Malgré leur « bromance », la presse américaine souligne les nombreux désaccords entre Trump et Macron
Malgré leur « bromance », la presse américaine souligne les nombreux désaccords entre Trump et Macron
Si les médias américains ont longuement commenté « la relation spéciale » affichée par les deux présidents, ils retiennent aussi leurs réelles divergences sur plusieurs sujets.
Emmanuel Macron et Donald Trump, le 24 avril à la Maison Blanche, à Washington. / --- / ---/ZUMA Wire/dpa
C’est une visite d’Etat qui a été très scrutée et très commentée. Au cours des trois jours de la visite d’Emmanuel Macron aux Etats-Unis – la première pour un chef d’Etat depuis l’élection de Donald Trump –, les médias américains sont longuement revenus sur la « relation particulière » affichée avec le président américain.
« La “bromance” : Trump et Macron, de nouveau ensemble », a notamment titré le New York Times après la venue de M. Macron à la Maison Blanche, mardi 24 avril. Le président américain et son homologue français ont multiplié les embrassades et les poignées de main pour afficher ostensiblement « leur amitié ». M. Trump n’a ainsi pas été avare en louanges envers M. Macron : « Il est impeccable », ou encore « ce sera un grand président pour la France ».
« Quand le président Trump a reçu le président français à la Maison Blanche, mardi, pour la première visite d’Etat officielle de l’ère Trump, leur langage corporel est allé au-delà des respectueuses poignées de main d’usage entre deux dirigeants du monde […] et a confiné à l’intime », fait remarquer le New York Times qui y voit « une stratégie diplomatique » de la part du président français.
« Histoire d’amour »
De son côté, le Washington Post parle même « d’histoire d’amour », en français dans le texte. Mais pour le quotidien américain :
« Les démonstrations d’affection publiques abondantes ont également soulevé la question de savoir si Trump et Macron s’étaient finalement embarqués dans une vraie bromance transcontinentale ou si les deux hommes participaient simplement à un jeu de surenchère. »
Et « comme dans toutes les bromances stéréotypés » poursuit le Washington Post, « les femmes – en l’occurrence, la femme de Trump, Melania, et l’épouse de Macron, Brigitte – étaient reléguées à des rôles de soutien quasi silencieux ».
Les médias américains sont également longuement revenus sur « l’affaire des pellicules ». A la Maison Blanche, mardi, M. Trump a en effet balayer les pellicules du costume de M. Macron. « Nous avons une relation très privilégiée, d’ailleurs je vais retirer ces quelques pellicules », avait lancé M. Trump en faisant mine d’épousseter l’épaule d’Emmanuel Macron.
Pour l’éditorialiste du Washington Post, Dana Milbank, tout en nuance, « il y a un siècle, l’affaire Dreyfus a ébranlé la France. Maintenant, cette nation doit affronter l’affaire pelliculaire ».
Plus sérieusement, le journaliste américain se demande :
« Quel est le jeu de Macron ? Typiquement, flatter l’ego de Trump afin qu’il soit d’accord avec lui sur des questions de fond. Mais cela ne semble pas fonctionner pour Macron. »
Réelles divergences
Car cette « relation spéciale » et les nombreux gestes d’affection entre MM. Trump et Macron n’ont pas caché les réelles divergences entre les deux présidents : l’accord sur le nucléaire iranien, la guerre commerciale entre l’Europe et les Etats-Unis ou encore le changement climatique.
Cela s’est notamment vu lors du discours au Congrès prononcé mercredi par Emmanuel Macron. Ainsi pour Vox les désaccords entre les deux hommes sont nombreux.
« Macron, considéré comme le leader européen préféré de Trump, a présenté des positions radicalement en désaccord avec les positions de Trump sur l’accord nucléaire iranien (Macron a déclaré que les Etats-Unis devraient y rester), le changement climatique (Macron dit qu’il était réel et devait être combattu), le libre-échange (Macron a mis en garde contre le protectionnisme) et la coopération internationale plus largement. »
« Dans la partie potentiellement la plus importante de son discours, Macron a mis en garde les Etats-Unis contre le retrait de l’accord nucléaire iranien et a promis que la France ne s’en retirerait pas », poursuit le site d’information américain.
« Démantèlement du trumpisme »
Une analyse partagée par Stephen Collinson de CNN qui estime que, devant le Congrès, « le leader français charismatique (…) a répudié la philosophie politique et la vision du président américain ». Pour le journaliste américain, le discours de M. Macron ressemblait « à un discours sur l’état de l’Union d’un président démocrate américain ».
Une analyse partagée par l’édito très élogieux du Washington Post. Selon le quotidien, M. Macron « s’est servi de son discours pour se livrer à un démantèlement à grande échelle du trumpisme, le tout enveloppé dans une lettre d’amour aux Etats-Unis et un appel aux Américains à respecter les valeurs ancrées dans notre propre histoire ».
Mais pour M. Collinson de CNN, la volonté du chef de l’Etat « à maintenir une relation amicale avec Trump sera sévèrement mise à l’épreuve si le président décidé, malgré ses prières, de sortir les Etats-Unis de l’actuel accord nucléaire iranien et de poursuivre une guerre commerciale avec l’Europe ». Sur le premier point, M. Macron sera vite fixé. Donald Trump doit annoncer le 12 mai si les Etats-Unis se retirent ou non l’accord iranien et s’il rétablit des sanctions contre l’Iran.
Au Congrès américain, Macron dénonce le nationalisme et la guerre commerciale
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