Tout savoir sur l’Islande à la Coupe du monde 2018 de football
Tout savoir sur l’Islande à la Coupe du monde 2018 de football
Par Anthony Hernandez
Les adeptes du clapping, portés par Gylfi Sigurdsson, rêvent de rééditer leur exploit de l’Euro pour leur premier Mondial. Il faudra sortir de la poule D face à l’Argentine, au Nigeria et la Croatie.
Gylfi Sigurdsson
- Calendrier
16 juin : Islande-Argentine (15 heures à Moscou)
22 juin : Islande-Nigéria (17 heures à Volgograd)
26 juin : Islande-Croatie (20 heures à Rostov)
Heure française
- Historique en Coupe du monde
Première participation.
- Leur petit nom
Strákarnir okkar (Nos garçons)
- L’équipe qui devrait jouer
Hannes Halldorsson – Birkir Saevarsson, Ragnar Sigurdsson, Kari Arnason, Hordur Magnusson – Aron Gunnarsson, Gylfi Sigurdsson, Jon Bodvarsson, Birkir Bjarnason – Johann Gudmundsson, Alfred Finnbogason.
- Le sélectionneur
Heimir Hallgrímsson, 50 ans. Originaire des îles Vestmann, il a effectué toute sa carrière de joueur et d’entraîneur en Islande. Cosélectionneur aux côtés du Suédois Lars Lagerbäck pendant l’Euro 2016, il dirige seul l’équipe nationale depuis.
Bilan de compétences
Pourquoi postulez-vous à cette Coupe du monde ? « Pour montrer qu’un pays qui compte moins d’habitants que Nice (335 000 contre 343 000) et dont le sélectionneur possède toujours son cabinet de dentiste peut embêter les plus grands. »
De quelle expérience pouvez-vous vous prévaloir ? « La nouveauté ne me fait pas peur. En 2016, pour mon premier Euro, j’avais atteint les quarts de finale en éliminant l’Angleterre et en tenant en échec le futur champion d’Europe portugais. »
Si vous deviez vous donner trois qualités ? « J’ai un état d’esprit collectif très poussé. Comme en France, mes supporteurs viendront en nombre en Russie, un contingent qui pourrait représenter 10 % de la population. Enfin, même si l’effet de surprise n’est plus là, je suis toujours aussi dur à jouer : pendant les éliminatoires, la Croatie, l’Ukraine ou la Turquie ont pu s’en rendre compte. »
Et trois défauts ? « Performant à l’Euro 2016, mon attaquant Kolbeinn Sightorsson, qui évolue à Nantes, a été blessé la majeure partie de la saison. Avec seulement une centaine de footballeurs professionnels, le renouvellement du groupe n’est pas évident. Enfin, les autorités islandaises ont décidé le boycott diplomatique du Mondial en Russie. Or, dans un pays aussi peu peuplé, chaque supporteur compte. »
Gylfi Sigurdsson en cinq dates
1976 : Le Royaume-Uni et l’Islande mettent fin à leur troisième et dernière « guerre de la morue », conflit diplomatique d’ordre économique et portant sur les zones de pêche islandaises. Plus rien ne s’oppose à ce que les footballeurs islandais perfectionnent leur jeu sur la grande île la plus proche.
1989 : Gylfi Sigurdsson naît et grandit à Hafnarfjordur, le « fjord du port », à dix kilomètres de Reykjavik. La ville est célèbre pour abriter de nombreux représentants du Huldufolk, « peuple caché », soit les elfes et les trolls. On ne peut pas faire plus islandais.
2005 : vingt-neuf ans après la fin officielle de la dernière guerre de la morue, Gylfi intègre le centre de formation de Reading et entame sa carrière de footballeur, qui lui vaut pour l’instant un total de sept titres de meilleur footballeur islandais de l’année. Son ex-sélectionneur Lars Lagerbäck : « Je dirais qu’il pourrait jouer dans n’importe quelle équipe. »
2017 : Encore faut-il que n’importe quelle équipe se le paye : Everton l’arrache à Swansea pour 50 millions d’euros. Quelques jours plus tard, il inscrit un but fantastique de 50 mètres face à l’Hadjuk Split.
2018 : En mars, il se blesse au genou avec son club. On craint une rupture des ligaments croisés. L’Islande respire à nouveau lorsque le staff médical d’Everton n’annonce, finalement, que six à huit semaines d’arrêt.
Figurez-vous Arsène
Que le gardien Hannes Halldorsson, 33 ans, conciliait sa carrière de sportif avec celle de réalisateur de clips à succès jusqu’à ce qu’il devienne enfin footballeur professionnel en 2014. Il a même réalisé en 2012 le clip de la chanson islandaise à l’Eurovision.
Le jour où…
Un ténor islandais a provoqué un fou rire parmi les champions du monde 1998. Euphoriques depuis leur premier sacre tant attendu, obtenu deux mois plus tôt, les Bleus se présentent en Islande pour débuter les éliminatoires de l’Euro 2000. Le match a lieu, le 5 septembre 1998, et la France évite de peu une grosse déconvenue (1-1).
Mais l’histoire se déroule avant la rencontre. Partant d’une bonne intention, les Islandais avaient fait appel à un ténor local pour interpréter a capella les hymnes. Cela ne manque pas de déclencher un fou rire chez Fabien Barthez et Bixente Lizarazu. Comme d’autres coéquipiers, Zinédine Zidane se contient difficilement.
Serious interview with Bixente Lizarazu
Durée : 01:13
Images :
Une interprétation pourtant parfaite.
Séquence de bêtisier en France, l’histoire a marqué en Islande. Avant France-Islande en quarts de finale de l’Euro, un journaliste a demandé des comptes à Didier Deschamps : « Je me rappelle, oui, mais vous faites une mauvaise interprétation. A aucun moment, on s’est moqué de l’Islande ou de son hymne. C’est juste que celui qui était censé chanter l’hymne français qui était… différent de d’habitude. Ça avait amené un fou rire des joueurs, mais c’était pendant notre hymne, pas le vôtre. »
Big data
0. Comme à l’Euro 2016, aucun des 23 joueurs sélectionnés n’évolue dans le championnat islandais. C’est la seule équipe à présenter cette particularité.
Le Wiki de qui ?
Heimir Hallgrimsson, actuel sélectionneur islandais, me considère comme le meilleur joueur islandais de l’histoire. D’ailleurs, en 2003, la Fédération de mon pays m’avait octroyé ce titre honorifique. J’ai joué 60 matchs de Coupe d’Europe avec le Standard de Liège et Stuttgart principalement.
Plateau télé
Pour les plus aventureux d’entre vous, pourquoi ne pas se laisser tenter par le fameux Hakarl, du requin fermenté, qui est bien moins grand public (expérience personnelle) que le kimchi, le chou fermenté coréen. Pour faire passer tout ça, un verre de Brennivin, une eau-de-vie aromatisée au carvi, que les Islandais désignent par le petit nom de svarti daudi (mort noire).
Mais la gastronomie islandaise, dans la foulée de la hype de la cuisine nordique, c’est aussi une nouvelle vague de cuistots talentueux. On vous conseille notamment un petit resto sur l’île d’Heimaey, le Gott. Le chef Sigurdur Gislason propose au déjeuner la pêche du jour. On a un souvenir ému de ce filet d’empereur, un poisson des profondeurs normalement hors de prix et introuvable…