Les maoïstes reviennent au pouvoir au Népal
Les maoïstes reviennent au pouvoir au Népal
Par Julien Bouissou (New Delhi, correspondance)
Pushpa Kamal Dahal redevient premier ministre, poste qu’il a occupé de 2008 à 2009.
Pushpa Kamal Dahal à Katmandou, le 3 août. | Bikram Rai / AP
C’est un ex-rebelle maoïste que le Parlement népalais a élu, mercredi 3 août, à la tête du gouvernement. Seul candidat, le dirigeant du Parti maoïste du Népal, Pushpa Kamal Dahal, déjà premier ministre de 2008 à 2009, a recueilli le vote de 363 des 573 parlementaires. Les maoïstes ont retiré leur soutien au premier ministre, Khadga Prasad « KP » Sharma Oli, qui a dû démissionner le 24 juillet, et ont choisi de former un gouvernement avec l’autre grand parti, le Congrès népalais.
Juste avant son élection, dans son discours au Parlement, Pushpa Kamal Dahal avait promis d’« unifier le pays ». « J’ai la responsabilité de résoudre ce problème. Je sens que j’ai été proposé comme candidat pour arriver à lancer un pont » entre les différentes communautés, a-t-il expliqué.
Agé de 61 ans, le vingt-quatrième premier ministre en vingt-six ans, connu sous le nom de Prachanda (« le féroce »), va devoir s’atteler à la réforme de la Constitution, qui vient pourtant d’être adoptée en septembre 2015, après sept ans d’âpres discussions et deux assemblées constituantes, mettant fin à 239 ans de monarchie.
Les populations indigènes des plaines du sud ont violemment protesté contre le découpage fédéral du pays, qui les plaçait en position de minorité dans chacun des Etats nouvellement créés. Les violences avaient conduit à la fermeture de plusieurs points de passage à la frontière avec l’Inde et à un blocus économique qui a asphyxié l’ancien royaume. Dans un entretien accordé fin juillet au quotidien indien The Hindustan Times, Prachanda déclare vouloir reprendre le dialogue avec ces populations souvent marginalisées.
Il devra également accélérer la reconstruction du pays, plus d’un an après le tremblement de terre qui a fait près de 9 000 morts en avril 2015, et débloquer une aide dont les victimes ne bénéficient qu’au compte-gouttes.
L’arrivée au pouvoir de Prachanda marque le retour en grâce de New Delhi dans la politique népalaise. L’Inde avait tacitement soutenu le blocus économique du pays, craignant que les violentes manifestations se répercutent chez elle, dans les régions limitrophes du Népal, ce qui avait suscité l’ire de KP Sharma Oli. Lequel a multiplié les signatures d’accords commerciaux avec Pékin, malgré la quasi-absence d’infrastructures de transport entre les deux pays séparés par l’Himalaya.
Prachanda a promis de respecter l’équilibre entre ses deux grands voisins, tout en les mettant en garde contre une ingérence et un « micromanagement » des affaires intérieures népalaises.
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