L’Etat islamique « pris au piège » à Mossoul, en Irak
L’Etat islamique « pris au piège » à Mossoul, en Irak
Le Monde.fr avec AFP
L’envoyé spécial américain auprès de la coalition internationale affirme que le dernier accès routier au bastion djihadiste de Mossoul-Ouest été coupé.
Mossoul, Irak, Le 8 Mars 2017. Un humvee de la Police Fédérale dans les quartiers de Mossoul ouest repris à l'Etat Islamique. Photo Laurent Van der Stockt pour Le Monde | LAURENT VAN DER STOCKT POUR "LE MONDE"
L’Etat islamique (EI) « pris au piège » à Mossoul : selon l’envoyé spécial américain auprès de la coalition internationale antidjihadistes, les forces irakiennes ont coupé tous les accès routiers à la partie ouest de la ville, le dernier grand bastion des combattants du groupe en Irak.
« L’EI est pris au piège. Dans la nuit, la 9e division blindée de l’armée irakienne, basée près de Badouch au nord-ouest de Mossoul, a coupé le dernier accès routier » de la deuxième ville du pays, a affirmé, dimanche 12 mars, Brett McGurk à des journalistes à Bagdad. « Tous les combattants qui se trouvent à Mossoul vont y mourir », a-t-il ajouté.
Des responsables américains ont récemment évalué à 2 500 le nombre de djihadistes présents dans l’ouest de Mossoul et dans la ville de Tal Afar, à l’ouest. La ville septentrionale avait été conquise en juin 2014 par le groupe ultraradical sunnite au cours d’une offensive éclair qui lui avait permis de s’emparer de vastes pans du territoire irakien à l’ouest et au nord de Bagdad.
Mais l’EI a depuis perdu 60% de l’ensemble de ces territoires, selon M. McGurk. Les forces irakiennes ont également repris à l’EI « plus d’un tiers » de la partie ouest de Mossoul depuis le lancement le 19 février de l’offensive sur ce secteur de la ville, a indiqué à l’AFP le général Maan al-Saadi, des forces d’élite du contre-terrorisme (CTS).
Laborieuse progression
La bataille pour Mossoul-Ouest est la seconde grande phase de l’opération lancée le 17 octobre 2016 par les forces irakiennes, qui, appuyées par la coalition internationale sous commandement américain, avaient annoncé fin janvier la « libération » de la partie orientale. Mais si la résistance djihadiste faiblit, les responsables militaires préviennent que des combats acharnés sont encore à venir pour reconquérir la totalité de Mossoul.
« Nous combattons un ennemi aux méthodes irrégulières, qui se cache au milieu des citoyens et utilise des engins explosifs, des snipers et des kamikazes. Or l’opération vise justement à préserver la vie des citoyens », a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) le général Yahya Rasool, porte-parole du commandement des opérations conjointes.
Cette résistance devrait être particulièrement forte dans la vieille ville, un quartier aux rues étroites où des centaines de milliers de civils sont toujours pris au piège. Des unités d’intervention rapide et la police fédérale attaquaient dimanche la zone de Bab al-Toub, près de la vieille ville, tandis que les CTS combattaient dans le quartier d’al-Jadida et celui d’al-Aghawat qu’ils ont repris dans la journée, selon le général Rasool.
Mais cette progression demeure laborieuse. Car « nous ne pouvons pas laisser des poches (de djihadistes) derrière nous. Il nous faut donc prendre le contrôle des zones, traquer les djihadistes, désamorcer (les bombes), contrôler les citoyens présents avant de pouvoir poursuivre notre progression », explique le général Saadi.
L’EI en recul en Syrie
Dans la Syrie voisine, l’EI est également en recul, en particulier autour de son fief de Rakka, dans le nord. Une ONG, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), a indiqué que « d’intenses combats » s’étaient poursuivis dimanche entre les jihadistes et les Forces démocratiques syriennes (FDS) -une alliance de combattants kurdes et arabes appuyée par Washington -, qui étaient parvenus à couper les principaux axes de communication de la ville avec l’extérieur, ouvrant la voie à l’assaut final.
L’envoyé spécial américain Brett McGurk a souligné à Bagdad l’importance stratégique de Rakka pour l’EI. « Rakka reste leur capitale administrative, c’est là que nous pensons qu’un grand nombre de leurs dirigeants se trouvent, c’est là que nous pensons qu’ils planifient de nombreuses attaques à travers le monde », a-t-il dit.
Dix-neuf personnes, dont huit civils, ont été tuées par des frappes aériennes, vraisemblablement de la coalition internationale sous commandement américain, à quelque 4 kilomètres au sud de Rakka, selon l’OSDH. Les FDS ont pris dimanche cinq nouveaux villages à l’est de Rakka, indique l’OSDH, selon lequel la situation humanitaire empire de jour en jour pour les civils des localités de la région qui restent aux mains de l’EI.
Outre les FDS, deux autres forces sont actuellement engagées contre l’EI dans le nord de la Syrie : les troupes turques et leurs alliés rebelles syriens et les forces du régime appuyées par la Russie.
A Damas, le principal groupe djihadiste rival de l’EI, le Front Fatah Al-Cham (ex-branche d’Al-Qaida en Syrie connue sous le nom de Front Al-Nosra) a revendiqué dimanche le double attentat ayant fait la veille 74 morts dont de nombreux pèlerins chiites à Damas. Le groupe djihadiste sunnite affirme que cette attaque est « un message à l’Iran et à ses milices », en référence notamment au soutien que fournissent l’Iran et le Hezbollah libanais au régime de Damas.
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