Plus de deux millions de musulmans entament leur hadj, pèlerinage annuel à La Mecque
Plus de deux millions de musulmans entament leur hadj, pèlerinage annuel à La Mecque
Le Monde.fr avec AFP
Chaque année, l’arrivée de croyants en Arabie saoudite représente un défi logistique et sécuritaire pour les autorités, qui appellent à ne pas politiser l’événement dans un contexte de tensions dans le Golfe.
Comprendre le fonctionnement du pèlerinage à La Mecque en 5 minutes
Durée : 06:07
Plus de deux millions de musulmans entament en Arabie saoudite, vendredi 9 août, le pèlerinage annuel dans la ville de La Mecque, dans un contexte de tensions persistantes dans le Golfe ayant poussé les autorités à mettre en garde contre toute tentative de politisation de ce rassemblement religieux, l’un des plus importants du monde.
La région a été marquée, en mai et juin, par une série d’attaques contre des pétroliers, un drone abattu et des tankers arraisonnés. Grande rivale de l’Iran, l’Arabie saoudite et son allié américain accusent Téhéran, qui dément, d’être derrière les attaques. Selon l’agence de presse iranienne Tasnim, quelque 88 550 Iraniens doivent participer au hadj cette année, malgré la rupture des relations diplomatiques entre Riyad et Téhéran.
L’Arabie saoudite et le Qatar, son voisin, ont par ailleurs rompu leurs relations diplomatiques en 2017 et la crise a abouti à une restriction des mouvements de citoyens qataris vers le royaume. Le ministère du hadj saoudien a dit constater que « très peu de Qataris sont arrivés à La Mecque pour le pèlerinage », mais affirme que cela n’est pas lié à la crise entre les deux pays, accusant à l’inverse le « régime qatari de politiser le hadj et de mettre des obstacles devant les pèlerins du Qatar ».
« Nous sommes fiers de servir les “hôtes de Dieu” »
Le hadj est l’un des cinq piliers de l’islam, selon lequel « s’il le peut, matériellement et physiquement, tout musulman doit faire, au moins une fois dans sa vie, un pèlerinage à La Mecque, en Arabie saoudite ». Chaque année, le royaume saoudien fait face à un défi logistique immense pour gérer les flux ininterrompus de pèlerins et garantir leur sécurité : des dizaines de milliers de membres des forces de l’ordre sont mobilisées pour éviter tout nouveau drame lors du pèlerinage, endeuillé dans le passé par des bousculades sanglantes, la plus meurtrière ayant fait en 2015 près de 2 300 morts lors du rituel de la lapidation de Satan – symbolisé par trois stèles, sur lesquelles les croyants doivent jeter quarante-neuf pierres trouvées sur le chemin du pèlerinage.
« Toutes les institutions de l’Etat sont mobilisées » et « nous sommes fiers de servir les “hôtes de Dieu” », a déclaré à la presse le porte-parole des forces de sécurités, Bassam Attia. Le hadj n’est pas dénié d’enjeux économiques pour l’Arabie saoudite, qui tire des dépenses consenties par les croyants sa seconde source de revenu chaque année, après l’industrie pétrolière.
« On se sent purifié en accomplissant le hadj »
« On se sent purifié en accomplissant le hadj, un pilier de l’islam, et on rencontre des gens du monde entier. C’est grandiose ! », s’exclame sur place Mohamed Jaafar, un Egyptien de 40 ans, auprès de l’Agence France-Presse (AFP). « C’est un sentiment indescriptible. Il faut le vivre pour comprendre », murmure une Algérienne quinquagénaire qui accomplit le hadj pour la première fois. « C’est une occasion en or », dit une femme qui l’accompagne.
Construite sur une vallée désertique et interdite aux non-musulmans, La Mecque abrite la Kaaba, une structure cubique drapée dans une étoffe noire brodée d’or, au cœur de la Grande Mosquée. C’est vers elle que les musulmans du monde entier se tournent pendant leurs cinq prières quotidiennes. Les pèlerins doivent effectuer sept tours de la Kaaba à trois reprises lors des cinq ou six jours que dure le hadj, dont la date d’ouverture correspond à un délai de deux mois après la fin du ramadan.
Vue aérienne de la ville de Mina, dans laquelle sont installées plusieurs centaines de milliers de tentes lors du hadj dans et autour de La Mecque. / MOSA’AB ELSHAMY / AP
Le hadj est un ensemble de rites codifiés qui se déroulent au cœur de la ville sainte de l’islam et ses environs. Ce vendredi, les pèlerins assisteront à la prière hebdomadaire dans la Grande Mosquée. Les processions d’hommes et de femmes afflueront ensuite dans la ville de Mina, près de La Mecque, à pied ou dans des bus mis à disposition par les autorités. L’étroite vallée surplombée de montagnes rocailleuses est transformée chaque saison du hadj en un immense camp de tentes blanches destinées à abriter les pèlerins. Quelque « 350 000 tentes climatisées ont été dressées », a déclaré un responsable saoudien.
Samedi, les fidèles entameront l’ascension du mont Arafat, appelé aussi mont de la Miséricorde, pour prier et se recueillir tout au long de la journée avant de remettre le cap sur Mina pour le rituel de la lapidation de Satan. Ce rituel marque le début de l’Aïd el-Adha ou la fête du sacrifice célébrée dimanche. Les pèlerins doivent ensuite se rendre une dernière fois à la Grande Mosquée pour un « tour d’adieu » à la Kaaba.