Xavier Martire, patron d’Elis. | ERIC PIERMONT / AFP

Elis a réussi son audacieux pari britannique. Malgré de fortes oppositions initiales, le champion français de la blanchisserie industrielle est en passe de mettre la main sur son principal concurrent en Grande-Bretagne, Berendsen. Après plusieurs mois de relations hostiles, les dirigeants des deux groupes ont fini par s’entendre sur un projet de fusion, qui sera recommandé par l’ensemble des administrateurs de Berendsen, a annoncé Elis lundi 12 juin.

Cette opération évaluée à 2,2 milliards de livres, soit 2,5 milliards d’euros, est décisive pour le leader français. Si les actionnaires britanniques suivent la recommandation unanime qui leur est faite et apportent bien leurs titres à l’offre publique d’achat (OPA), Elis va ainsi presque doubler de taille et pouvoir dominer le marché. Le groupe, qui a réalisé un chiffre d’affaires d’environ 1,7 milliard d’euros en 2016, affichera, après la fusion, un volume d’activité de quelque 3 milliards d’euros. Le nouvel ensemble comptera plus de 440 sites et sera présent dans 28 pays.

Ce mariage entre blanchisseurs, pourtant, avait mal débuté. Fin avril, lorsqu’Elis avait profité de l’affaiblissement de Berendsen en bourse après deux avertissements successifs sur ses résultats et soumis une première proposition d’achat confidentielle, les administrateurs britanniques avaient opposé un « no » sans appel, et refusé d’engager des discussions.

Légère hausse du prix offert

Bien décidé malgré tout à « créer un leader paneuropéen de la location et de l’entretien d’articles textiles et d’hygiène », le groupe français avait néanmoins présenté le 16 mai une offre améliorée de 7 %… et essuyé un nouvel échec.

Elis a alors choisi alors de passer en force et de rendre publique sa proposition d’OPA, en prenant ainsi les actionnaires de Berendsen à témoin. Le titre du groupe britannique a immédiatement bondi de 22 % à la Bourse de Londres, plaçant les dirigeants de Berendsen en situation délicate. Difficile pour eux d’expliquer pourquoi ils avaient rejeté de telles propositions, et refusé toute discussion. Ils ont donc accepté enfin d’entamer des pourparlers. Et fini par rendre les armes, en échange d’une légère hausse du prix offert.

Après un premier accord de principe la semaine dernière, l’accord ferme dévoilé ce lundi prévoit que les actionnaires de Berendsen recevront à la fois de l’argent et des actions Elis. Au total, l’offre valorise chaque titre Berendsen à 12,45 livres, soit 44 % de plus que ce que valait l’entreprise en bourse le 17 mai, juste avant les premières annonces publiques.