Des Boeing 737 MAX, à l’aéroport de Victorville, en Californie, le 26 mars. / Mike Blake / REUTERS

Chaque semaine apporte son lot de révélations sur le 737 MAX, le dernier-né des moyen-courriers de Boeing, dont tous les exemplaires en service sont cloués au sol depuis le 13 mars, après que deux crashs en moins de six mois ont fait 346 victimes. Des inspecteurs de l’Agence fédérale américaine de l’aviation (FAA) avaient envisagé d’immobiliser, dès 2018, une partie de la flotte des 737 MAX déjà en service. C’est-à-dire avant l’accident du Boeing de la compagnie indonésienne Lion Air, le 29 octobre 2018.

Chargés de superviser la compagnie américaine Southwest Airlines, la plus grosse cliente du 737 MAX avec 34 appareils en service et 246 en commande, ils ont découvert que Boeing avait désactivé le signal lumineux censé alerter les pilotes d’un dysfonctionnement du dispositif antidécrochage MCAS. Toutefois, cette information ne serait pas remontée jusqu’au sommet de la FAA.

« Avant l’accident de Lion Air, les signaux (…) étaient présentés par Boeing comme opérationnels, peu importe que vous ayez ou non sélectionné la fonctionnalité », a déclaré, par courriel, la porte-parole de Southwest. Mais c’est seulement « après l’accident de Lion Air que Boeing a informé [la compagnie américaine] que les signaux étaient inopérables, si on n’avait pas pris l’option », a-t-elle encore ajouté. C’est à la suite de cette information que Southwest a choisi de souscrire à cette option pour tous les 737 MAX de sa flotte, a confirmé la compagnie.

Une facture élevée

De nouveau pointé du doigt, Boeing a assuré que ce signal d’alerte allait devenir une fonctionnalité de base et gratuite pour tous ses clients. « Ce changement sera effectué sur tous les MAX, qu’ils soient en production ou en phase de modification pour ceux qui étaient en service », a précisé l’avionneur.

Les deux 737 MAX de la Lion Air et d’Ethiopian Airlines n’étaient pas équipés du signal d’alerte lumineux. Baptisé « Disagree Light », celui-ci s’active quand des informations erronées sont transmises par des sondes au système MCAS censé corriger l’assiette de l’avion.

Selon un rapport des autorités éthiopiennes, ce sont ces données erronées transmises par des sondes qui auraient conduit l’avion de l’Ethiopian Airlines à s’écraser au sol. En effet, dans ce cas de figure, ce logiciel prend le pas sur les commandes, même si les pilotes manœuvrent en sens contraire. Pour reprendre la main, les pilotes auraient dû désactiver le MCAS, mais ils n’en avaient pas été informés par Boeing.

Les déboires du 737 MAX devraient s’inviter au menu de l’assemblée générale de l’avionneur américain, qui était prévue lundi 29 avril. Outre les ennuis judiciaires qui planent sur le rival d’Airbus, les actionnaires devraient demander des comptes à la direction sur les conséquences financières de la crise du moyen-courrier. Boeing a reconnu que la facture du 737 MAX s’élevait déjà à plus de 1 milliard de dollars (896 millions d’euros). Le coût de cette mauvaise passe, qui menace de perdurer au-delà de l’été, pourrait être beaucoup plus élevé, notamment en raison des indemnités réclamées par les compagnies privées de leurs flottes de 737 MAX. Jusqu’à effacer les 10 milliards de dollars de bénéfices engrangés par Boeing en 2018. Une facture qui pourrait coûter son poste au PDG de l’avionneur, Dennis Muilenburg.

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