Tensions en mer Noire : les Européens douchent les ardeurs de Kiev
Tensions en mer Noire : les Européens douchent les ardeurs de Kiev
Le président ukrainien avait appelé l’Allemagne et les pays européens à envoyer les navires de l’OTAN au détroit de Kertch face à la Russie.
Violences en mer entre la Russie et l’Ukraine
Durée : 02:51
Angela Merkel a appelé Kiev à « rester avisée » et « raisonnable », jeudi 29 novembre, depuis un forum économique germano-ukrainien. La chancelière allemande a ainsi calmé les ardeurs du président ukrainien : quelques heures plus tôt, Petro Porochenko avait demandé l’envoi de l’OTAN en mer d’Azov pour faire face à la Russie.
« L’Allemagne est l’un de nos plus proches alliés et nous espérons que des pays au sein de l’OTAN sont, désormais, prêts à dépêcher des navires en mer d’Azov pour aider l’Ukraine et y assurer la sécurité », a déclaré M. Porochenko dans le quotidien allemand Bild, dénonçant une fois de plus « la politique agressive de la Russie ».
« Pas de solution militaire »
Les forces armées russes ont intercepté, dimanche, trois navires de la marine ukrainienne dans le détroit de Kertch qui relie la mer Noire à la mer d’Azov, non loin de la péninsule ukrainienne de Crimée, annexée par la Russie en 2014.
Cet accrochage est la première confrontation militaire ouverte entre Moscou et Kiev depuis cette annexion et le début, la même année, d’un conflit armé dans l’est de l’Ukraine entre forces ukrainiennes et séparatistes prorusses, qui a fait plus de 10 000 morts.
Mais les appels du président ukrainien aux Européens restent lettre morte. « Il ne peut y avoir de solution militaire à ces confrontations », a insisté la chancelière allemande. Mme Merkel a toutefois promis d’aborder le sujet avec Vladimir Poutine au sommet du G20, qui s’ouvre vendredi à Buenos Aires.
Si l’Union européenne s’est dite « consternée par l’usage de la force de la Russie », les gouvernements des 28 pays n’envisagent pas de nouvelles mesures contre Moscou. L’adoption de nouvelles sanctions ne peut se faire qu’à l’unanimité.
Dans une déclaration publiée par la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, ils ont toutefois demandé à la Russie « d’assurer un passage libre et sans entrave dans le détroit de Kertch. […] Dans ce contexte, nous appelons aussi fermement la Russie à libérer sans condition et sans délai les navires capturés, leur équipage et leur équipement. »
Les marins ukrainiens en prison à Moscou
Les marins faits prisonniers lors de l’accrochage ont été transférés jeudi dans la prison moscovite de Lefortovo, célèbre pour avoir longtemps été celle du KGB puis de son successeur le FSB, selon deux de leurs avocats. Les 24 marins, dont trois blessés, avaient été placés en détention jusqu’au 25 janvier par un tribunal de Simferopol, la capitale de la Crimée.
Alors qu’en Ukraine la loi martiale est entrée en vigueur, mercredi, pour trente jours dans dix régions frontalières et côtières, Vladimir Poutine avait, lui, défendu ses forces et jugé que les gardes-côtes russes avaient simplement « rempli leur devoir avec précision ». Le président russe a qualifié l’accrochage de « provocation » organisée par M. Porochenko, mal en point dans les sondages à quelques mois de la présidentielle.
Le Kremlin a aussi nié avoir fermé le détroit de Kertch, comme l’affirme l’Ukraine. Or, selon le ministre ukrainien des infrastructures, Volodymyr Omelian, dix-huit navires ukrainiens attendent la permission de passer de la mer Noire à la mer d’Azov, cruciale pour les exportations de céréales ou d’acier, produits dans l’est de l’Ukraine. Neuf autres bateaux attendent de passer en sens inverse.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a proposé sa médiation. « Nous allons transmettre les demandes de Kiev à M. Poutine lors de notre rencontre à Buenos Aires », a-t-il déclaré avant de s’envoler pour le G20. Par ailleurs, Donald Trump a décidé, jeudi, d’annuler sa rencontre très attendue avec Vladimir Poutine.