TV : « Le Cinéma dans l’œil de Magnum »
TV : « Le Cinéma dans l’œil de Magnum »
A voir aussi ce soir. Retour sur le lien qui se noua entre les photographes de l’agence et le monde du 7e art (sur Arte à 23 h 20).
Les liens entre Magnum et le monde du cinéma ont été très étroits dès la création de l’agence photo, en 1947. C’est Robert Capa, grand reporter de la guerre d’Espagne et cofondateur de l’agence avec (entre autres) Henri Cartier-Bresson, David Seymour, Cornell Capa et George Rodger, qui s’aventura le premier sur les plateaux d’Hollywood, par amour pour l’actrice Ingrid Bergman. Il s’était fait accréditer sur le tournage des Enchaînés, d’Alfred Hitchcock, pour la rencontrer en cachette mais, lassé par les paillettes, il finit par retourner à New York dans « la vraie vie ».
Cette première incursion d’un grand photographe de guerre dans le monde du cinéma fut suivie par celle de nombreux membres de Magnum (Henri Cartier-Bresson, Eve Arnold, Dennis Stock, Bruce Davidson, Josef Koudelka), qui y trouvèrent un moyen de financer leurs travaux. Mais, à la différence des photographes engagés par les grandes productions pour faire la publicité des films et des vedettes, ceux de Magnum organisaient leur travail comme un grand reportage, en livrant leur propre vision artistique du tournage avec photos de la vie quotidienne prises sur le vif et sans retouches.
Ainsi, dès les années 1950, a-t-on pu voir « au naturel » les nouvelles vedettes naissantes du cinéma : James Dean, qui autorisa Dennis Stock à le suivre pendant plusieurs mois, Marilyn Monroe, qui s’était prise d’amitié pour Eve Arnold et qui, en toute confiance, laissa la photographe la saisir sans maquillage ni éclairages sophistiqués. Et il y eut surtout les fabuleuses photos sur le tournage cauchemardesque des Misfits (« Les Désaxés »), de John Huston, en 1960, où, en plein désert du Nevada, neuf photographes de Magnum se relayèrent tous les quinze jours pour immortaliser Clark Gable, « Monty » Clift et Marilyn Monroe alors en pleine dérive.
A partir de nombreux récits inédits, le documentaire de Sophie Bassaler retrace ce face-à-face complice entre les photographes et les artistes. A mi-chemin entre la fiction et le réel, on y croise aussi Josef Koudelka, qui raconte sa complicité avec le réalisateur Theo Angelopoulos en 1994 sur le tournage du film Le Regard d’Ulysse, ou Isabella Rossellini, la fille d’Ingrid Bergman, qui évoque la relation entre sa mère et Capa. Passionnant.
Le Cinéma dans l’œil de Magnum, de Sophie Bassaler (Fr., 2017, 52 min).