Congrès du FN : ce que l’on sait sur le changement de nom du parti
Congrès du FN : ce que l’on sait sur le changement de nom du parti
Par Lucie Soullier
Lors de « son » congrès, samedi et dimanche à Lille, Marine Le Pen sera réélue à la tête du Front national et dévoilera le nouveau nom de son parti.
Premier jour du congrès du FN : cravate, vote et Steve Banon
Marine Le Pen annoncera dimanche 11 mars, au deuxième jour de « son » congrès, à Lille, le nouveau nom qu’elle défend pour remplacer celui de Front national.
Quels noms sont pressentis ?
« Ne me torturez pas, je ne parlerai pas », s’amusait Marine Le Pen, jeudi 8 mars, sous le feu des questions des journalistes qui l’entouraient. De fait, les spéculations vont bon train depuis que la présidente du FN a confirmé qu’elle était « pour » rebaptiser le parti d’extrême droite.
Si elle n’a confié le bon qu’à quelques proches, elle se plaît à glisser des indices pour nourrir le jeu des pronostics. Affirmant ici souhaiter un label moins « militaire », là préférer le mot « Nation » au mot « Patrie » – ce qui tombe plutôt bien, Florian Philippot ayant nommé son parti « Les Patriotes » en claquant la porte du FN.
Marine Le Pen dément également régulièrement certaines rumeurs, évitant ainsi qu’elles ne prennent un peu trop de place dans l’esprit des militants. Dans la catégorie des nominés rapidement balayés : « Nouveau front », « les nationaux », quoi qui puisse contenir son prénom, et toutes les appellations en « les quelque chose ».
Pourquoi Marine Le Pen veut-elle changer le nom du FN ?
Une nouvelle marque, pense-t-on au FN, faciliterait les alliances, surtout au niveau local. « Front national, c’est peut-être compliqué à vendre pour nos alliés, en interne », admet ainsi un cadre. Pour aller chercher les électeurs qui lui ont manqué pour entrer à l’Elysée, Marine Le Pen ne jure depuis plusieurs mois que par cette « refondation » claironnée depuis la défaite présidentielle. Et par son symbole : le nouveau nom.
« Nous ne sommes pas là pour penser à nous-mêmes mais à ceux que nous devons conquérir », lançait-elle à Caudry devant les militants du Nord, le 21 janvier. A ceux du Puy-de-Dôme, quelques semaines plus tard, elle expliquait que « le premier compromis incontournable, c’est le changement de nom ».
Et son entourage de reprendre en écho :
« On ne peut pas mener des stratégies en étant à cloche-pied, développe l’un de ses conseillers. On ne peut pas chercher l’ouverture, clôturer l’ère Jean-Marie Le Pen et garder le nom d’un groupuscule des années 1970. »
Qu’en pensent les adhérents du FN ?
Sans autre détail, Marine Le Pen a annoncé que, parmi les quelque 27 000 adhérents (sur les près de 51 000 consultés) ayant répondu au questionnaire envoyé par le siège en novembre 2017, une « courte majorité » s’était prononcée en faveur du changement de nom du Front national. Les résultats ont été annoncés lors du congrès, samedi : 52 % des militants sont en faveur d’un changement de nom selon le FN. Précisons que ce questionnaire a été dépouillé sans huissier, et donc sans aucun moyen de contrôler les chiffres annoncés, ce que Jean-Marie Le Pen n’a pas manqué de pointer sur Twitter :
Communiqué de presse
https://t.co/lUTgfDTH6L https://t.co/iQVtslKNPD
— lepenjm (@Jean-Marie Le Pen)
Autre précision : ce questionnaire n’est que consultatif. Marine Le Pen annoncera le nom qu’elle propose aux adhérents lors de son discours de clôture, dimanche, et un vote par correspondance sera ensuite organisé, sous contrôle d’huissier cette fois.
Quand le nouveau nom entrera-t-il en vigueur ?
Marine Le Pen a estimé que le vote par voie postale prendrait au minimum six semaines à mettre en place. A l’issue du scrutin, et si une majorité des adhérents l’acceptent, le nom choisi par elle entrera en vigueur. Sinon, retour au FN.
Un changement de nom signifie-t-il un changement de ligne ?
En aucun cas. Marine Le Pen a répété dans une interview au Monde en janvier qu’« il n’y avait pas de changement de ligne au Front national ». Un changement de nom du parti d’extrême droite serait surtout l’apogée du travail de normalisation – la fameuse « dédiabolisation » – qu’elle mène depuis qu’elle en a pris la tête, en 2011.