L’athlète paralympique sud-africain Oscar Pistorius lors de son procès en appel pour le meurtre de Reeva Steenkamp, le 14 juin 2016, à Pretoria. / Themba Hadebe/AP

Il s’agit du dernier rebondissement en date dans ce très long feuilleton judiciaire qui tient en haleine les médias sud-africains depuis quatre ans. Dans la nuit du 13 au 14 février 2013, Oscar Pistorius a tué de quatre balles, chez lui, à Pretoria, sa compagne le mannequin Reeva Steenkamp, qui était enfermée dans les toilettes.

Il a toujours plaidé la méprise : il pensait qu’un cambrioleur s’était introduit dans sa maison située dans un lotissement ultra sécurisé, typique des quartiers cossus d’Afrique du Sud, pays à très forte criminalité.

Le feuilleton Pistorius en trois minutes
Durée : 03:10

En première instance, Oscar Pistorius a été condamné à cinq ans de prison pour « homicide involontaire ». Mais le parquet a fait appel et obtenu une condamnation à six ans de prison pour meurtre. Jugeant toutefois la peine « scandaleusement inappropriée », le parquet a de nouveau saisi la justice pour obtenir une sentence plus lourde.

Stratégie de l’émotion

La Cour suprême d’appel de Bloemfontein (centre) doit entendre vendredi 3 novembre ses arguments, ainsi que ceux de la défense, en l’absence de M. Pistorius. Elle devrait rendre son jugement à une date ultérieure.

« Le meurtre est passible d’une peine minimum de quinze ans », a rappelé jeudi le porte-parole du parquet, Luvuyo Mfaku. « Certes le tribunal a toute discrétion pour s’éloigner de la peine plancher en fonction de circonstances atténuantes, mais, dans ce cas précis, nous estimons que le tribunal a été trop clément », a-t-il ajouté.

Lors du procès en appel en 2016, la défense avait joué la carte de l’émotion : l’ancien athlète, amputé enfant des deux jambes, avait retiré ses prothèses et marché d’un pas hésitant, tête baissée, sur ses moignons, pour témoigner de sa vulnérabilité physique et tenter d’amadouer la magistrate.

La stratégie s’était révélée payante. La juge Thokozile Masipa avait prononcé une peine de six ans. Elle avait estimé que « les circonstances atténuantes l’emportaient sur les facteurs aggravants » et justifiaient « de ne pas imposer la peine plancher de quinze ans pour meurtre ».

Le déclin de « Blade Runner »

La juge avait notamment énuméré la « vulnérabilité » d’Oscar Pistorius au moment du drame, puisqu’il était sur ses moignons, ses tentatives vaines de ranimer Reeva Steenkamp et ses demandes de pardon auprès de la famille de la victime.

En tirant sur la porte des toilettes en cette nuit de Saint-Valentin, le héros des stades a toutefois tout perdu. Ruiné, dépressif, selon la défense, lâché par ses sponsors, la belle histoire de « Blade Runner » – le coureur handicapé qui s’alignait muni de ses prothèses de carbone aux Jeux olympiques de Londres en 2012 aux côtés des athlètes valides – a volé en éclats.

Oscar Pistorius est actuellement détenu dans la prison d’Atteridgeville, dans la banlieue de Pretoria. Selon la loi sud-africaine, il ne peut faire de demande de libération conditionnelle avant d’avoir purgé la moitié de sa peine, qu’il atteindra en 2019. Il aura alors 33 ans.