Harcèlement : croyant bien faire, Twitter désactive une fonctionnalité, puis fait marche arrière
Harcèlement : croyant bien faire, Twitter désactive une fonctionnalité, puis fait marche arrière
Le réseau social, qui tente avec difficulté de lutter contre le harcèlement sur sa plate-forme, a cessé de prévenir les utilisateurs quand ils étaient ajoutés sur des listes. Avant de revenir sur sa décision.
Twitter a annoncé plusieurs mesures ces derniers mois visant à lutter contre le harcèlement. | JOSH EDELSON / AFP
Ces derniers mois, Twitter a annoncé plusieurs fonctionnalités pour lutter contre le harcèlement, permettant notamment aux utilisateurs de masquer automatiquement certains messages haineux afin qu’ils n’y soient plus confrontés. Mais cela n’a pas toujours suffi : pour continuer à les atteindre, les agresseurs les rangeaient dans des listes, nommées par des insultes. Or, quand le compte d’une personne est intégré à une liste, elle reçoit une notification l’en informant – et reçoit alors les insultes.
Pour lutter contre ce phénomène, Twitter a annoncé lundi 13 février, sur le compte consacré notamment aux questions de harcèlement, qu’il supprimerait les notifications lors de l’ajout dans une liste. Avant de faire marche arrière, à peine deux heures plus tard.
« Vous rendez aveugles les plus vulnérables »
Car, entre-temps, un certain nombre d’utilisateurs se sont plaints de cette modification, assurant qu’elle aurait des effets pervers. Et notamment, qu’elle rendait impossible l’identification, et donc le signalement, des personnes cherchant à nuire à d’autres utilisateurs.
« Vous êtes sérieux ? Nous voulions être en mesure de signaler les utilisateurs abusifs qui nous ajoutent à des listes, et non pas cesser d’en être avertis quand cela arrive ! », a par exemple tweeté un internaute. « Quand on m’ajoute à des listes appelées par exemple “connasses stupides”, j’aimerais le savoir. Ou ne pas être ajoutée du tout », souligne une autre. « C’est très important pour les gens de savoir s’ils ont été ajoutés à une liste de cibles. Là, vous rendez aveugles les plus vulnérables », a estimé @SwiftOnSecurity, un compte très populaire spécialisé dans la sécurité informatique. Celui-ci a fait une autre proposition : « L’approche correcte serait de permettre aux gens de se retirer eux-mêmes des listes ou de le faire automatiquement en bloquant l’utilisateur. »
Twitter a très vite réagi et a rétabli les notifications. « Nous avons entendu vos remarques – c’était un faux pas. Nous allons faire marche arrière, et nous restons à l’écoute », a écrit l’entreprise dans un nouveau message.
Les errements de Twitter
Ce « faux pas » illustre une nouvelle fois les difficultés auxquelles doit faire face Twitter pour lutter contre le harcèlement. Après avoir laissé de côté ce problème pendant des années – le PDG d’alors avait même reconnu que la façon dont Twitter luttait contre le harcèlement était « nulle » – l’entreprise a annoncé plusieurs mesures ces derniers mois, assurant qu’elle prenait la question du harcèlement très au sérieux.
Elle a par exemple facilité le signalement des tweets haineux, donné la possibilité aux utilisateurs de bloquer des comptes en masse, mais aussi de masquer des mots et des conversations. La méthode qui consiste à rendre le harcèlement invisible fait toutefois débat. Cela a certes tendance à décourager les agresseurs et permet aux utilisateurs d’utiliser la plate-forme plus sereinement, mais cela empêche aussi les victimes de se rendre compte des éventuelles campagnes de harcèlement dont elles font l’objet et donc d’agir en conséquence.