Clément Schneider sur la plage de la Quinzaine à Cannes, le 14 mai 2018. / STEPHAN VANFLETEREN POUR « LE MONDE »

ACID

L’action d’Un violent désir de bonheur se situe en 1792, à moins qu’il ne s’agisse d’aujourd’hui… Présenté à Cannes dans la section ACID (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), le film de Clément Schneider s’ouvre sur un délicieux anachronisme : à peine le moine Gabriel est-il prévenu de l’arrivée imminente des troupes révolutionnaires que le générique interrompt l’action, sur une musique des Last Poets, groupe new-yorkais créé en 1968 dont les textes poétiques racontaient les luttes noir-américaines. « When the revolution comes ! »… Le film à costumes cède la place à une fiction, ou plutôt une parabole : comment un être s’éveille-t-il intimement, et politiquement ?

Gabriel est interprété par ­Quentin Dolmaire, découvert dans Trois souvenirs de ma jeunesse (2014), d’Arnaud Desplechin. En face, il y a Marianne, jeune femme noire mutique et allégorie de la République, qui va finir par prendre la parole pour ne dire que des choses essentielles. Elle est incarnée avec force par Grace Seri, que l’on a vue dans