« Silencer ». / © YUKA NAGATE/SHO FUMIMURA

« Silencer », le nom du silencieux qui équipe l’arme de l’héroïne. Silencieux, comme la traduction de son prénom, Shizuka, « silence », en français. Silencieux aussi, car le personnage principal de ce manga policier, sorti le 26 avril chez Komikku, n’est pas très bavard, dans ce monde plutôt brutal.

« Silencer ». / © YUKA NAGATE/SHO FUMIMURA

L’histoire commence aux Etats-Unis, où Shizuka, une jeune flic japonaise en résidence au département de police de New York, s’est fait une réputation de tueuse impitoyable. A son retour au Japon, après une dernière opération de nettoyage plutôt décapante, elle est mutée dans un service secondaire, dessaisie de ses armes, avec un partenaire véreux et pervers. Combinant les méthodes corrompues de son doublon aux siennes, elle découvre un complot impliquant les mafias chinoises et japonaises dans un trafic humain sans pitié. C’est le début d’une histoire assez dense en quatre volumes, qui dépeint le milieu policier et mafieux de l’archipel.

On connaît la dessinatrice, Yuka Nagate, depuis son récent travail sur GIFT ±, un seinen toujours en cours chez Komikku. Son héroïne décapante qui se servait des organes de truands pour les donner aux malades exploitait la même idée du vengeur solitaire écrivant sa propre loi. Sauf que, dans Silencer, ce n’est pas dans l’illégalité que Shizuka opère, mais comme bras armé officiel de l’Etat. Un mélange des genres qui séduit les mangakas puisqu’on le retrouve aussi dans le plus ancien Rose Hip Rose créé par Fujisawa, dont l’héroïne bondissante travaillait également comme « super cop » à Tokyo.

« Silencer ». / © YUKA NAGATE/SHO FUMIMURA

Un scénario en apparence classique donc, mais un travail d’orfèvre, en réalité, puisque c’est Shô Fumimura qui tient la plume, dont on connaît le travail par le cultissime Hokuto No Ken (Ken le survivant), qu’il a écrit sous son pseudonyme Buronson (surnom lui venant de Charles Bronson, à qui il ressemblait, paraît-il). Sho Fumimura est dans l’application stricte des principes du polar. Sans fantaisie. Flics ripoux clope au bec, mafia japonaise sans âme, femmes instrumentalisées comme objets sexuels et usage intensif des armes à feu… Les amateurs de ce genre, rare dans le manga japonais, y trouveront leur compte.

« Silencer ». / © YUKA NAGATE/SHO FUMIMURA

Silencer, de Yuka Nagate et Sho Fumimura, série en quatre tomes en cours, volume 1 sorti le 26 avril, volume 2 en librairie le 21 juin, éditions Komikku, 240 pages, 8,5 euros.