Comptabilité : les formations s’adaptent à la nouvelle donne
Comptabilité : les formations s’adaptent à la nouvelle donne
LE MONDE ECONOMIE
Dans les cabinets comptables, l’avenir est aux diplômés (DCG et DSCG, bac + 3 et bac + 5), rompus aux nouvelles technologies et parlant couramment anglais.
MAGOZ
Si les robots ne sont pas près de remplacer les comptables, l’automatisation d’ores et déjà en cours de certaines des activités de la profession impacte tout à la fois le profil des candidats recherchés et la formation.
« Je ne recrute plus que des bacs + 5 [titulaires du diplôme supérieur de comptabilité et de gestion ou DSCG, bac + 5 de grade master] à la sortie de l’université ou des écoles de commerce, ou alors des bacs + 3 en alternance en vue de se former pour un bac + 5 », explique Pierre d’Agrain, associé du cabinet Exco A2A, à Toulouse, membre du sixième plus grand réseau français, qui a intégré les nouvelles technologies. « Les candidats les plus à l’aise en informatique, pour maîtriser les systèmes d’information, ou qui parlent bien anglais, pour se développer à l’international, sont recherchés », ajoute-t-il.
Les formations bac + 5 intègrent ces évolutions : « Les mémoires de master de comptabilité, contrôle, audit [CCA] portent typiquement sur des sujets comme la numérisation d’un cabinet d’expertise-comptable, le “fast closing” – la clôture rapide des comptes permise par la mise en place des nouvelles technologies – ou l’utilisation du “cloud computing” », témoigne Daniel Alban, docteur en sciences de gestion et maître de conférences à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, où il développe l’unité d’enseignement management des systèmes d’information.
Pour autant, le diplôme de comptabilité et de gestion (DCG, bac + 3 de grade licence) n’est pas dévalorisé, estime Dominique Jourde, président de la commission numérique de l’ordre des experts-comptables : « Ces professionnels vont également gagner du temps en raison de l’automatisation de certaines tâches et pouvoir davantage se concentrer sur des missions à plus forte valeur ajoutée pour aider nos clients à piloter leurs entreprises. Il va falloir que nous les accompagnions vers cette évolution. »
En revanche, les professionnels moins diplômés – titulaires d’un bac, d’un CAP ou d’un BEP – sont plus vulnérables aux évolutions en cours : « L’automatisation de la saisie comptable menace les postes d’opérateur de saisie, prévient M. Jourde. Mais les nouveaux outils et la robotique ne peuvent pas à eux seuls remplacer le traitement humain, et ils doivent être pris en main et contrôlés par des professionnels. »
Ce qui nécessite de former les opérateurs de saisie concernés, dont le nombre est difficile à estimer : tous secteurs confondus, en France, les dactylos, sténodactylos et opérateurs de traitement texte sont estimés à environ 20 000 postes dans l’ensemble du secteur privé français (services et industrie).
La démographie pourrait cependant jouer en faveur de l’emploi dans le secteur de la comptabilité, indique une étude prospective du cabinet Precepta parue en février. Car la profession vieillit : un sur six inscrits à l’ordre des experts-comptables est âgé de plus de 60 ans. Ce qui nécessite de séduire davantage de candidats : « Le non-renouvellement de la population d’experts-comptables et de commissaires aux comptes – lié à des problèmes d’image, de perspectives de carrières au sein des cabinets, de rémunérations moins attractives par rapport aux DAF [directeurs administratifs et financiers] des grands groupes – pose de très nombreux défis aux dirigeants des cabinets », peut-on lire dans l’étude.