Etats-Unis : la réforme du système de santé ne fait pas l’unanimité chez les Républicains
Etats-Unis : la réforme du système de santé ne fait pas l’unanimité chez les Républicains
Le Monde.fr avec AFP
Une partie des défections survient après la publication d’un rapport du CBO, expliquant que le Trumpcare conduirait à une réduction du nombre d’assurés de 22 millions en 2026.
L’avenir du « Trumpcare », la réforme républicaine du système de santé promise par Donald Trump, s’annonce incertain. En effet, plusieurs élus de la majorité sont prêts à faire défection contre cette loi qui priverait des millions d’Américains de couverture maladie.
Un nouveau rapport, publié lundi 26 juin, a mis de l’huile sur le feu. Le bureau du budget du Congrès (CBO) a estimé que 49 millions de personnes seraient dépourvues d’assurance en 2026 si la proposition de loi républicaine entrait en vigueur, contre 28 millions si Obamacare était préservée – conséquence des coupes draconiennes qui frapperaient le budget fédéral de la santé. Cela équivaut à une réduction du nombre d’assurés de près de 22 millions en 2026. Le texte, élaboré par les chefs de la majorité républicaine du Sénat, sera débattu cette semaine dans l’hémicycle, avec un vote souhaité avant la fin de la semaine.
Toute la minorité démocrate étant contre, son sort est entre les mains d’une poignée d’ultra-conservateurs, d’une part, et de républicains modérés, d’autre part, ces derniers représentant des Etats américains qui ont fortement bénéficié d’Obamacare depuis sept ans. Or ceux-ci n’entendent pas priver des millions de leurs habitants de couverture-maladie au prétexte de tenir la promesse électorale d’abroger la loi démocrate, promulguée en 2010 par Barack Obama.
Une défection estimée
Le Sénat américain compte 100 sénateurs. Les républicains sont 52, et ne peuvent donc se permettre que deux défections.
Le président américain, qui a laissé la rédaction de la loi aux parlementaires, dénonce l’obstruction démocrate, mais c’est bien son propre camp qui menace de torpiller l’initiative. « Les sénateurs républicains travaillent dur, sans aucune aide des démocrates. Pas facile ! Peut-être faut-il laisser Ocare [Obamacare] s’effondrer ! » a-t-il tweeté lundi.
Republican Senators are working very hard to get there, with no help from the Democrats. Not easy! Perhaps just let OCare crash & burn!
— realDonaldTrump (@Donald J. Trump)
Au dernier décompte, au moins cinq républicains avaient pris position contre la législation. Le dirigeant a parlé ce week-end à plusieurs d’entre eux « pour écouter leurs préoccupations », a rapporté le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer.
Maintenant que l’impact est estimé, le groupe de républicains modérés pourrait sortir du bois et se déclarer clairement en opposition.
Les Républicains dans l’impasse
Trouver un compromis relève de la quadrature du cercle. Tout amendement qui satisferait les modérés ferait partir les conservateurs, et inversement. Les quatre frondeurs ultra-conservateurs regrettent ainsi que des milliards de subventions et de nombreuses réglementations soient maintenues en place par le plan républicain, loin de l’abrogation pure et simple dont ils rêvent.
« Je ne voterai pas pour quelque chose qui ressemble autant à Obamacare et ne résout pas les problèmes fondamentaux d’Obamacare », a répété le sénateur du Kentucky Rand Paul dimanche, sur ABC.
Et parmi les modérés, on dénonce la réduction progressive des aides fédérales au système de santé, en particulier pour l’assurance publique destinée aux plus pauvres, Medicaid, qui assure un Américain sur cinq et a été dopée par Obamacare. « Je ne peux soutenir une loi qui prive d’assurance des dizaines de millions d’Américains et des centaines de milliers d’habitants du Nevada », a prévenu le républicain Dean Heller vendredi.
Les négociations devraient se poursuivre toute la semaine au sein de la majorité, et un marathon de votes sur des amendements aura lieu avant le vote final, à moins que le chef de file des républicains au Sénat, Mitch McConnell, ne se résolve à retirer le texte, constatant l’impasse.