Michel, Marius, Maxime, Didier et les autres, dignes représentants d’une équipe de France aux forts accents des années 1980. / Eclipse Games

Il fut un temps où l’équipe de France ne faisait pas partie des favorites de la Coupe du monde. Ce temps-là, c’était en 1990 et en 1994. Et pour cause, elle n’était tout simplement pas qualifiée. Une hérésie que permet de corriger le sympathique jeu vidéo espagnol Legendary Eleven, sorti le 31 mai sur Steam et vendredi 8 juin sur Switch, en ravivant de manière indifférenciée la flamme du football des années 1970 à 1990, avec esthétique et maillots d’époque. URSS, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, tremblez : la France du grand Michel est de retour.

Phase de poule

Format à l’ancienne, avec ces quatre groupes de six, pour huit places en quart de finale. Le tirage au sort nous oppose à l’Argentine, l’Egypte, l’Irlande, la Colombie et le Mexique.

Argentine – France

Score final : 0-2 (mi-temps : 0-1)

« Legendary Eleven » cherche à recréer un âge d’or fantasmé du football vintage, qui couvrirait les années 1970 à 1990. L’Argentine et la France en sont. / Eclipse Games

Face au favori du groupe A, la victoire est plus aisée que prévu. René (oui, le numéro 11 des Bleus s’appelle René dans Legendary Eleven) ouvre le score d’un maître coup franc. Deux tacles par derrière et autant de cartons rouges plus tard, nous voilà en promenade de santé à onze contre neuf face à des Argentins étonnamment sanguins.

Notre numéro 10 star, Michel, inscrit le but du break en poussant le ballon dans les cages vides après un improbable bug du gardien, qui plonge trois fois d’affilée sur le ballon sans parvenir à le ramasser. Victoire.

Egypte – France

Score final 1-4 (mi-temps : 0-2)

Le premier but est aisément inscrit par Michel d’un retourné acrobatique —un coup spécial qui fait mouche à chaque fois dans le jeu. Ensuite, le chaos s’installe. Juste avant la mi-temps, René marque sur penalty en entrant dans les buts avec la balle.

Ce que l’image ne dit pas, c’est que cette action est un pénalty, tiré en marchant jusqu’aux buts. 2-0. / Eclipse Games

A la reprise, il récupère le ballon en six mètres puis le ramène dans les filets devant un gardien de but et un arbitre impassibles. Vexée de tant de bugs, l’Egypte plantera un retourné pour réduire le score.

Irlande – France

Score final : 0-5 (mi-temps 0-3)

Jeu de passe en une-deux, petits grigris, accélérations foudroyantes : nos Bleus ont du Mbappé dans le sang, ça se sent. Notre milieu gauche Bernard y va de son quadruplé, tandis que notre meneur, Philippe, perfore la lulu d’une volée acrobatique.

En multipliant les passes, une barre de coup spécial se remplit. Au maximum, elle permet de déclencher un retourné acrobatique inarrêtable. Demandez au gardien irlandais. / Eclipse Games

A noter que pour la première fois, la rencontre se finit sans carton rouge ni bug (à part la fois où le jeu nous a demandé de contrôler le gardien irlandais pour faire son dégagement, on n’a pas trop compris).

France – Colombie

2-0 (mi-temps 1-0)

D’une belle frappe en dehors de la surface, René ouvre le score. Le second but est désormais un classique : à la 47e minute, Michel envoie un drop dans les tribunes, l’arbitre siffle six mètres, mais rien ne se passe. Philippe va récupérer le ballon en six mètres puis rentre dans les cages dans l’indifférence générale des Colombiens.

Dix minutes, plus tard, rebelote, mais cette fois le ballon reste en tribune. Ecran figé, on attend pendant trente minutes que l’arbitre siffle la fin du match. Passionnant.

Ne cherchez pas le ballon : il est coincé en tribunes et ne redescendra pas, pas plus que l’arbitre ne sifflera de six-mètres. Une seule solution : attendre la fin du match en se tournant les pouces. / Eclipse Games

Mexique – France

2-3 (mi-temps 1-2)

Pour cette affiche très 1986, on tente une formation en 2-3-5. Elle favorise les passes en phase d’attaque, ce qui fait monter plus vite la jauge d’attaque spéciale, mais à force de jouer à la baballe, on en oublie que les contre-attaques, à deux en défense, ça fait mal. 2-2. Heureusement, suite à une partie de dominos dans la surface, l’arbitre accorde un penalty à la 89e.

Transversale rentrante, premier péno réussi à la régulière, et première place du groupe A.

Quarts de finale

France – Brésil
0-1 but en or (0-0)

Après quatre matchs disputés à la cool, surprise, on redécouvre l’âpreté d’une vraie opposition. Les Brésiliens sont bien moins passifs en défense, s’approchent souvent de la surface des Bleus, et il faut attendre la 43e pour voir un premier tir français. La seconde mi-temps, étouffante et indécise, ne donne rien. Surprise, on stresse, d’autant que l’arbitre ne siffle plus aucune faute en notre faveur, et que scandale, le jeu ne nous donne plus aucun bug favorable.

L’ambiance années 1980 est fabuleuse, mais 1) le but en or n’existait pas encore, et 2) à l’époque, la France éliminait le Brésil, pas l’inverse, non mais oh ! / Eclipse Games

Les prolongations sont un calvaire sans fin (littéralement : il n’y a pas de limite de temps aux prolongations dans Legendary Eleven). Après plusieurs occasions bouillantes et autant de sauvetages miraculeux, à la suite d’un corner, le Brésilien Mouro inscrit le but en or à la 132e minute. La France est éliminée en quarts ; les manettes de la Switch font un vol plané contre le canapé.

Demi-finale et finale

Maigre consolation : les bourreaux des Bleus sortent l’Italie 3-2 en demi-finale, avant de chuter 1-0 en finale contre les Allemands.

Et à la fin, c’est l’Allemagne qui gagne. / Eclipse Games

Comme disait Gary Lineker, les simulations de football sont des jeux à onze contre onze avec plein de bugs, et à la fin, c’est l’Allemagne qui gagne.

En bref

On a aimé :

  • Le look délicieusement vintage, digne d’un vieil album Panini
  • Un style arcade comme on n’en fait plus
  • Le parfum années 1990, très bien rendu

On n’a pas aimé :

  • Même s’ils sont drôles, les bugs sont des bugs
  • Pas de statistiques ni de commentaires
  • Le jeu aurait pu aller plus loin dans le délire…
  • … et éviter de nous mettre le Brésil dans les pattes en quarts

C’est plutôt pour vous si…

  • Vous êtes nostalgique de Super Soccer, ISS Deluxe et Super Sidekicks
  • Vous cherchez une alternative décalée à FIFA 18 – Coupe du monde 2018
  • Vous êtes un personnage du film Good Bye, Lenin !…
  • … ou David Ginola.

Ce n’est plutôt pas pour vous si…

  • Vous refusez que René soit titulaire à la place de Mbappé

La note de Pixels :

Qualification pour les huitièmes de finale grâce à un but gag à la 98e minute/10