En Guinée, un journaliste de RFI sanctionné après avoir enquêté sur la mort de deux hommes
En Guinée, un journaliste de RFI sanctionné après avoir enquêté sur la mort de deux hommes
Le Monde.fr avec AFP
Les autorités ont annulé l’accréditation de Mouctar Bah, le correspondant de Radio France internationale à Conakry.
Un homme blessé par des tirs à Conakry, en Guinée, le 7 novembre 2018. / CELLOU BINANI / AFP
Dans un communiqué publié jeudi 15 novembre, la direction de Radio France internationale (RFI) déplore l’annulation de l’accréditation de son correspondant à Conakry, Mouctar Bah, sanction prise après une démarche engagée par le ministère guinéen de la défense.
Selon la radio, Mouctar Bah avait rapporté des témoignages, collectés dans la nuit du 7 novembre, sur les circonstances de la mort de deux jeunes gens lors d’une « journée ville morte » décrétée par l’opposition. Mamadou Bela Baldé et Mamadou Alimou Diallo avaient été tués par des tirs de militaires dans une banlieue de Conakry secouée par des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.
Mamadou Bela Baldé, 30 ans, était tombé, en sortant de chez lui avec trois de ses amis dans le quartier de Wanidara, sur des militaires qui avaient alors « ouvert le feu », le touchant mortellement à la tête, et l’un de ses compagnons, Mamadou Alimou Diallo, à la poitrine, a affirmé son frère à l’AFP. « Il y avait aussi deux autres qui étaient avec eux et qui ont été blessés mais sont encore en vie », selon la même source.
Dès le lendemain matin, Mouctar Bah avait tenté de joindre les autorités civiles et militaires pour obtenir leurs commentaires sur les témoignages recueillis pendant la nuit. Les autorités concernées n’avaient pas donné suite à ses appels et messages répétés.
Dans son communiqué, RFI « s’étonne de la mise en demeure lancée par la Haute Autorité de la communication lui demandant d’accorder un droit de réponse au ministère de la défense, cette réaction ayant été sollicitée par Mouctar Bah tout au long de la journée du 8 novembre ». Et de préciser que « la rédaction parisienne de RFI avait fini par obtenir, le 12 novembre, l’accord du directeur régional de la police de Conakry, également porte-parole du ministère de la sécurité et de la protection civile, pour réagir à cette affaire. Cette réaction de Boubacar Kassé avait été diffusée à l’antenne le jour même dans les éditions de 18 h 30 et 22 h 30 ».