La gazette de la Coupe du monde : jour de gloire, buteur muet et costard
La gazette de la Coupe du monde : jour de gloire, buteur muet et costard
Par Clément Martel
Après trois jours de relâche, la Coupe du monde 2018 aborde les demi-finales avec France-Belgique. Mais le Mondial, c’est aussi des habits et des plaisanteries.
TSAR DU JOUR
« Olivier Giroud, c’est lorsqu’il n’est pas là que l’on sent combien il est important ». Adaptant à la sauce russe le « un seul être vous manque » de Lamartine, Didier Deschamps a résumé le Mondial de son attaquant de pointe. Muet, mais diablement efficace au moment d’affronter les Diables rouges, le buteur de Chelsea est une pièce maîtresse du dispositif bleu.
Mardi 10 juillet, il se retrouvera en tête à tête avec son partenaire en club, le gardien Thibaut Courtois, auteur d’un Mondial de haut vol. Un « albatros » – son surnom - à l’« envergure impressionnante, difficile à battre sur les côtés, et [allant] chercher le ballon dans des zones où on pense pouvoir le battre » que Giroud connaît bien.
Attaquant annonçant à l’avance le nombre de buts qu’il entend marquer à son coéquipier en club. / CARLOS GARCIA RAWLINS / REUTERS
Souvent remis en question, jamais sorti de l’équipe par Deschamps, Olivier Giroud aborde la fin de la compétition en grand frère de la jeunesse dorée hexagonale. Et ne dissimule pas ses « envies d’accompagner cette jeune génération le plus loin et le plus longtemps possible ».
MERE PARTIE
Pour deux nations s’illustrant autant par leur art de remplir (puis descendre, et ainsi de suite) les pintes, n’est-ce point un comble de s’affronter en demies ? Le bac de philosophie étant corrigé depuis belle lurette, nul ne planchera sur ce sujet. Mais à l’heure de s’affronter, mardi, pour une place en finale, ni la France, ni la Belgique ne voudra être celle qui baisse le coude la première.
Car pour qui a su s’extraire du groupe, passer les huitièmes et les quarts et arriver en demi-finale, les instructions sont claires : continuer à grimper. Après avoir battu le Brésil, réalisé le plus grand exploit de leur histoire et mis fin à la Copa America des Bleus (les 3 en 1, comme le shampoing), les Diables rouges abordent la rencontre avec le plein de confiance.
Joueurs belges ayant le mal du pays et tentant de reproduire l’Atomium de Bruxelles sans la structure métallique. / Alexander Zemlianichenko / AP
Une foi en leurs qualités – notamment offensives – et en leurs individualités – De Bruyne, Hazard et Lukaku, dans le désordre – à même de chambouler la défense française ? Pas de quoi inquiéter le néophyte Lucas Hernandez. « On a déjà éliminé le meilleur joueur du monde [Messi] en 8e de finale, et il n’a pas touché le ballon », souligne l’effronté avant d’affronter le trident belge.
Meilleurs adversaires – ce sera leur 74e affrontement – les deux pays frontaliers aspirent à rejoindre l’Olympe, en cette fin de tableau ouvert. Lequel des deux drapeaux tricolores l’emportera ? Rendez-vous à Saint-Pétersbourg à partir de 20 heures.
DU COTE DE CHEZ VLAD
Kylian Mbappé est décidément partout. Aux quatre coins du terrain (en tout cas, selon la perception imparfaite de l’œil humain, incapable de suivre la vitesse du gamin de Bondy), sur la liste de course des plus grands clubs du monde, mais également sur les réseaux sociaux. Visiblement fatigué par ses efforts (parfois, même Bipbip ralentit), le joueur du Paris-Saint-Germain a vu sa tête sur les réseaux. Mais comme Richard V., à l’insu de son plein gré.
Too much Razmokets @KMbappe 😴 @paulpogba @AntoGriezmann https://t.co/cPmrQH3bTJ
— benmendy23 (@Benjamin Mendy)
Pendant ce temps-là, à l’autre bout du monde, une éphémère gloire du basket, que tout le monde s’arrachait hier mais qui peine aujourd’hui à décrocher un contrat, s’est piqué de recopier Mbappé. La gazette ignore qui a mis dans la tête d’Isaiah Thomas qu’il ressemblait au fils prodige des Bleus, mais il faudrait lui dire que c’est une plaisanterie.
L’OEIL DE MOSCOU
Parce que les Anglais ont perdu l’habitude de disputer les demi-finales d’une grande compétition (imaginez, la dernière fois que c’est advenu, le SMS n’existait pas), un léger vent de folie souffle outre-Manche (en parallèle mais sans coïncidence avérée avec un anticyclone ajoutant à la chaleur ambiante). Et nos voisins commencent à se persuader que le football « rentre à la maison », là où il a été créé. Sans doute en pleine crise d’adolescence, le football a mis à profit les quelque cinquante-deux ans que dure (oui, au moins jusqu’à dimanche) son absence du foyer originel pour voir du pays (avec une certaine affinité pour les plages brésiliennes).
Toujours est-il que guère avares de leurs démonstrations d’affection aux Three Lions, les Anglais se sont entichés d’une partie bien précise de leur sélection nationale : le gilet de son entraîneur ! Cintré et sans manches, l’accessoire-mode de Gareth Southgate fait fureur outre-Manche, au point que son équipementier officiel – une marque britannique composée de deux noms et d’une esperluette –, qui l’a intelligemment rebaptisé « veston de Southgate », a vu ses ventes multipliées par le produit des numéros de Jesse Lingard et John Stones. Et tout le monde s’enflamme pour le bout de tissus (on vous avait dit qu’il faisait chaud).
Like so many today am wearing a waistcoat. Just a waistcoat.
— HackedOffHugh (@Hugh Grant)
« Comme beaucoup, aujourd’hui, je suis vêtu d’un gilet. Rien que d’un gilet. »
A l’occasion de la demi-finale, mercredi, contre la Croatie, c’est carrément un #WaistcoatWednesday (« mercredi, c’est gilet ») qui est exigé des sujets de sa Majesté (par le roi des Belges), histoire d’afficher leur soutien. On a comme une idée pour le futur design du maillot britannique.
Sélectionneur essayant de compter sur ses doigt ce que lui aurait rapporté son gilet s’il avait pris des actions dans une chaîne britannique composée de deux noms et d’une esperluette. / DYLAN MARTINEZ / REUTERS
KOMINTERN
La Coupe du monde est surtout l’occasion pour les journalistes de recevoir une flopée de communiqués sans intérêt. Mais ce serait bête qu’ils meurent oubliés dans nos spams.
Parce qu’ils viennent de loin et sont prêts (comme vu dans un épisode précédent) à débourser une somme rondelette pour suivre leurs favoris, les supporteurs ayant fait le déplacement intéressent les marques. Et une fois n’est pas coutume, l’une d’elle a décidé de se focaliser sur le temps passé dans les transports pour aller voir leur équipe. Une édifiante étude explique ainsi que pour aller jusqu’en demi-finale, « les Français ont passé en moyenne 81 h 10 min dans le train ». Et qu’ils sont largement battus dans ce domaine par les fans des Belges, « qui ont passé 165 h 44 min en transports ».
Remarquable démarche, le site-dont-on-omettra-le-nom précise avoir « calculé les durées de trajets en train pour les 32 pays représentés durant la phase de groupe de la compétition grâce au site officiel de la FIFA sur lequel des trajets en train gratuits peuvent être réservés par les supporteurs de football afin d’assister aux matchs dans chaque ville hôte prévue ». Manque seulement à l’appel une précision sur l’intérêt d’une telle étude.
POUCHKINE BALL
La gazette est toujours poète. Aujourd’hui, Alexandre Pouchkine interprète les états d’âme des Belges et des Français au moment de se lancer à l’assaut de leur demi-finale.
Ce que nous recherchons, c’est le fruit défendu.
Sans lui, le Paradis n’est pas pour nous le Paradis.
Alexandre Pouchkine, Eugène Onéguine
RUSSIA TODA Y
France - Croatie, à 20 heures.
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