LES CHOIX DE LA MATINALE

Pourquoi ne pas profiter de cette fin de semaine pour tenter une expérience sensorielle fascinante avec Julien Mellano au Mouffetard-Théâtre des arts de la marionnette ; aller voir s’affronter des groupes de hip-hop à La Villette ; s’immerger dans l’histoire de la Palestine, vue par Adeline Rosenstein, à la Cité internationale ; écouter les histoires du Printemps de la parole au Centre Mandapa ; voir migrer les oiseaux de Michaël Levinas à l’Athénée ; assister à l’ouverture de saison au Nombril du monde à Pougne-Hérisson (Deux-Sèvres)…

SPECTACLE. Une expérience sensorielle au Mouffetard, à Paris

Julien Mellano dans « Ersatz ». / COLLECTIF AÏE AÏE AÏE

Une poignée de cutteurs, du carton, du fil de laine : il n’en faut pas plus à Julien Mellano pour créer une atmosphère, à la fois fascinante et inquiétante, dans laquelle il plonge le public le temps de son spectacle, Ersatz.

Seul sur la scène du Mouffetard-Théâtre des arts de la marionnette à Paris, assis face au public dans un décor composé de dalles lumineuses qui s’allument et s’éteignent créant par moments un effet stroboscopique, le comédien et metteur en scène ouvre des boîtes, plie du carton, se compose des lunettes virtuelles de bric et de broc, branche un cerveau tricoté en laine à un ordinateur de papier mâché, se coiffe d’un casque le mettant en relation avec un monde qui nous échappe…

Pas une parole mais des bruitages accentuant les sons du papier qui se déchire, de la mastication des éléments que l’acteur ingurgite… Une expérience sensorielle, en même temps qu’une réflexion sur nos mondes hyperconnectés, proposée par l’artiste du collectif Aïe aïe aïe, qui s’est donné pour ambition de tâter à toutes les formes de création scénique. Sylvie Kerviel

« Ersatz », de et avec Julien Mellano. Mouffetard-Théâtre des arts de la marionnette, 73, rue Mouffetard, Paris 5e. Du mardi au samedi à 20 heures, le dimanche à 17 heures. Jusqu’au 8 avril. Durée : 1 heure. Non recommandé aux petits de moins de 12 ans. Tarifs : de 12 € à 18 €.

DANSE. Les groupes de hip-hop s’affrontent à La Villette, à Paris

The Ruggeds est un groupe de hip-hop venu des Pays-Bas. / BYLITTLESHAO

La Golden Stage de La Villette porte bien son nom. Elle rassemble, l’espace d’une soirée explosive, un échantillon de quelques-uns des meilleurs « crews » hip-hop de la planète. Depuis 2015, ce rendez-vous permet de prendre la température de l’invention technique de plus en plus aiguisée des hip-hopeurs et de leur capacité à mettre en scène autre chose que des numéros de virtuosité.

Cette année, quatre groupes de haut niveau se télescopent sur le plateau de la Grande Halle de La Villette. Venus des Pays-Bas, The Ruggeds font grimper les enchères de la break dance acrobatique au sol ; DC Vortex mélange hip-hop et krump, en pariant sur le talent de très jeunes danseurs français ; The Rookies, venus de Nantes et du free jazz, combinent tous les styles au sol et debout tandis que les Japonais de WCD, pour la première fois à l’affiche à Paris, la jouent futuriste.

Chorégraphies de groupes portées par l’énergie des « battles », formats spectaculaires courts, bon esprit, ce rendez-vous festif sera piloté par le comédien, venu du slam, Donel Jack’sman, qui fera passer les plats en chauffant l’ambiance comme il se doit. Rosita Boisseau

« Golden Stage », Grande Halle de La Villette, Paris 19e. Vendredi 6 et samedi 7 avril, à 20 h 30. Tél. : 01-40-03-75-75. Tarifs : de 10 € à 26 €.

THÉÂTRE. Une histoire de la Palestine, à la Cité internationale, à Paris

« Décris-Ravage », d’Adeline Rosenstein au Théâtre de la Cité internationale à Paris. / HICHEM DAHES

Décris-Ravage est repris au Théâtre de la Cité internationale, à Paris, où une première mouture du spectacle avait été présentée en 2016. Un spectacle au long cours : Adeline Rosenstein a commencé à y travailler après « Plomb durci », l’opération menée par Israël contre le Hamas, de décembre 2008 à janvier 2009.

Née à Genève en 1971 dans une famille juive, cosmopolite et laïque, citoyenne du monde dans sa façon de vivre entre Berlin, Jérusalem, Buenos Aires, Paris et Bruxelles, Adeline Rosenstein voulait comprendre comment on en était arrivé là. Elle s’est donné du temps et des moyens, et le résultat lui donne raison.

Décris-Ravage, qui reprend les codes d’une conférence, d’une manière ludique et brillante, n’est pas du théâtre documentaire simplificateur : il n’explique pas la complexité de la question de la Palestine, il donne des clés multiples pour l’approcher. Brigitte Salino

« Décris-Ravage », d’Adeline Rosenstein. Théâtre de la Cité internationale, Paris 14e. Intégrale du spectacle (4 heures, entracte compris) vendredi 6 et dimanche 8 avril. Tél. : 01-43-13-50-50. Tarifs : de 7 € à 24 €.

CONTES. Le Printemps de la parole refleurit au Centre Mandapa, à Paris

Le Centre Mandapa se met à l’heure du Printemps de la parole jusqu’au 15 avril 2018. / WWW.CENTRE-MANDAPA.FR

La parole sous toutes ses formes (musicale, visuelle, improvisée, moralisatrice, visionnaire…) est de nouveau mise à l’honneur au Centre Mandapa, jusqu’au 15 avril.

Avec au programme douze spectacles, dont quatre par week-end (du vendredi au dimanche), pour découvrir (ou revoir) de nouveaux conteurs et conteuses : Bernard Martin Fargier, du Théâtre des oiseaux (avec Christian Leroy au violon) ; Fazia Kerrad ; Claire Péricard (avec Serge Vlassenko à la balalaïka) ; Florence Sarrailh ; Anne-Catherine Hurault ; Anne Boutin-Pied ; Halima Hamdane (avec Jawad El Garouge au guembri) ; Magguy Faraux.

Et toujours une même volonté de décloisonner les arts du récit en les ouvrant vers d’autres disciplines artistiques comme la musique, les arts plastiques, le théâtre, la danse, etc. Les histoires proposées viendront de plusieurs pays, de la Russie à la Chine et au Japon en passant par les Antilles et le Sahara. Cristina Marino

« Le Printemps de la parole », jusqu’au dimanche 15 avril. Centre Mandapa, 6, rue Wurtz, Paris 13e. Tél. : 01-45-89-99-00. Tarifs : de 7 € à 16 €.

SPECTACLE MUSICAL. Les oiseaux de Michaël Levinas à l’Athénée, à Paris

« La Conférence des oiseaux », de Michaël Levinas au Théâtre de l’Athénée à Paris. / PASCAL CHANTIER

Depuis le début des années 1970, le pianiste et compositeur Michaël Levinas, un des chefs de file de la musique spectrale, développe une œuvre personnelle au parcours riche et atypique, comme en témoigne la reprise de cette création de 1985 qu’est La Conférence des oiseaux.

Composée à partir de la traduction de Jean-Claude Carrière pour Peter Brook du recueil de poèmes médiévaux en langue persane publié par le poète soufi Farid Al-Din Attar en 1177, le musicien français se fraie en musique un chemin mystique et existentiel en suivant un groupe d’oiseaux migrateurs, partis à la recherche de Simorgh, l’oiseau mystérieux qu’ils se veulent pour roi. Des étapes multiples vers la connaissance de la nature divine.

Ce spectacle musical pour soprano-comédienne, récitant, ensemble instrumental et bande magnétique, est défendu par l’Ensemble 2e2m dirigé par Pierre Roullier, Raquel Camarihna, soprano nommée en 2017 aux Victoires de la musique classique, deux sociétaires de la Comédie-Française (Lucas Héraut et Hervé Pierre) et la metteuse en scène Lilo Baur, déjà sa complice du Petit Prince créé en novembre 2014 à l’Opéra de Lausanne. Marie-Aude Roux

« La Conférence des oiseaux », de Michaël Levinas. Avec Raquel Camarinha, Hervé Pierre, Lucas Héraut, Lilo Baur (mise en scène), Bernadette Beaudet et Jean-Pierre van Wambeke (décors), Gilles Gentner (lumières), Agnès Falque (costumes), Etienne Graindorge (réalisateur en informatique musicale), Ensemble 2e2m, Pierre Roullier (direction). Théâtre de l’Athénée, 7, rue Boudreau, Paris 9e. Du 6 au 11 avril. Tél. : 01-53-05-19-19. Tarifs : de 28 € à 36 €.

ARTS DU RÉCIT. Le Nombril du Monde ouvre sa saison à Pougne-Hérisson

L’arbre du Jardin du Nombril du Monde à Pougne-Hérisson (Deux-Sèvres). / DOM COPIN

Si vous n’avez jamais entendu parler de Pougne-Hérisson dans les Deux-Sèvres, il est grand temps de remédier à cela. Et pourquoi pas en assistant à la Journée mondiale des Nombrils du monde, samedi 7 avril, qui marque l’ouverture de saison de ce village, peuplé non pas d’irréductibles Gaulois, mais d’intarissables conteurs et conteuses ?

Inauguré à la fin des années 1980 par Yannick Jaulin, Le Nombril du Monde se veut à la fois un lieu d’échanges, de spectacles et de création autour des arts de la parole. Au programme des festivités prévues par le R.I.N. (Rassemblement international des nombrils) pour cette journée d’ouverture : une cérémonie officielle des Nombrils du monde afin de célébrer tous les lieux mythologiques de jonction entre le ciel et la terre, et par extension, les nombrils humains ; une visite guidée légendaire du village pour soigner la « pou » (« peur ») ; une animation sonore autour des « cabanes » du collectif Gonzo ; un apéro rassembleur afin d’inaugurer comme il se doit le nouvel espace buvette-restauration et boutique du Nombril, Le Cordon 2.0. Pour l’occasion, le Jardin des histoires, lieu dédié à tous les récits, dont la légende veut qu’ils prennent naissance à Pougne-Hérisson, ouvrira aussi ses portes. C. Mo.

« Journée mondiale des Nombrils du monde », ouverture de saison du Nombril du monde, samedi 7 avril, dès 14 h 03. A Pougne-Hérisson (Deux-Sèvres). Entrée libre.