De Detroit au Var, des films pour traverser l’enfer et le paradis
De Detroit au Var, des films pour traverser l’enfer et le paradis
L’essentiel se joue cette semaine entre la France et l’Amérique, dans des genres très différents.
La semaine sera riche sur les grands écrans, avec une série B horrifique dans un Detroit ruiné, le voyage d’un adolescent à la recherche de lui-même dans une boucle temporelle, et un ultime face-à-face retors entre un vieux séducteur impénitent et son fils.
AU CŒUR D’UNE SÉRIE B D’HORREUR. « Don’t Breathe, la maison des ténèbres » de Fede Alvarez
Don't Breathe – La Maison des Ténèbres - Bande-annonce - VOST
Durée : 02:26
Quel meilleur décor que Detroit pour un film d’horreur ? Il fallait y penser, mais avec ses usines désaffectées, ses entrepôts vides, ses quartiers entiers à l’abandon, ses maisons claquemurées, ses rues sans âme qui vive, la cité portuaire du Michigan, qui a subi de plein fouet la crise de l’industrie automobile, a, par bien des aspects l’apparence d’une ville fantôme. C’est dans cette scénographie de désolation urbaine, où survivent des restes de populations démunies, que s’inscrit Don’t Breathe, prenant ainsi le parti solide, finalement assez rare, de faire naître l’épouvante d’une catastrophe économique et sociale bien réelle. Ses protagonistes, une bande de trois jeunes braqueurs sans le sou ont vent d’une fortune sur laquelle serait assis un vétéran d’Irak, vivant seul et reclus dans une masure idéalement isolée. Après quelques repérages, les compères s’infiltrent, la nuit venue, dans les lieux. En ressortir sera évidemment beaucoup plus compliqué : le vieillard, bien qu’aveugle, se révèle un adversaire coriace, à l’ouïe fine et à la gâchette facile, et la maison recouvre des gouffres bien plus profonds que le secret de son coffre-fort. Mathieu Macheret
Film américain de Fede Alvarez. Avec Stephen Lang, Jane Levy, Dylan Minnette, Daniel Zovatto (1 h 28).
LE HÉROS QUI VOULAIT SAUVER L’ENFANCE. « Miss Peregrine et les enfants particuliers » de Tim Burton
Miss Peregrine's Home for Peculiar Children | Official Trailer [HD] | 20th Century FOX
Durée : 02:34
Commencé de nos jours aux Etats-Unis, le récit va mener un héros adolescent, Jake, jusqu’au Pays de Galles, sur les traces de l’enfance de son grand-père qui vient d’être mystérieusement assassiné. Jake est ainsi invité à pousser les portes d’un orphelinat, dont les occupants revivent en boucle la même journée de 1943, au terme de laquelle une bombe allemande, censée les anéantir, est chaque soir suspendue dans sa chute. Jake y fait la connaissance d’une étrange et vaguement inquiétante ribambelle « d’enfants particuliers » – chacun doté d’un superpouvoir qui le rend plus puissant que le commun des mortels –, mais aussi démunis que des enfants doivent l’être devant les monstres qui les pourchassent. Sur cette trame un rien tarabiscotée, Tim Burton fait ce qu’il sait faire de mieux : inventer des formes fascinantes et hors du commun, trousser des scènes virtuoses et enchanteresses, insuffler à sa matière toute la fantasmagorie dont l’esprit humain est empli. Laissent en revanche à désirer l’art et la manière de mener un récit, la capacité des personnages à procurer de l’émotion, la préservation d’un enjeu de réalité sous le feu d’artifice du merveilleux. J. Ma.
Film américain de Tim Burton. Avec Eva Green, Asa Butterfield, Terence Stamp, Samuel L. Jackson (2 h 07).
UN PÈRE, UN FILS ET PLEIN DE FEMMES AU MILIEU. « Le Cancre » de Paul Vecchiali
“Le Cancre” - Paul Vecchiali - TRAILER
Durée : 01:40
« Emmène-moi au bord de la mer ». C’est sur cette demande d’un vieux père affaibli à son fils, que s’ouvre le vingt-sixième long-métrage de l’infatigable briscard Paul Vecchiali, 86 ans, présenté hors compétition à Cannes, et dernier volet (estampillé « Antidogma 12 ») d’un cycle qu’il tourne depuis désormais dix ans, avec les moyens du bord, dans sa villa du Plan-de-la-Tour, dans le Var. A contre-courant des tendances jeunistes du cinéma, Vecchiali accueille et contemple l’âge sénescent avec une lucidité tendre et une force de sentiments désarmantes. Le cinéaste réunit pour l’occasion une distribution royale de comédiennes admirées, auréolées de légende, et qui dessinent en creux toute une histoire de la chanson et du cinéma français : Françoise Lebrun (La Maman et la putain), Françoise Arnoul (French Cancan), Edith Scob (Les Yeux sans visage), Marianne Basler (Rosa la rose, fille publique), Annie Cordy (la chanson de tradition populaire) et l’impériale Catherine Deneuve, qui fait ici sa première apparition sur la scène vecchialienne. Ma. Mt.
Film français de et avec Paul Vecchiali. Avec Pascal Cervo, Annie Cordy, Françoise Lebrun, Françoise Arnoul, Édith Scob, Mathieu Amalric, Marianne Basler, Catherine Deneuve, Noël Simsolo (1 h 56).
EN COURS DE CINÉMA. « Cas d’école » au Forum des images
Zéro de conduite: Jeunes diables au collège (1933)
Durée : 01:14
Le nouveau cycle de films du Forum des images, à Paris, nous entraîne sur le chemin, par forcément buissonnier, mais souvent frondeur, de la représentation de l’école au cinéma. Vaste sujet, qui sera évoqué, politiquement et poétiquement, en une cinquantaine de fims et six débats. Parmi les premiers on partira de l’insurrectionnel Zéro de conduite de Jean Vigo, jusqu’au récent et inédit film russe de Kirill Serebrennikov, Le disciple – histoire d’un élève qui découvre la foi en lisant la Bible et remet en question l’enseignement de l’institution.
Entre les deux, on révisera son Eric Rohmer (Véronique et son cancre), son Jean-Luc Godard (France tour détour deux enfants), son François Truffaut (Les 400 coups), son Jean-Claude Brisseau (Noce blanche), et bien entendu son Nicolas Philibert (Etre et avoir) et son Frederick Wiseman (At Berkeley). Côté conférences, Carole Desbarats parlera du problème de la transmission (7 octobre), Bamchade Pourvali évoquera le rôle du Studio Kanoun en Iran (28 octobre), tandis que Diane Arnaud radiographiera les tournures prises par le motif dans l’œuvre du grand maître japonais Yasujiro Ozu (11 novembre). J. Ma.
Du 5 octobre au 18 novembre au Forum des images.