Immigration, ce qu’il reste à faire avant 2017
Immigration, ce qu’il reste à faire avant 2017
Par Maryline Baumard
Après le démantèlement de la « jungle » de Calais, le nouveau locataire de la Place Beauvau, Bruno Le Roux, hérite de plusieurs dossiers migratoires difficiles.
L’ancien ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve (à droite sur la photo), nommé premier ministre, reçoit son successeur Place Beauvau, Bruno Le Roux, le 6 décembre. | CHRISTIAN HARTMANN / REUTERS
Et maintenant ? Le nouveau ministre de l’intérieur, Bruno Le Roux, prend son poste, place Beauvau, alors que 5 253 migrants de Calais ont été transférés à la fin du mois d’octobre vers 197 centres d’accueil et d’orientation (CAO) ouverts à cet effet dans toutes les régions de France. Le démantèlement de la plus grande « jungle » de France n’a pas clos le dossier des migrants, qui avait empoisonné son prédécesseur.
Comme durant tout le quinquennat, les places d’hébergement pour demandeurs d’asile devraient continuer à manquer, alors même qu’une loi oblige à leur trouver un toit. Surtout que la Direction générale des étrangers de France (DGEF) a donné consigne – non contredite par l’ancien ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve – que même sans être expulsés de France, les demandeurs d’asile en provenance de Calais seraient « dublinés ». C’est-à-dire qu’ils seront astreints à attendre six mois dans leur hébergement pour redemander l’asile en France. Une pratique qui risque d’engorger les CAO en figeant jusqu’à la fin du mandat les places déjà occupées. Or, avec le démarrage du camp humanitaire de Paris, en octobre, l’Etat doit chaque semaine héberger quelque 200 migrants, afin d’assurer la fluidité de ce camp de transit. La bagarre pour trouver des places disponibles sera donc au menu de Bruno Le Roux.
Les cadeaux empoisonnés ne s’arrêteront pas là, puisque le nouveau locataire de Beauvau hérite de trois autres dossiers migratoires difficiles. D’abord, que fera-t-il des mineurs de Calais que la Grande-Bretagne n’autorise à traverser la frontière qu’au compte-gouttes ? Tapera-t-il du poing sur la table plus fort que M. Cazeneuve ou les instillera-t-il doucement dans le système français d’aide sociale à l’enfance déjà saturé ?
Gérer la suite du démantèlement
Quant à Calais, il devra aussi gérer la suite du démantèlement. M. Cazeneuve quitte la Place Beauvau sans avoir tenu sa promesse de faire des « annonces rapides » pour un accueil « humain » des migrants qui continuent à passer par cette ville portuaire pour rejoindre la Grande-Bretagne… Les associations trouvent l’attente de plus en plus longue, même si pour le moment les migrants se font discrets.
Un autre passage de frontière commence à faire parler de lui. Ces dernières semaines, dans la vallée de la Roya, entre Vintimille et Menton (Alpes-Maritimes), un groupe de citoyens réclament un accueil digne des migrants qui arrivent là après leur traversée de la Méditerranée et la remontée de l’Italie. Sept d’entre eux sont déjà poursuivis en justice et le ton monte entre l’association qui les fédère et le président du conseil départemental, Eric Ciotti…
Restera aussi à assurer la promesse présidentielle de faire venir, avant la fin de 2017, 30 000 migrants d’Italie et de Grèce essentiellement, pour soulager ces deux pays d’accueil, en les relocalisant en France. Le cap des 2 000 a tout juste été franchi et les arrivées se sont taries depuis octobre…