qui avait salué, dimanche 8 janvier, la position du candidat français au sujet du conflit qui déchire la Syrie : « Je ne peux pas maîtriser ce qu’il dit. »

Il a répété à plusieurs reprises qu’il ne fermait pas la porte à des discussions avec François Bayou mais que le ralliement du centriste devait se faire sur son programme. « Il ne manque pas d’air. Je l’ai entendu 25 fois faire des déclarations sur le fait qu’il est chrétien », a-t-il également ironisé alors que M. Bayrou avait critiqué sa phrase « Je suis gaulliste et de surcroît je suis chrétien ».

Face à la montée dans les sondages de M. Macron et à l’occupation de l’espace médiatique par la gauche, M. Fillon doit s’atteler à un exercice périlleux dans les prochains jours : exister sans être la cible de tous les autres. Son équipe mise beaucoup sur la fin du mois de janvier avec le déplacement à Berlin et surtout un grand discours à Paris, le 29 janvier.

Vacciné depuis la primaire, le candidat garde son calme : « Je vous avais dit que la primaire se jouerait dans les trois dernières semaines. La présidentielle se jouera dans les cinq dernières semaines. »