Des patrons d’auto-écoles manifesteront mardi contre « l’uberisation » de leur profession
Des patrons d’auto-écoles manifesteront mardi contre « l’uberisation » de leur profession
Le Monde.fr avec AFP
Les syndicats craignent que la dématérialisation de l’inscription au permis de conduire n’ouvre la porte aux plates-formes Internet qui promeuvent un « enseignement à bas coût ».
Des patrons d’auto-écoles se mobiliseront mardi 18 avril dans plusieurs villes de France à l’appel de leurs deux principaux syndicats, le Conseil national des professions de l’automobile (CNPA) et l’Union nationale intersyndicale des enseignants de la conduite (Unidec), contre la dématérialisation de l’inscription au permis de conduire, symbole d’une « uberisation » en marche de leur profession. Des opérations escargots sont prévues mardi matin à Paris, Lyon, Marseille, Toulouse et Nantes.
Les #autoecoles manifestent mardi 18 avril pour défendre la #securiteroutiere et une #education à la route de quali… https://t.co/1I41TKCMmg
— CNPApresse (@CNPA)
En 2015, la France comptait 11 000 exploitants d’auto-écoles, employant 25 000 salariés, enseignants et personnel administratif confondus. Pour le président du CNPA-Education routière, Patrice Bessone, cette possibilité d’inscription à distance, « c’est la ligne rouge ».
Elle se fait habituellement en préfecture. Mais « avec le plan Préfectures nouvelle génération, qui prévoit des fermetures de guichets, on va permettre aux personnes de le faire à distance, ou via les plates-formes Internet qui vont en faire un business », explique le dirigeant du premier syndicat d’auto-écoles.
« Généraliser un enseignement à bas coût »
« C’est la porte ouverte aux plates-formes digitales employant des “moniteurs indépendants illégaux” avec sa généralisation de travail dissimulé (non-paiement des charges sociales, TVA, etc.) », ajoute l’Unidec, deuxième organisation représentative, dans un communiqué dénonçant une « uberisation de (la) profession au travers d’une dématérialisation des dossiers d’inscription non contrôlée et ouverte à tout va ».
« On va généraliser un enseignement à bas coût », dont la qualité pédagogique n’est pas toujours avérée, estime Patrice Bessone. Pour lui, cette dématérialisation « se fait sous la pression des plates-formes en ligne qui vont mal financièrement et veulent se relancer ».
Face au ministère de l’intérieur, qui « ne [leur] répond pas clairement », les syndicats demandent à être reçus par le cabinet du premier ministre « pour qu’il fasse un arbitrage ». « On ne demande pas un monopole, on n’est pas contre l’inscription libre. On souhaite juste qu’elle se fasse sur une borne en mairie, comme pour la carte d’identité ou les passeports », explique M. Bessonne.
Les deux syndicats avaient mobilisé plusieurs centaines de patrons d’auto-écoles dans une opération similaire à la fin de février 2016 pour demander notamment le report de la nouvelle épreuve du code de la route. Plus de trois cents véhicules avaient défilé dans la capitale et plusieurs centaines dans d’autres villes de France, perturbant largement la circulation.