Gérald Darmanin, à Douville-en-Auge (Calvados), le 26 septembre 2016. | CHARLY TRIBALLEAU / AFP

La droite voit filer un de ses meilleurs espoirs. Mercredi 15 mai, Gérald Darmanin a été nommé ministre de l’action et des comptes publics dans le premier gouvernement d’Edouard Philippe. A 34 ans, le maire de Tourcoing est une des étoiles montantes de la droite. Plutôt que de se construire loin du pouvoir au sein du parti Les Républicains (LR), il a donc répondu à l’appel du pied d’Emmanuel Macron.

Jusque-là, il avait toujours gravité dans le cœur du principal parti de la droite en devenant un spécialiste des campagnes électorales. Après avoir été membre de la direction des jeunes du RPR, il s’est mis au service des hommes politiques importants du Nord de la France. Directeur de campagne de Christian Vanneste pour les élections législatives de 2007 et les municipales de 2008, il est élu conseiller municipal à Tourcoing. Il gravite déjà dans les instances nationales. Très proche de Xavier Bertrand, il poussera la candidature de ce dernier à la présidence de l’UMP en 2012. Elu à 29 ans député de la 10circonscription du Nord, maire de Tourcoing à 32 ans, tout est arrivé très vite pour ce diplômé de Sciences Po Lille.

Sa jeunesse attire Nicolas Sarkozy lors de son retour à la vie politique en 2014. L’ancien président de la République cherche désespérément à renouveler son entourage. Il le bombarde porte-parole de sa campagne pour la présidence de l’UMP. M. Darmanin est à l’aise dans les médias et il a une fibre sociale qui plaît à l’ancien chef de l’Etat soucieux de reconquérir les couches populaires.

Passioné de sociologie électorale

Puis il prend ses distances avec Paris. Il démissionne de sa fonction de secrétaire général adjoint du parti Les Républicains pour aider Xavier Bertrand à conquérir la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie en décembre 2015. Directeur de campagne lors de cette élection, il devient coordinateur de la campagne de la primaire de Nicolas Sarkozy. Ce gaulliste social est un passionné de géographie et de sociologie électorale.

Persuadé que l’ancien président l’emportera car sa base se mobilisera, il est le premier à tirer la sonnette d’alarme sur la sociologie du vote Fillon au lendemain de ce scrutin. « La primaire est un instrument intéressant pour sélectionner et légitimer un candidat. Le problème est que cet outil n’intéresse que les classes sociales supérieures, les retraités et les urbains qui ont du temps à y consacrer », confie-t-il au Monde avant de prévoir : « Si le candidat de droite ne parle qu’aux milieux favorisés, son socle électoral sera très réduit et le FN récoltera les votes des plus modestes. »

Peu en phase avec un libéralisme trop rigoriste, Gérald Darmanin ne sera pas à l’aise dans l’équipe de François Fillon. Le 3 mars, il renonce à faire campagne au même moment que ses amis les plus proches du parti : les lemairistes Thierry Solère et Sébastien Lecornu mais aussi les juppéistes Gilles Boyer et Edouard Philippe. Plutôt adepte d’une laïcité moderne – il défend la signature d’un concordat avec l’islam –, il ne cachait pas son envie d’affronter Laurent Wauquiez lors du prochain congrès de LR. A ce moment-là, il sera plutôt plongé dans le budget 2018 de la France sous la direction d’Edouard Philippe.

L'annonce du premier gouvernement d'Edouard Philippe
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