Le recours au congé parental en forte baisse
Le recours au congé parental en forte baisse
Par Gaëlle Dupont
Le nombre de bénéficiaires de l’indemnité du congé parental chute, selon une étude de la Caisse nationale d’allocations familiales à paraître prochainement.
Ce que redoutaient les opposants à la réforme du congé parental votée en août 2014 est-il en train de se produire ? Pour toucher l’indemnité, les parents doivent désormais partager le congé – six mois chacun pour le congé d’un an après le premier enfant, deux tiers-un tiers pour le congé de trois ans à partir du deuxième enfant. L’objectif est d’impliquer davantage les pères dans l’éducation des enfants, le congé parental étant à 96 % pris par les mères, ce qui creuse les inégalités de salaires et d’implication dans le travail domestique ensuite.
Baisse de l’indemnité
Cependant, une étude à paraître de la Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF) montre que le nombre de bénéficiaires de l’indemnité chute. D’autant qu’elle a été diminuée pour les ménages qui disposent des plus hauts revenus. Le mouvement avait commencé avant la réforme, puisque l’effectif d’allocataires a baissé de 22 % de 2008 à 2015. Mais il s’accentue en 2015 (-7,4 %, contre -2,9 % les années précédentes) et s’accélérerait encore en 2016. La CNAF n’a pas encore analysé en détail les causes de ce phénomène mais émet des hypothèses. L’obligation de partager le congé parental d’un an aurait entraîné une légère augmention du nombre de pères bénéficiaires de ce congé. En revanche, ils ne prendraient pas la deuxième partie du congé de trois ans, ce qui entraînerait une diminution de la durée de perception de l’indemnité. Certaines familles pourraient avoir complètement renoncé à entrer dans le dispositif en constatant qu’il ne couvrait plus la période jusqu’à l’entrée en maternelle de l’enfant.
L’analyse détaillée des chiffres montre que les mères aux revenus les plus élevés recourent moins au congé parental à temps partiel, ce qui pourrait être lié à la baisse de l’indemnité versée. Les mères aux revenus les plus modestes ont de leur côté moins recours à l’indemnité versée pour un congé à temps plein. La CNAF estime que de moins en moins de mères remplissent les conditions d’activité antérieure nécessaires pour la toucher. Une « volonté de ne pas s’éloigner davantage du marché du travail » dans une période marquée par un fort taux de chômage est également avancée.