« Brutalité inédite », « cacophonie », « dialogue de sourds » : le débat Le Pen-Macron vu par la presse française
« Brutalité inédite », « cacophonie », « dialogue de sourds » : le débat Le Pen-Macron vu par la presse française
Par Le Monde.fr
Les journaux relèvent la véhémence et la confusion des échanges, ainsi que les profondes divergences sur le fond entre les deux finalistes de l’élection présidentielle.
Captation TV du débat pour le second tour de la présidentielle 2017 entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE
Le débat télévisé entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron a été d’une violence inédite et confus, déplore la presse, jeudi 4 mai, à trois jours du second tour de l’élection présidentielle. Les deux finalistes se sont affrontés « au cours d’un débat d’entre-deux-tours d’une brutalité inédite qui a souvent manqué de hauteur et sans parvenir à instaurer un dialogue à la hauteur de l’enjeu », résume en « une » Le Figaro. « Il est malaisé de qualifier de “débat” le pugilat d’hier soir », écrit l’éditorialiste Paul-Henri du Limbert.
Libération fait un constat similaire : « Sur le fond, deux projets radicalement opposés, sur la forme, des échanges semés d’invectives et insinuations qui ont plongé le débat dans la plus grande confusion. » Selon le quotidien de gauche, « dans ce débat tendu, Macron [a pris] rapidement l’avantage, laissant Le Pen prendre le risque de l’agressivité et de l’approximation, et dénonçant les “bêtises” de son adversaire. »
« Pour le fond des programmes, on reste sur sa faim »
« On attendait un débat tendu, il fut brutal. Pas une seconde de courtoisie ou d’amabilité ou tout simplement de politesse », écrit Le Parisien, pour qui « pour le fond des programmes, on reste sur sa faim ».
Un « débat brutal, violent de bout en bout », constate également Le Monde. Le débat fait la démonstration qu’« il est impossible de débattre normalement avec l’extrême droite », peut-on lire dans les colonnes du journal. « Marine Le Pen a ainsi montré son vrai visage », écrit son directeur, Jérôme Fenoglio, dans son éditorial. « Elle se disait la candidate de la “France apaisée”. Elle est apparue comme l’héritière d’une pratique politique qui a toujours reposé sur le dénigrement et la menace. L’émule, en outre, d’un Donald Trump, multipliant comme le président américain, les insinuations mensongères. La digne championne, enfin, d’un extrémisme prêt à profiter de toutes les peurs, à creuser toutes les fractures et à attiser tous les fantasmes. »
Les journaux regrettent que la violence des échanges ait éclipsé le débat de fond. « Que retiendront les Français des multiples sujets abordés ? Difficile à dire », déplore la journaliste Cécile Cornudet dans Les Echos.
Le quotidien régional Nice matin regrette que les candidats, en « corps à corps », aient « passé plus de temps à démonter les thèses de l’adversaire qu’à défendre leur propre projet. Difficile dans ces conditions, à quatre jours du second tour, de convaincre indécis et abstentionnistes », dit-il.
« Deux logiques qui ne s’adressaient pas aux mêmes électeurs »
« Macron et Le Pen n’ont pas joué la même partition », analyse Le Figaro, qui estime en « une » que « Macron tient le choc et s’impose face à Le Pen » : « La première s’est posée en candidate de l’indignation, le second en candidat des solutions. Deux logiques qui ne s’adressaient pas aux mêmes électeurs. » Le quotidien estime lui aussi que le débat aura « sans doute laissé perplexe la masse des indécis ».
Michel Urvoy, éditorialiste au quotidien régional Ouest-France, a assisté, pour sa part, à « un dialogue assez confus sur la forme, plus bruyant qu’éclairant et sur le fond, rien de nouveau ».
Au-delà de la brutalité sur la forme, les journaux constatent les profondes divergences de fond entre les deux candidats : « La campagne s’achève dans l’affrontement brutal de deux projets et personnalités que tout oppose », résume Les Echos.
Pour L’Opinion, le débat a, lui aussi, « incarné jusqu’à la caricature une France fragmentée, fracturée », où « l’absence de front républicain contre le FN » est la « preuve que le pays est au bord de la crise de nerfs ».
« Dimanche les Français auront, comme jamais auparavant, le choix entre deux finalistes que tout oppose », conclut le directeur adjoint des rédactions du Parisien, Donat Vidal Revel.