Le « Green Friday » en résistance à la consommation débridée du « Black Friday »
Le « Green Friday » en résistance à la consommation débridée du « Black Friday »
Le mouvement lancé en 2017 pour s’opposer à la surconsommation du « Black Friday » compte, désormais, une centaine de membres, dont la Camif qui fermera son site vendredi.
Un an après ses premiers balbutiements en 2017, l’opération « Green Friday » tente de sortir de l’ombre, de se structurer, en convertissant de gros acteurs. En résistance au « Black Friday », événement emblématique de la surconsommation venu des Etats-Unis, les initiatives foisonnent : sites en ligne fermés vendredi, chiffre d’affaires reversé, marché de Noël solidaire…
En 2017, Envie, modeste réseau de recyclage et de reconditionnement, avait lancé la fronde en créant la « Green Friday », appelant à éviter la surconsommation, avec des animations portes ouvertes dans ses ateliers. Soutenue par la mairie de Paris et ses 40 000 euros de subvention, « Vendredi vert » est devenue une association qui compte aujourd’hui une centaine de membres. Chacun reversera 15 % des ventes de vendredi à diverses associations. La Mairie organisera, de son côté, mi-décembre un « marché de Noël solidaire ».
« La surconsommation est complètement déraisonnable », juge Anémone Berès, la présidente d’Envie, désireuse de « sensibiliser les Français : il existe des alternatives responsables, on peut consommer sans gaspiller ».
Le « Green Friday » est trop récent pour que son effet réel soit mesuré, alors que le « Black Friday » devrait encore battre des records de chiffre d’affaires. Mais l’événement alternatif semble refléter un rejet du consumérisme débridé d’une partie de la société. « Année après année, les consommateurs se lassent », estime même Heikki Väänänen, le PDG de la société spécialiste de la satisfaction client HappyOrNot. Selon son institut, les taux de satisfaction des consommateurs américains pendant le « Black Friday » ont chuté de 7,5 % en 2017.
« Réveiller les consciences, passer à l’action »
« Si les performances du “Black Friday” reculent, ce sera le point de rupture », espère Emery Jacquillat, le patron engagé de la Camif. « Le jour où un acteur du high-tech se mobilisera, ça peut aller très vite et détourner les gens du modèle horrible d’Amazon. Un gros qui bouge un peu a plus d’effet qu’un petit qui bouge beaucoup. » Comme en 2017, ce défenseur du made in France fermera son site le jour J, pour donner « un signal très fort ». « On s’est dit qu’il fallait réveiller les consciences, passer à l’action. On n’est pas dans la “déconsommation” mais dans la consommation responsable », ajoute-t-il.
Emmaüs, l’une des associations cofondatrices du « Green Friday », proposera ainsi des ateliers de couture afin de sensibiliser à la durée de vie des vêtements.
A l’étranger, on se mobilise également, à l’image de la campagne « Faites quelque chose » de Greenpeace : avec plus de 273 événements dans 38 pays, l’ONG invite à « ne rien acheter » vendredi et à privilégier ses animations et conférences pour apprendre à recycler, réparer, faire son soda ou ses propres cosmétiques. Surfant sur cette tendance, la plate-forme d’auto-partage Drivy propose même 50 euros aux utilisateurs qui bouderont le « Black Friday », quand l’enseigne Naturalia communique sur son « Vrack Friday ».