Vu de l’étranger : Fillon le « Thatcher » Français
Vu de l’étranger : Fillon le « Thatcher » Français
Par Elvire Camus
Au lendemain du premier tour de la primaire de la droite, la presse anglo-saxonne revient sur le profil conservateur socialement et libéral économiquement de M. Fillon.
Soutiens de François Fillon le 18 novembre à Paris. | CHARLES PLATIAU / REUTERS
« Qui est François Fillon ? » Lundi 21 novembre, la presse anglo-saxonne insiste, comme la majorité de ses confrères, sur le profil conservateur socialement et libéral économiquement de François Fillon, qui a créé la « surprise » en arrivant largement en tête du premier tour de la primaire de la droite.
« Le nouveau favori de l’élection présidentielle propose aux électeurs un programme économique révolutionnaire inspiré de Margaret Thatcher », affirme ainsi l’agence de presse économique Bloomberg qui qualifie François Fillon de « Thatcher Français », avant de lister les principales mesures de son programme visant à « réduire le rôle de l’Etat » et « couper dans le budget du système de santé » :
- passer à la semaine à 39 heures
- augmenter l’âge de la retraite à 65 ans
- supprimer 500 000 postes de fonctionnaires
- réduire les dépenses de l’Etat de 100 milliards d’euros
- réduire l’impôt des entreprises de 40 milliards d’euros
- inscrire le respect des 3 % de déficit dans la Constitution
La Dame de fer est un « modèle » pour François Fillon, affirme Bloomberg rappelant que l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy avait « osé » dire en arrivant à ce poste en 2007, que la France était en faillite.
Ce positionnement ne jouera pas nécessairement en sa faveur estime le New York Times, pour qui François Fillon pourrait s’avérer « vulnérable » étant donné ses positions qui iraient trop loin dans le contexte français :
« Ce genre d’élément de campagne a typiquement pour conséquence de faire descendre des milliers de manifestants dans la rue et de faire tomber un gouvernement. »
« Droite traditionnelle provinciale »
Sur le plan social, le Guardian estime que François Fillon est un conservateur qui « aime boire du thé, conduire des voitures de collection et réduire les dépenses de l’Etat ». Pour le quotidien britannique, M. Fillon, qui a voté contre la loi sur le mariage pour tous, est l’incarnation de la « droite traditionnelle provinciale » :
« C’est un catholique originaire d’un village du nord-ouest de la France, où il a vécu dans un château du XIIe siècle avec sa femme galloise et leurs cinq enfants durant une longue carrière en politique locale. »
Le New York Times qualifie aussi François Fillon de « taciturne et tourné vers la tradition ». Il estime que l’ancien premier ministre a joué sur les mêmes thèmes de campagne que Nicolas Sarkozy mais a convaincu plus d’électeurs en misant sur un discours « moins dur ».
Pour autant, en plus de sa bonne performance lors des débats télévisés, le Telegraph britannique établit un lien direct entre la remontée de François Fillon dans les sondages ces dernières semaines et la publication de son livre Vaincre le totalitarisme islamique, dans lequel le candidat, favorable à une loi contre le burkini, dénonce « l’invasion sanglante de l’islamisme dans notre quotidien ».
La presse internationale se projette aussi en 2017 et sur l’issue de la présidentielle, s’interrogeant sur la capacité de François Fillon à battre Marine Le Pen, dans le cadre d’un second tour quasi-acquis entre la droite et le Front national.
« Sortir marine Le Pen »
« Pour éviter un séisme politique proche de ce qui s’est passé en Grande-Bretagne au mois de juin avec le vote en faveur de Brexit, la France a besoin du candidat le mieux qualifié, le plus digne de confiance au centre droit pour sortir Marine Le Pen », insiste le Financial Times qui partage sur l’avis du New York Times :
« Les millions d’électeurs qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts n’auront peut-être pas envie d’entendre le message de la rigueur économique et de l’affaiblissement de l’Etat providence. »
Et le quotidien économique d’ajouter : « Beaucoup de ces électeurs pourraient se tourner vers Madame Le Pen, dont la rhétorique anti-système » pourrait s’avérer être un avantage.