L’avion capable de voler jour et nuit avec l’énergie solaire comme unique carburant s’est posé sans encombre à l’aéroport Al-Batten, près de la capitale des Emirats arabes unis. | Christophe Chammartin / AP

C’est la fin d’un tour du monde sans précédent. Solar Impulse 2 a atterri mardi 26 juillet à Abou Dhabi à 4 h 05 locales (2 h 05 à Paris). L’avion capable de voler jour et nuit avec l’énergie solaire comme unique carburant s’est posé sans encombre à l’aéroport Al-Batten, près de la capitale des Emirats arabes unis, d’où il était parti le 9 mars 2015 pour un périple de plus de 42 000 kilomètres, à travers quatre continents, effectué sans une goutte de carburant.

Piloté par le Suisse Bertrand Piccard, l’appareil, parti dimanche du Caire, a parcouru 2 763 km en plus de 48 heures pour cette 17e et dernière étape de son périple, destiné à promouvoir les énergies renouvelables. « L’avenir est propre », a lancé M. Piccard, applaudi et accueilli sur le tarmac aux cris de « Bravo, bravo ». Il a été aussitôt rejoint par son compatriote André Borschberg, avec lequel il s’est relayé aux commandes du monoplace tout au long du périple.

Pesant une tonne et demi mais aussi large qu’un Boeing 747, Solar Impulse 2 a volé à une vitesse moyenne d’environ 80 km/h grâce à des batteries qui emmagasinent l’énergie solaire captée par quelque 17 000 cellules photovoltaïques sur ses ailes. Avec une altitude maximum de 8 500 mètres, l’avion aura volé durant plus d’un an et quatre mois. Au départ, le voyage devait durer cinq mois, dont 25 jours de vol effectif.

« Je ne peux pas croire que j’ai aterri, 13 ans après avoir rêvé de voler autour du monde sans carburant », s’est félicité Bertrand Piccard.

« Un défi plus humain que technique »

Au total, l’avion aura effectué 17 vols : parti d’Abou Dhabi, il s’est posé successivement à Mascate (Oman), Ahmedabad et Varanasi (Inde), Mandalay (Birmanie), Chongqing et Nanjing (Chine), puis Nagoya (Japon) et Hawaï (Etats-Unis), où il avait fait une escale technique imprévue de plusieurs mois, avant d’atteindre et de traverser l’Amérique du Nord, s’arrêtant à San Francisco, Phoenix, Tulsa, Dayton, Lehigh Valley et New York. Puis il a traversé l’Atlantique sans escale pour se poser le 23 juin à Séville, dans le sud de l’Espagne, d’où il a rallié le 13 juillet Le Caire, avant de revenir à Abou Dhabi.

En plus d’une performance technologique, le tour du monde de Solar Impulse 2 est un exploit humain. Les deux Suisses ont piloté à tour de rôle dans un cockpit de 3,8 m2 sans air conditionné ni chauffage, mais équipé de bouteilles d’oxygène pour permettre aux pilotes de respirer et d’un coin toilettes.

La cabine est recouverte d’une mousse isolante pour atténuer les températures extrêmes en vol, entre +40 et -40 degrés Celsius. Une situation qui a fait dire à André Borschberg que ce fut « un défi plus humain que technique ».

« On fait des petites siestes de 20 minutes. Des exercices dans le cockpit, une demi-heure, le matin et l’après-midi, sinon au bout de plusieurs jours on ne peut plus bouger les bras et les jambes », a expliqué de son côté M. Piccard.

« Très bientôt, il y aura des passagers sur des avions électriques qui seront rechargés sur le sol », a-t-il pronostiqué, estimant toutefois qu’il faudra attendre avant d’en voir sur des avions solaires.