« Flesh and Bone » : l’enfer du décor de la danse classique
« Flesh and Bone » : l’enfer du décor de la danse classique
Par Renaud Machart
Une remarquable série, créée par Moira Walley-Beckett, qui dépeint de manière crue et vraisemblable un milieu méconnu (sur OCS GO à la demande).
Flesh and Bone | Official Trailer | STARZ
Durée : 01:18
Une remarquable série, créée par Moira Walley-Beckett, qui dépeint de manière crue et vraisemblable un milieu méconnu.
C’est au moins la deuxième, si ce n’est la troisième, rediffusion de « Flesh and Bone » sur OCS depuis qu’elle fut proposée, entre novembre et décembre 2015, par la chaîne « cinéma et séries » d’Orange. Et l’on avoue avoir raté et négligé jusqu’à aujourd’hui cette remarquable série, créée par Moira Walley-Beckett, scénariste et productrice de « Breaking Bad », pour la chaîne nord-américaine Starz.
Starz fait, avec la danse classique, ce qu’Amazon Studios a tenté de faire avec la musique classique : dépeindre l’envers du décor de métiers que l’on croit volontiers glamour et « purs ». Mais là où « Mozart in the Jungle » (diffusée aussi par OCS) échoue lamentablement, par des situations invraisemblables et un acteur principal (Gael Garcia Bernal) mimant pitoyablement les gestes d’un chef d’orchestre, « Flesh and Bone » fait appel à de véritables danseurs, dont Sarah Hay, qui incarne Claire, le personnage principal.
La danseuse de l’Opéra de Dresde et actrice Sarah Hay interprète Claire Robbins dans la série « Flesh and Bone ». | Patrick Harbron
Cette danseuse du ballet de l’Opéra de Dresde est une révélation. La scène qui la montre passant une audition dans un théâtre de strip-tease – pour arrondir son salaire de ballerine – montre sa capacité de métamorphose physique et dramatique.
Vacheries et jalousies
Au cours des six premiers épisodes actuellement disponibles sur OCS GO, on découvre la dureté du métier de danseur, les insultes sexistes – dont celles de Paul Grayson (Ben Daniels), le directeur de la compagnie, homosexuel vain, dictatorial et misogyne, qui traite un danseur de « pédale en collant » ou invite une jeune danseuse à connaître aussi vite que possible les joies du coït pour se décoincer –, les vacheries et jalousies entre danseurs. Auxquelles s’ajoutent sexe, drogue, antalgiques, promotion canapé et prostitution.
Sans oublier la part d’inceste qui, d’évidence, semble lier Claire et son frère Bryan, interprété par l’inquiétant Josh Helman (également au générique de « Wayward Pines »), qui vient la harceler à New York, suivant le même chemin que la jeune danseuse, des quartiers pauvres de Pittsburgh aux lumières prometteuses de Manhattan.
« Flesh and Bone » est incroyable d’intensité, magnifiquement écrit et filmé. La musique de Dave Porter est, de surcroît, superbe.
« Flesh and Bone », mini-série créée par Moira Walley-Beckett. Avec Sarah Hay, Ben Daniels, Damon Herriman, Josh Helman (EU, 2015, 8 ép. × 56 min). Episodes 1 à 6, à la demande sur OCS Go.
L’affiche américaine de « Flesh and bone ». | DR