Dortmund : l’auteur de l’attentat contre le bus de l’équipe de foot condamné à quatorze ans de prison
Dortmund : l’auteur de l’attentat contre le bus de l’équipe de foot condamné à quatorze ans de prison
L’Allemand d’origine russe avait laissé un message de revendication au nom de l’organisation Etat islamique pour lancer les enquêteurs sur une fausse piste.
Sergueï Wenergold, auteur de l’attentat contre le bus de l’équipe de football de Dortmund en avril 2017, à la cour d’assises de Dortmund, en Allemagne, le 27 novembre 2018. / Leon Kuegeler / AP
L’auteur de l’attentat d’avril 2017 contre le bus de l’équipe de football de Dortmund, qui avait fait deux blessés avant un match contre Monaco, a été condamné, mardi 27 novembre, à quatorze ans de réclusion.
Sergueï Wenergold, un Allemand d’origine russe de 29 ans, a été reconnu coupable de tentatives de meurtres par le tribunal de Dortmund. Selon l’accusation, il avait eu l’idée de décimer l’équipe du Borussia Dortmund pour faire chuter le cours de l’action du club, contre laquelle il avait spéculé, dans le but de s’enrichir.
Il avait acheté pour 26 000 euros de produits financiers du club. Son plan aurait pu lui rapporter près de 500 000 euros, selon l’accusation.
Une attaque planifiée de longue date
Après onze mois de procès, le parquet avait requis la perpétuité, estimant que l’accusé avait effectivement eu l’intention de tuer le plus de monde possible. Plusieurs experts étaient venus à la barre confirmer la dangerosité de ses trois bombes remplies de tiges de fer.
La défense avait plaidé pour une peine inférieure à dix ans, arguant que l’accusé avait surtout cherché « à faire peur ». Lui-même a assuré n’avoir voulu tuer personne. Ni le parquet ni la défense n’ont évoqué immédiatement leur intention de faire appel.
La cour a retenu les arguments de l’accusation : il « a mis à feu les explosifs exactement au moment où le bus arrivait à leur hauteur », a déclaré le juge Peter Windgätter. Ses aveux complets ont été retenus en sa faveur, mais sa planification de l’attaque, préparée de longue date, a joué contre lui, a précisé le juge. Le magistrat a par ailleurs rappelé qu’il avait laissé sur les lieux du crime des messages de revendication au nom de l’organisation Etat islamique, dans le but de lancer les enquêteurs sur une fausse piste.
Sa formation en électrotechnique lui avait permis de confectionner les explosifs, mais il les avait mal positionnés. Les seuls blessés avaient été le joueur espagnol Marc Bartra, touché au poignet par des éclats de verre alors qu’il était dans le bus, et un policier de l’escorte à moto, touché au tympan par le souffle de l’explosion.
Des joueurs traumatisés
Le bus avait été endommagé par les explosions alors que l’équipe se rendait au stade en début de soirée le 11 avril 2017, pour y disputer un match aller de quart de finale de Ligue des champions contre Monaco.
Pour le club, l’attentat a eu plusieurs conséquences néfastes. Encore choqués, les joueurs ont dû disputer le match le lendemain, contre leur volonté. Ils ont finalement été éliminés (défaites 3-2 et 3-1), avec l’impression de n’avoir pas pu défendre équitablement leurs chances.
Cette décision de faire jouer la rencontre si rapidement a également provoqué un clash entre l’entraîneur Thomas Tuchel et le patron du club Hans-Joachim Watzke. Le coach a finalement été limogé en fin de saison, malgré d’excellents résultats sportifs.
Plusieurs joueurs de Dortmund, dont Marc Bartra, étaient venus témoigner durant le procès pour dire à quel point l’attentat les avait traumatisés. Certains ont toujours besoin d’un suivi psychologique, a affirmé le juge Windgätter.