L’enquête d’une instance britannique a poussé WhatsApp à s’engager à ne pas partager ses données pour le moment. / JUSTIN SULLIVAN / AFP

C’est un engagement public que l’application de messagerie chiffrée WhatsApp a pris. L’entreprise a promis qu’elle ne partagerait pas les données de ses utilisateurs britanniques avec Facebook. Du moins pas pour l’instant, explique l’Information Commissioner’s Office (ICO), une instance britannique publique indépendante chargée entre autres de conseiller le Parlement sur des questions de protection des données personnelles, dans un communiqué publié le 14 mars.

Rachetée par Facebook en 2014, WhatsApp avait intégré dans ses conditions d’utilisation la possibilité d’échanger des informations personnelles avec sa nouvelle maison mère à l’été 2016.

Son nouvel engagement vaudra jusqu’à ce que les deux firmes puissent « se conformer avec le règlement général sur la protection des données ». Celui-ci doit être mis en place dans l’Union européenne dès mai 2018.

Un partage jugé contraire à la loi britannique

Elizabeth Denham, qui dirige l’ICO, explique dans le communiqué que l’engagement de WhatsApp fait suite à une enquête de son organisation conduite depuis août 2016. Elle portait sur une question : celle de savoir « si WhatsApp pouvait légalement partager les données de ses utilisateurs avec Facebook de la manière dont elle le faisait ».

L’enquête a permis d’établir qu’un tel procédé était contraire à plusieurs principes du Data Protection Act, une loi britannique régissant l’utilisation des données personnelles.

Un porte-parole de WhatsApp a affirmé au site TechCrunch que l’entreprise ne collectait que « très peu de données », et que « chaque message envoyé [sur la plate-forme] était chiffré de bout en bout » : « Comme nous l’avons expliqué clairement à plusieurs reprises l’année dernière, nous ne partageons pas nos données de la manière que rapporte l’ICO. »

La fronde des pays européens contre WhatsApp

En France, la présidente de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a mis en demeure WhatsApp en décembre. Elle a demandé à l’entreprise de « procéder légalement à la transmission des données de ses utilisateurs à Facebook, notamment en obtenant leur consentement ».

D’autres pays européens ont également obligé l’application de messagerie à mieux encadrer le transfert de ses données. C’est le cas en Italie, où l’autorité de la concurrence a infligé en mai une amende de trois millions d’euros à WhatsApp pour avoir incité ses utilisateurs à accepter le transfert « en leur faisant croire qu’ils ne pourraient utiliser [le service] dans le cas contraire ». L’Allemagne a, elle, interdit à Facebook dès septembre 2016 « de collecter et de stocker les données des utilisateurs allemands de WhatsApp ». Elle lui a également ordonné de supprimer celles déjà transmises.