Enquête russe : prison ferme pour un ex-conseiller de Trump
Enquête russe : prison ferme pour un ex-conseiller de Trump
Celui qui conseillait Donald Trump lors de la campagne de 2016 a été condamné à une peine de 14 jours de prison pour avoir menti à des agents du FBI qui enquêtaient sur l’ingérence russe dans le scrutin.
George Papadopoulos le 7 septembre après sa sentence à Washington. / MANDEL NGAN / AFP
Un tribunal fédéral a condamné vendredi 7 septembre à 14 jours de prison George Papadopoulos, un ancien conseiller diplomatique de Donald Trump coupable d’avoir menti dans l’enquête sur une possible collusion entre Moscou et l’équipe de campagne du candidat républicain.
M. Papadopoulos a également écopé d’une amende de 9 500 dollars et d’un an de libération conditionnelle assortie de travaux d’intérêt général. Il avait plaidé coupable en octobre 2017 de faux témoignage au FBI.
L’homme de 31 ans a été à l’origine de la fameuse enquête russe qui irrite fortement le président Trump depuis plus de 15 mois. Sa sentence est relativement légère, étant donné qu’il encourait six mois de prison. « J’étais jeune et ambitieux », a expliqué dans la salle d’audience George Papadopoulos. « J’ai commis une grave erreur, qui m’a coûté très cher, et j’en ai honte ».
« Petite pièce »
Le juge a expliqué avoir pris en considération les « remords sincères » exprimés par le trentenaire, qui avait caché aux enquêteurs la vérité sur ses rencontres avec des émissaires de la Russie à quelques mois de l’élection présidentielle de novembre 2016.
M. Papadopoulos fut le premier conseiller de M. Trump à accepter de collaborer avec l’équipe du procureur spécial Robert Mueller. « Il fut le premier domino et beaucoup d’autres sont tombés depuis », ont écrit dans leurs arguments ses avocats, en référence à la mise en cause de l’ancien chef de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, ou encore de son ancien avocat personnel, Michael Cohen, dans le cadre de cette enquête tentaculaire. George Papadopoulos, un jeune homme sans grande expérience propulsé dans l’équipe de campagne en mars 2016, n’est qu’une « petite pièce dans une vaste enquête », plaidaient-ils.
Petite peut-être, mais décisive. Le FBI, qui enquêtait déjà sur l’ingérence russe dans la campagne présidentielle américaine, a ouvert un volet sur une possible collusion avec l’équipe de campagne de Donald Trump après avoir appris la nature des échanges entre George Papadopoulos et des intermédiaires de la Russie.
La nièce et le professeur
Le conseiller, qui tentait d’organiser une rencontre entre le président Vladimir Poutine et le candidat Trump, avait été informé dès avril 2016 que des Russes possédaient « de quoi salir » la candidate démocrate Hillary Clinton, sous la forme de milliers d’e-mails, information qui n’était pas encore publique. « Même l’équipe de Clinton n’était pas au courant que les Russes possédaient les e-mails volés », selon un rapport parlementaire.
Or, selon la presse, il en a parlé à un diplomate australien lors d’une soirée dans un bar londonien et ce dernier a transmis l’information aux enquêteurs américains à l’été 2016, ce qui a déclenché l’investigation sur l’équipe de campagne de M. Trump.
Interrogé en janvier 2017 par le FBI, George Papadopoulos a toutefois menti sur les dates et minimisé ses échanges avec un mystérieux « professeur » et une Russe présentée comme la « nièce » de Vladimir Poutine. Selon son équipe de défense, il voulait garder ses chances d’obtenir un poste dans l’administration du désormais président Trump.
Expérience limitée
Arrêté en juillet 2017, passé au grill, il a plaidé coupable de faux témoignage en octobre et accepté de collaborer avec les enquêteurs dans l’espoir d’échapper à une peine de prison.
Mais les procureurs estiment qu’il n’a pas livré d’information « substantielle » et estiment que ses mensonges initiaux ont empêché le FBI de confronter le fameux « professeur », qui lui avait parlé des e-mails d’Hillary Clinton. Ses interventions médiatiques et celles de son épouse ont sans doute également desservi le jeune homme, qui tweetait encore récemment sur son « année infernale ».
En 2016 pourtant, tout semblait lui sourire. A seulement 28 ans, avec une expérience politique limitée à deux mois dans l’entourage du sénateur Ben Carson lors des primaires républicaines, il était nommé conseilleur en politique étrangère de Donald Trump, qui le décrivait dans la presse comme un « type excellent ». Signe de sa déchéance, le président l’a qualifié l’an dernier de « jeune bénévole de bas niveau » et de « menteur ».