Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, le 10 septembre à la Fête de l’Huma à La Courneuve (Seine-Saint-Denis). | THOMAS SAMSON / AFP

Occuper le terrain pour gagner du temps. Travailler un programme en attendant de trouver un candidat pour 2017. « Samedi, on entre en campagne ! », affirme Olivier Dartigolles, porte-parole du Parti communiste. Le PCF devait rendre public, samedi 8 octobre, le bilan d’une consultation lancée en avril. A l’époque, la formation dirigée par Pierre Laurent avait lancé un QCM intitulé « Que demande le peuple ? » avec l’objectif de le faire remplir par 500 000 personnes pour en faire le « socle programmatique » d’une candidature unique de la gauche non gouvernementale.

Depuis, le PCF a revu ses ambitions à la baisse mais assure que 65 000 personnes ont accepté de répondre. Les résultats, que le parti a communiqués au Monde, sont sans surprise au vu des questions posées : 78 % des sondés jugent ainsi que « les responsables de la crise sont les banques, les grands actionnaires et la finance », 69 % estiment qu’il faut « renégocier les traités européens pour stopper l’austérité » et 38 % vouloir « un meilleur salaire, de meilleurs revenus ». A l’issue de cette restitution, M. Laurent devait, selon son entourage, « lancer un appel à cesser les divisions » et à « pétitionner dans tout le pays pour une candidature commune de la gauche alternative ».

Une ligne que tient de plus en plus difficilement le secrétaire national du PCF qui multiplie – en vain pour l’heure – les appels à l’unité. Plus les semaines passent, plus l’atterrissage semble compliqué pour la Place du Colonel-Fabien, qui joue gros aux législatives. Les 25 et 26 septembre, un conseil national a rajouté de la confusion en proposant trois scénarios pour la présidentielle qui devraient être finalisés le 5 novembre et sur lesquels les communistes seront appelés à se prononcer. La décision finale du PCF ne devrait donc pas intervenir à cette date mais une fois le vote des militants passé.

« Course à l’attente »

Et encore. Car la première des trois hypothèses, qui n’avait pas été évoquée jusqu’à présent, consiste… à ne rien trancher le 5 novembre afin de « prendre de nouvelles initiatives de rassemblement ». « Tout est très mouvant, indique M. Dartigolles. L’idée est de voir la situation de l’automne et peut-être celle du premier semestre 2017. » Traduction de Patrice Cohen-Séat, un ex-dirigeant du parti : « Ça revient à attendre fin janvier et le résultat de la primaire du PS. » Ce dernier, qui s’était opposé lors du dernier congrès à la stratégie de Pierre Laurent, s’interroge sur les intentions de l’exécutif national vis-à-vis du socialiste Arnaud Montebourg. « Même si la fumée blanche le désignait, il y aurait du coup une candidature sociale-libérale de Macron ou de Valls, souligne M. Cohen-Séat. Par rapport à la volonté affichée d’éviter un duel droite-extrême droite au second tour, ce serait un échec total. »

Le second choix propose de lancer « un appel à voter Jean-Luc Mélenchon en affirmant l’autonomie du PCF ». Les relations entre la direction du parti et leur ancien candidat à la présidentielle n’ont cessé de se dégrader ces derniers mois et cette solution, prévient M. Dartigolles, ne reviendrait pas à ressusciter feu le Front de gauche. « Ce ne serait en aucun cas un ralliement à La France insoumise [le nouveau mouvement de M. Mélenchon], précise-t-il. Ça consisterait à partager des points de vue mais aussi à dire que certaines options défendues ne sont pas les nôtres. » La dernière alternative serait « une candidature issue du PCF ». Même si M. Laurent n’y est pas favorable pour le moment, André Chassaigne, président du groupe Gauche démocrate et républicaine à l’Assemblée nationale, a fait savoir, le 28 septembre sur le site du magazine Regards, qu’il pourrait jouer ce rôle mais « uniquement à la demande de la direction du parti ».

Roger Martelli, un ex-dirigeant qui a quitté le PCF, est perplexe : « Tout cela ressemble à une course à l’attente. » M. Cohen-Séat, lui, est inquiet. « C’est l’impasse totale, se désole celui qui a apporté son soutien à M. Mélenchon. On est devant une catastrophe et je ne sais pas comment ça va se solder. » Réponse de M. Dartigolles : « A ceux qui assurent que le PCF se divise, je dis que le climat n’est pas délétère et que les communistes travaillent. Ce n’est quand même pas le supplice chinois ! » Cela pourrait, cependant, rapidement y ressembler.