Sur le grand écran, derrière le Mur…
Sur le grand écran, derrière le Mur…
L’histoire du cinéma en RDA, à travers celle de la société de production Deutsche-Film-AG, la DEFA. (mercredi 25 mai à 22 h 10 sur Arte).
L’actrice est-allemande Katrin Sass, en 2015. | Lona Media
L’histoire du cinéma en RDA, à travers celle de la société de production Deutsche-Film-AG (la DEFA).
En temps de guerre, chaude comme froide, le cinéma en Allemagne a toujours été une affaire sérieuse. De nombreux longs-métrages y ont été produits et tournés afin de divertir les foules ou de renforcer le sentiment patriotique.
Dans les années 1920 et jusqu’à la fin du régime national-socialiste, l’UFA (Universum Film AG), basée à Potsdam, où se situent les célèbres studios de Babelsberg, tournait à plein régime. Si de nombreux documentaires ont été consacrés au cinéma allemand sous le IIIe Reich, rares sont ceux qui se sont penchés sur la pourtant très prolifique production cinématographique en République démocratique allemande. D’où l’intérêt de ce documentaire, riche en analyses, témoignages et extraits de films produits par la DEFA (Deutsche Film AG).
Les assassins sont parmi nous - bande-annonce - ARTE
Durée : 01:37
Fondée en 1946 par les autorités soviétiques, la DEFA devient une société de production, toujours basée à Babelsberg. Sa mission est claire : lutter contre la guerre et le militarisme. Le premier film produit (Les assassins sont parmi nous, de Wolfgang Staudte) appelle à ne pas refouler les crimes du nazisme. En 1949, lorsque naît officiellement la RDA, l’Etat prend en main la société de production. Plus de deux mille collaborateurs y travailleront, dont de nombreux réalisateurs et comédiens de talent. Salariés d’Etat, ils sont payés, qu’ils travaillent ou non. Les studios doivent réaliser une quinzaine de films par an, et l’argent ne manque pas.
Un nouveau départ
Films de guerre, romances, longs-métrages pour enfants, drames, il y en a pour tous les goûts. Mais au début des années 1950, la ligne politique se durcit et les films doivent contribuer de manière plus nette à la lutte contre l’impérialisme. C’est aussi à cette époque que des vedettes françaises proches des idées communistes viennent tourner à Babelsberg dans des coproductions à grand spectacle, comme le couple Signoret - Montand (Les Sorcières de Salem) ou Gérard Philipe (Les Aventures de Till l’Espiègle). En 1954, le jeune Michel Piccoli fera également une apparition dans la fresque historique consacrée à Ernst Thälmann (Ernst Thälmann - Führer seiner Klasse, de Kurt Maetzig), leader communiste assassiné à Buchenwald en 1944.
Jacob, le menteur - bande-annonce - ARTE
Durée : 01:33
Lorsque le mur de Berlin sort de terre, en août 1961, le choc est rude aussi pour les vedettes de la DEFA, qui, du jour au lendemain, ne peuvent plus faire leur shopping à Berlin-Ouest. Mais, pour d’autres, cette situation constitue un nouveau départ. Certains réalisateurs présentent le Mur comme une nécessité politique et tentent de faire des films ayant pour ambition de rendre la société « un peu meilleure ». La DEFA donne sa chance à une nouvelle génération et un film en noir et blanc comme Génération 45, de Jürgen Böttcher, est, de manière évidente, très influencé par la Nouvelle Vague. Mais 1965 marque un tournant dans la politique culturelle en RDA.
Die Legende von Paul und Paula - Trailer
Durée : 02:31
La moindre critique des conditions de vie en RDA est discréditée et jugée « antirévolutionnaire ». Toute expérimentation artistique porte la marque de la « décadence occidentale ». La DEFA se tourne alors vers « le film d’Indiens ». Ces westerns à la sauce est-allemande (Die Söhne der großen Bärin, Les Loups blancs... pour la plupart interprétés par Gojko Mitic) connaîtront un certain succès, avant que la censure ne se relâche, à la fin des années 1960.
Coming out - bande-annonce - ARTE
Durée : 00:31
La libération des mœurs touche aussi la RDA et, au début des années 1970, des films, tels Le Troisième, d’Egon Günther, ou La Légende de Paul et Paula, d’Heiner Carow, portent à l’écran des personnages de femmes libres et fortes. A partir de 1976, de nombreuses vedettes fuient à l’Ouest (Jutta Hoffmann, Manfred Krug, Armin Mueller-Stahl, Winfried Glatzeder) et les productions de la DEFA (plus de 700 films depuis 1949) n’auront plus le même succès.
Quand la RDA faisait son cinéma, d’André Meier (All., 2016, v.m., 55 min). Le mercredi 25 mai à 22 h 10 sur Arte.